Son signal a été interrompu ce matin, La chaîne Al Atlas n’émet plus

Son signal a été interrompu ce matin, La chaîne Al Atlas n’émet plus
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Depuis ce matin, 9h30, les programmes de la chaîne privée Al Atlas TV ne sont plus diffusés. Et pour cause ! Le provider qui émet à partir de la Jordanie a coupé le signal.

Rencontrés au siège de la chaîne sis aux oliviers, à Garidi, le directeur de la rédaction et le personnel étaient encore sous le choc. Parce qu’ils ne s’attendaient pas à une telle mesure de censure. Ce d’autant qu’ils venaient de subir une perquisition de leurs locaux.

En effet, hier, nous raconte Ghoul Hafnaoui, directeur des programmes et de la rédaction, des personnes en civil se présentant comme des gendarmes ont fait irruption dans les locaux de la chaîne. « Ils nous ont dit qu’ils étaient munis d’un mandat de perquisition, signé par le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’Hamed. Mais nous n’avons pu voir le document que lorsque notre avocat est arrivé. »

A la question de savoir ce qui était écrit sur le document, notre interlocuteur nous a indiqué qu’il était mentionné « perquisition et saisie de tout ce qui est en relation avec l’enquête ». M. Hafnaoui nous dit également que la direction de la chaîne n’a aucune connaissance d’une quelconque plainte déposée contre Al Atlas et qui pourrait justifier la perquisition. Les gendarmes ont donc saisi les caméras et du matériel de prises de son. «Ils ont également vérifié les identités de tout le personnel, les ont filmés et les ont séquestrés pendant quatre heures de temps».

Ce n’est pas tout. « Escortés par une patrouille de la gendarmerie nationale, ils se sont rendus dans nos studios à Baba Ali. Ils ont malmené le gardien et lui ont confisqué son téléphone pour qu’il ne nous avertisse pas. Là aussi, ils ont perquisitionné et saisi du matériel qui n’est pas encore inventorié », renchérit M. Hafnaoui. Pour qui, de telles pratiques « contraires à la loi » prouvent que la chaîne dérange. « C’est parce que nous donnons la parole aux citoyens, voire à tout le monde sans exclure personne, nous couvrons tous les mouvements de contestation (chômeurs du sud, mouvement citoyen, mouvement Barakat).

Al Atlas est donc une chaîne discordante, qui ne va pas dans le sens du poil. « C’est vrai que nous ne sommes pas d’accord avec Bouteflika et son clan, mais nous avons été les premiers à le défendre contre l’humiliation que lui ont fait subir les chaînes étrangères, que personne n’inquiète d’ailleurs. En fait, nous l’avons défendu parce qu’il représente une institution républicaine, ajoute M. Hafnaoui. Lequel est persuadé que son engagement dans le mouvement Barakat, est l’une des raisons qui ont motivé ce qu’il appelle les pressions et le harcèlement.

Cela ne date pas d’aujourd’hui, selon notre interlocuteur, puisque Al Atlas, a dû arrêter d’elle-même d’émettre, en octobre dernier, et de congédier la moitié des employés en raison des pressions exercées sur les chefs d’entreprises publiques et privées pour qu’ils ne nous donnent pas de la publicité. D’où le début de tarissement des finances.

Ce matin, les locaux de la chaîne grouillaient de monde. Des confrères venus pour avoir plus d’informations, d’autres pour marquer leur solidarité, mais aussi une dizaine de représentants de partis politiques, dont ceux qui soutiennent un 4ème mandat pour Bouteflika.

Un communiqué de la chaîne a été lu et qui appelle l’ensemble de la société « à refuser ce coup de force ». Le document, extrêmement virulent, exprime le refus du personnel de ce fait accompli et dénonce ce qu’il qualifie « d’arbitraire, de violation de la loi et du droit du citoyen à l’information ». Al Atlas exige la restitution de son matériel et la reprise des émissions.

Un sit-in a été par la suite organisé devant le siège de la chaîne et auquel ont pris part des journalistes et les représentants des partis.

Interrogé sur la suite à donner et les actions à mener, le directeur de la rédaction nous a indiqué qu’ils allaient attendre de savoir, par le biais de l’avocat de l’entreprise, les raisons ayant présidé à la décision de perquisition et la saisie du matériel.

Faouzia Ababsa