C’est le «scoop» dans la presse sportive spécialisée et dans les quotidiens d’information générale: l’éventualité de la réintégration du MC Alger dans l’entreprise nationale Sonatrach.
Cette information est loin d’être banale dès lors qu’elle induit nombre de paramètres et questionnements: juridique, éthique, financier…Il est évident que la liste des réserves n’est ni exhaustive, ni exclusive! D’aucuns se sont montrés enthousiastes à cette perspective, estimant même que c’était là un «retour à la normale», d’autres plus dubitatifs demandent, à raison, à voir. Les avis sont partagés. En effet, en quoi la reprise d’un club de football endetté – la presse spécialisée estime que la SSPA-MCA se trouve «dans une situation de faillite» – va-t-elle changer les choses? Est-ce à l’Etat, par le biais de ses entreprises, de renflouer les caisses des mauvais gestionnaires? Mais ce n’est pas encore cela l’essentiel, ni uniquement une question de «renflouage» des finances du doyen des clubs d’Alger. Aussi, une reprise du MCA par la Sonatrach poserait problème, dès lors que ce projet sort quelque peu des normes juridiques et économiques de la société, si l’on excipe du fait que cette entreprise (ou des sociétés nationales) n’a pas (n’ont pas) vocation à gérer ou à s’impliquer dans le sport professionnel, le football singulièrement. C’est encore plus vrai en Algérie où le professionnalisme semble avoir été mal compris, miné par maintes carences dans sa gestion. La non-gestion professionnelle avec laquelle est dirigé le MCA est de ce fait exemplaire. Mais, au fait, ce n’est là qu’un aspect de la problématique que pose une éventuelle reprise de ce club par la première entreprise économique du pays. Selon les informations de presse, les négociations entre les deux parties, les responsables du CSA (Club sportif amateur) et le P-DG de Sonatrach, M. Zerguine, auraient débuté dans la soirée de dimanche. Il faut savoir que le projet consiste en la reprise par Sonatrach du CSA (l’un des principaux actionnaires de la SSPA-MCA) mais pas la société sportive par actions Mouloudia d’Alger (SSPA). Il est prévu toutefois que dans une seconde étape, Sonatrach «achètera» la totalité (?) des actions «SSPA-MCA». Que la Sonatrach sponsorise le MCA, le problème ne se pose pas, ne se poserait pas, mais dès lors que l’entreprise des hydrocarbures devienne acteur et gestionnaire direct d’un club professionnel de football, cela risque fort de faire désordre. Que l’on s’entende: il ne s’agit pas de contester à cette entreprise de s’investir dans le sport, loin de là, mais on est fondé à nous demander si c’est bien là son rôle. N’oublions pas, en effet, que Sonatrach est une entreprise d’Etat qui pourvoit à 95% des rentrées en devises du pays et ses préoccupations devraient être autres que celles de secourir un club en mal de gestion et de managérat. D’autant que l’on affirme que 100 milliards seront injectés dans le club. Aussi, une reprise du MCA par Sonatrach prendrait une autre profondeur et dimension et poserait d’emblée un grave problème économique et d’éthique. En effet, au MCA, les fiches de paie des footballeurs professionnels vont de 80 millions (de centimes, pour le moins bien payé) à 200 millions (ou plus pour les super-salaires). De fait, les salaires pratiqués par les clubs professionnels ont scandalisé, outre les citoyens, les nombreux travailleurs qui triment sans être certains d’assurer leur quotidien. Aussi, Sonatrach propriétaire du MCA maintiendra-t-elle ces salaires abusifs? Il faut savoir que le P-DG de Sonatrach, selon nos informations, «toucherait» entre 40 et 50 millions par mois. Est-il alors normal que l’entreprise assure un salaire double, voire triple ou quadruple à un joueur de football par rapport à ce que gagne son premier gestionnaire? Ghayr maakoul! Et puis, Sonatrach, c’est l’Etat, n’est-ce pas? Pourquoi l’Etat paierait-il des centaines de millions à un footballeur alors qu’il affirme n’avoir pas les moyens d’augmenter les salaires des médecins, des professeurs d’université qui plafonnent à 80.000 DA par mois, que le gouvernement assure que l’Etat ne peut porter le Snmg à 35.000 DA? Alors disons-le net: il y a maldonne. Aussi, est-on fondé à demander ce que vient faire Sonatrach dans cette galère?