Ses détracteurs lui donnent un délai pour remettre sa démission. Le cas échéant, ils actionneront la machine de sa destitution. Quoi qu’il en soit, ils comptent adopter la procédure qui impactera le moins possible la stabilité du parti.
Ce qui relevait de l’inconcevable, il y a à peine un mois, tend à devenir le feuilleton politique de ce printemps. Il s’agit évidemment des manœuvres en cours pour destituer Abdelkader Bensalah de la direction du RND et de rendre les commandes au titulaire du poste pendant presque vingt ans, Ahmed Ouyahia.
Pas moins de 304 sur les 360 membres du Conseil national, instance souveraine entre deux congrès, ont signé la pétition réclamant le départ de l’actuel SG du Rassemblement. La contestation a gagné aussi le Parlement et le gouvernement. Tous les députés et 34 sénateurs sur 42, ainsi que pratiquement tous les ministres en poste ont émargé pour le retour d’Ouyahia. Selon notre source, d’anciens membres du gouvernement et cadres influents du parti, à l’instar de Chérif Rahmani, n’ont pas été encore approchés pour les inciter à rejoindre le front anti-Bensalah. Bien entendu, ce dernier ne compte pas abdiquer sans livrer bataille, même s’il affirme à découvert qu’il mettra l’intérêt du parti au-dessus de ses ambitions personnelles. Ses partisans, bien qu’en minorité pour l’heure, s’attellent à remobiliser les troupes et à renverser la tendance.
Ils utilisent, dans leur démarche, un argument imparable : Bensalah a le soutien de la présidence de la République et demeure, en conséquence, inébranlable à son poste à la tête du Rassemblement. Ses détracteurs ne désarment pas pour autant. Ils lui donnent un délai pour présenter sa démission. Le cas échéant, ils actionneront la machine de la destitution.
Dans cette optique, les deux tiers des membres du Conseil national (le quorum est largement atteint par les contestataires) ont toute latitude de convoquer une session extraordinaire de l’instance et de rendre effectifs les changements souhaités à la direction du Rassemblement.
Sinon, ils pourraient attendre la tenue de la session ordinaire du CN, prévue le 10 juin prochain, pour passer à l’acte. Quoi qu’il en soit, le sort d’Abdelkader Bensalah semble bel et bien scellé.
Il reste juste à adopter la procédure qui impactera le moins possible la stabilité du parti. Pour rappel, il est reproché au patron du RND son impassibilité dans la gestion des affaires du parti. Il faut dire que Bensalah n’est pas vraiment parvenu à chasser l’ombre d’Ahmed Ouyahia, qui a démissionné précipitamment du secrétariat général du RND en janvier 2013.
Quelques mois plus tard, au congrès du parti, c’est Bensalah qui est élu à la tête du parti, pourtant, c’est son prédécesseur qui est acclamé par les congressistes à la simple évocation de son nom. Il n’avait pas participé aux travaux des assises organiques en raison de son déplacement à l’étranger.
Il était clair, dès lors, qu’Ouyahia reprendra les rênes du parti au moment opportun. Visiblement, ce moment-là est arrivé.
S H