Les derniers revers de Sonatrach auront-ils un impact sur ses investissements dans le cadre du plan quinquennal 2009/2014 ?
Dans ce plan quinquennal, le montant des investissements s’élève à la bagatelle de 71 milliards de dollars. Le mastodonte africain devrait investir durant ce lustre à aval pétroliers et gaziers, c’est-à-dire, la construction de gazoducs, acquisition de gros méthaniers, réalisation d’usines de liquéfaction de gaz naturel, construction de nouvelles raffineries…
Les tracas judicaires qui ont subitement écimé le noyau dirigeant de Sonatrach, composé d’une dizaine de ses plus hauts cadres dirigeants, pourront hypothéquer la viabilité économique des deux gazoducs en construction, vers l’Europe (Espagne et Italie) et celle des deux complexes GNL de Skikda et d’Arzew, en phase de finition.
D’après les experts, il y a fort à craindre que les découvertes et exploitation de nouveaux gisements n’atteignent pas le niveau escompté, que les gros contrats commerciaux et la forte augmentation des besoins locaux ne manqueront pas de faire exploser à cette échéance.
Selon les prévisions du groupe Sonatrach, le gaz naturel, acheminé par gazoducs, et celui auparavant liquéfié, transporté par des méthaniers, augmenteront sensiblement, pour atteindre les 85 milliards de mètres cubes à l’horizon très proche de 2014.
En fait, la stratégie de Sonatrach consiste à augmenter les quantités de gaz naturel livrées à l’Europe via les 4 gazoducs -qui seront opérationnels- à l’horizon 2014 et à promouvoir l’industrie du gaz naturel liquéfié, avec à la clé, la construction de deux complexes GNL à Skikda et Arzew, ce qui portera, à l’échéance 2014, la capacité globale de production du groupe à 40 milliards de m3.
Egalement, cinq gros méthaniers pour desservir les pays asiatiques et américains fortement consommateurs du GNL. D’après l’ex-Pdg de Sonatrach, ce sont pas moins de 85 milliards de m3 de gaz naturel que le groupe veut exporter en 2014, en misant beaucoup sur l’investissement dans les capacités de transport (gazoducs et méthaniers) qui dépasseront, une fois mis en service, allégrement 420 millions de tonnes équivalent pétrole (Tep).
Pour le moment, la production ne dépasse guère les 40 milliards de barils équivalent pétrole (Bep). Quant à la consommation intérieure, elle est en perpétuelle essor. En effet, selon Commission de Régulation de l’électricité et du Gaz (CREG), plus de 40 milliards de m3 sera le besoin national incompressible à l’échéance 2014.
Selon Nordine Grim, qui se réclame spécialiste du domaine, «on se pose alors avec acuité la question de la rentabilité des nouveaux investissements programmés et, notamment, celle des équipements de transport (gazoducs et méthaniers) acquis à grands frais sans qu’ils n’aient la garantie d’une utilisation optimale, les quantités de gaz à transporter n’étant pas suffisantes au regard des réserves disponibles et des maigres découvertes (en volume) tirées de la centaine de découvertes enregistrées durant la dernière décennie».
Et d’ajouter : «pour qu’il puisse satisfaire ses engagements commerciaux, il est à espérer que le groupe Sonatrach fasse un effort gigantesque, durant le prochain quinquennat, à l’amont du secteur, en tentant de mettre en évidence des découvertes potentielles et en accélérant l’entrée en production des gisements en développement, seuls gages possibles pour honorer les ambitieux engagements économiques et commerciaux pris avec de nombreux partenaires». Un vrai challenge auquel devra faire face Sonatrach, car ce groupe connaît un chamboulement interne inédit.
Benachour Med