Le chef de l’Etat a procédé à des changements à la tête des institutions financières et entreprises publiques
Ces changements seront suivis par un large mouvement des walis et des diplomates.
En prolongement du profond remaniement ministériel intervenu il y a quelques jours, le président Bouteflika a ordonné, hier, des changements à la tête de certaines institutions financières publiques et entreprises publiques économiques, indique un communiqué de la présidence de la République. Le chef de l’Etat a également instruit les instances habilitées à mettre en oeuvre ces changements «sans délai», ajoute le communiqué. Ces changements ont notamment concerné de grandes entreprises comme la Sonatrach, Air Algérie, les douanes, Naftal ainsi que les institutions financières comme la Cnep, le CPA et la BNA.
A la tête de Naftal on retrouve Hocine Rizou, un technocrate aux capacités managériales avérées. Très discret, M Rizou a fait ses premières preuves alors qu’il était à la tête de Khanagaz avant de confirmer en tant que patron de l’Energa, une filiale de Sonelgaz surtout spécialisée dans la construction des installations énergétiques. Ce n’est pas parce que Saïd Akretche n’est plus à la tête de Naftal qu’il est un mauvais gestionnaire. Il a géré cette entreprise qui est loin d’être une institution boîteuse, corrompue ou qui fonctionne mal. Cela, même s’il lui est reproché d’avoir mal géré la crise du carburant qui a affecté plusieurs wilayas. Mais est-il le seul responsable? Il faut se poser également des questions s’il avait toute la liberté d’agir au sein de cette entreprise. Tout le monde sait que le couperet est toujours suspendu sur la tête des P-DG des entreprises publiques. L’acte de gestion est loin d’être dépénalisé.
Saïd Sahnoun a été remplacé à la tête de la Sonatrach par Amine Mazouzi qui occupait le poste de directeur de la stratégie et de la planification depuis 2008. Pur produit de l’Ecole polytechnique d’Alger, M.Mazouzi, 50 ans, est détenteur d’un doctorat d’Etat de l’université de Paris VI, en France, et a également obtenu un diplôme d’enseignement approfondi à l’Ecole centrale de Paris. Très qualifié, cet enfant de la boîte fut détaché pendant deux ans au sein de l’association Sonatrach-BP à Londres pour les projets REB et In Amenas. Les défis sont importants pour le nouveau P-DG de Sonatrach. Le dossier des gaz de schiste en est le premier. Le nouveau patron de Sonatrach devrait s’atteler à une communication plus efficace et plus précise sur ce sujet objet de sérieux litiges et d’incompréhensions. C’est dans ce sens d’ailleurs qu’il réunira cet après-midi les cadres de l’entreprise en présence de la presse nationale.
Mohamed Bouderbala, ancien directeur général des douanes, a été désigné P-DG d’Air Algérie en remplacement de Mohamed Salah Boultif. Kaddour Bentahar est nommé directeur général des douanes. On reproche à M. Boultif, les innombrables faux-pas et pannes et autres dysfonctionnements. Depuis une année, cette compagnie nationale broie du noir. Crashs, accidents, retards et grèves. Est-ce la seule faute de M. Boultif? A-t-il les coudées franches pour gérer cette compagnie objet de toutes les convoitises?
Les institutions financières ont été également concernées par ces changements. Ainsi Bastandji P-DG de la BDL est mis à la retraite de même que Djamel Bessa P-DG de la Cnep. Abdou P-DG par intérim du CPA sera confirmé à ce poste. L’actuel P-DG par intérim de la BNA sera lui aussi confirmé à son poste.
Il s’agit de donner corps sur le terrain aux politiques promises par les nouveaux ministres dans un contexte économique aux multiples défis. Aussi, ces changements apporteront du sang neuf à une gestion locale sclérosée et souvent décriée.
On apprend également que cette opération n’est que le début d’une série d’autres puisqu’elle serait suivie dans les semaines à venir par un large mouvement des walis. Il sera question d’un mouvement qui touchera les diplomates. Nos sources précisent sur ce point qu’un intérêt particulier sera accordé aux postes du continent africain. L’Algérie économique en phase de restructuration de son industrie pour une plus grande compétitivité cherche, à terme, des marchés alternatifs qui fourniront des débouchés pour ses produits.