Sonatrach, entre gestion, administration et… communication

Sonatrach, entre gestion, administration et… communication

Le P-DG de Sonatrach a déclaré vouloir faire de Sonatrach autre chose qu’une administration. Suggérons-lui de profiter de ce projet pour en faire aussi autre chose qu’un instrument de détournement de la rente naturelle.

Des semblants de procès organisés pour enterrer les scandales financiers de la dernière décennie (Sonatrach, Khalifa, autoroute…), l’opinion n’attendait pas que le régime dénonçât une pratique qui relève de son essence, sans jeu de mots. Le détournement de vocation de l’institution de rationalisation de l’exploitation des ressources hydrocarbures et de collecte de la rente n’a pas suscité d’interrogation sur la fiabilité du mécanisme. Le problème est peut-être que Sonatrach administre plus qu’elle ne manage, mais elle semble surtout ne pas avoir la maîtrise de sa fonction de percepteur.

Une institution unique pour prenant en une activité économique et une fonction de souveraineté, cela fait un peu mélange des genres, mais cela brouille surtout le calcul de rentabilité de cette institution et complique le respect des règles de transparence. Mais ici, comme dans d’autres domaines, le pays souffre de ce qu’il ne s’est jamais conçu de doctrines. Comment ferait Sonatrach pour se définir un profil d’organisation alors que le gouvernement lui-même ne s’encombre point de politique économique ni même de politique énergétique ?

Le pouvoir a passé quinze ans à arbitrer des allocations de ressources en fonction de paramètres politiques. L’investissement public a servi à  la formation et à l’entretien d’une clientèle politique affairiste dévouée et à la promotion d’une diplomatie des commandes, et le budget a servi à maintenir le peuple en perpétuelle demande de complément social. La portion de rente dédiée à l’importation de consommation a permis l’éclosion d’une économie de bazar et découragé l’investissement productif.

En quinze ans de prospérité, le régime n’a pas envisagé, ne serait-ce que pour l’exercice intellectuel, l’éventualité d’une baisse du prix du baril ! La preuve en est dans les hésitations et les improvisations qui entourent la “politique économique et financière” depuis 2014 : les changements de gouvernement  et de ministres économiques se sont succédé et les décisions concernant l’investissement, l’importation, la fiscalité, les prix administrés, les subventions, etc. se suivent et se contredisent.

Les lois sur les hydrocarbures, elles-mêmes, ne sont finalement que des lois de circonstance. Les hydrocarbures ne sont donc pas conçus comme des ressources de développement mais comme une source de financement du fonctionnement général qui, nécessairement, compte une part d’investissement. Ce n’est pas un atout de politique économique ; c’est un atout politique.

C’est peut-être à cause de cela que Sonatrach n’étant ni, tout à fait, une institution de management ni, tout à fait, une administration, se transforme, en ces temps de crise, en une institution de communication. Pour expliquer l’absence de politique qui organise le gaspillage continu de la rente nationale.

M. H.