Son secrétariat national élu trois mois après le congrès, L’UGTA à la croisée des chemins ?

Son secrétariat national élu trois mois après le congrès,  L’UGTA à la croisée des chemins ?

Pour la première fois de son histoire, l’UGTA a célébré le 24 Février dernier l’anniversaire de sa création sans un secrétariat national, sans statuts et sans règlement intérieur avec, en outre, une absence remarquée dans le débat de l’heure qui est celui du secteur de l’éducation.

Un fait inédit qui renseigne un peu mieux sur la situation dans laquelle se trouve l’organisation syndicale d’Aïssat Idir qui, faut-il le rappeler, a marqué l’histoire de l’Algérie.

D’abord, par son engagement dans la guerre de Libération et, dans une deuxième phase, avec sa participation active à la reconstruction du pays. Fidèle à ses principes républicains, l’UGTA du défunt Aïssat Idir s’est distinguée dans les années 1990 par son implication directe dans la défense et la sauvegarde de la République. Elle payera cher cet engagement patriotique avec l’assassinat en 1997 de son chef charismatique Abdelhak Benhamouda.

Avec l’avènement du multipartisme et la création des syndicats autonomes, l’UGTA commençait à perdre du terrain au profit des syndicats autonomes. La déstructuration et l’émiettement, pour des calculs électoraux, des puissantes fédérations de secteur qui faisaient la force de l’organisation, ont précipité le départ de nombreux cadres syndicaux. Ceux qui continuaient encore à croire aux respects des principes fondamentaux de l’organisation seront sacrifiés lors des différents congrès taillés sur mesure. Des assises le plus souvent dépourvues de débats qui ne durent pas plus de deux heures. Et toutes les tentatives de “redressement” lancées par des cadres syndicaux dont celle opérée en 2011 par quatre secrétaires nationaux ou encore celle menée récemment par des membres de la CEN, se sont terminées par un échec.

Pis encore, leurs auteurs sont carrément bannis de l’organisation. La dernière décision en date concerne deux membres de la Commission exécutive nationale dont un ex-secrétaire national, suspendus juste pour avoir maintenu, selon les concernés, leurs décisions de rester en lice aux élections du secrétariat national. Une élection reportée à trois reprises pour des motifs qui continuent à susciter des interrogations parmi de nombreux syndicalistes.

De l’avis de nombreux observateurs, jamais l’UGTA n’a atteint un tel degré de dysfonctionnement et de régression. Et pour cause, l’organisation dirigée par Sidi-Saïd continue à fonctionner avec des statuts et un

règlement intérieur datés de l’année 2000. La Commission exécutive sortante n’a jamais tenu de réunion pour se prononcer sur

des questions qui touchent le monde du travail.

Elle a été remplacée par ce qu’on appelle désormais “l’état-major”, une structure qui n’est prévue dans aucun texte de l’UGTA mais qui décide de tout ce qui concerne l’organisation. À ce tableau, s’ajoute l’absence de débat de fond qui concerne l’avenir de l’organisation et des travailleurs comme c’est le cas avec l’avant-projet sur le code du travail qui n’a pas été discuté lors du 12e Congrès bien que, quelques mois auparavant, de nombreuses fédérations et unions de wilaya se soient exprimées sur le sujet en qualifiant ce projet de “code contre les travailleurs”.

L’on se rappelle cette déclaration de l’union de wilaya de Tizi Ouzou datée de février 2013 qui résumait le marasme au sein de l’organisation, dénonçant “la léthargie et le laxisme dont font preuve la Commission exécutive nationale de la Centrale syndicale et toutes les fédérations moribondes qui se soucient plus de leurs intérêts et confort personnels que de la défense des droits des travailleurs, pourtant arrachés de haute lutte”.

Depuis, rien n’a changé. Et ces remarques ont été rappelées récemment certes avec moins de virulence par les syndicalistes de Rouiba qui ont tenu à dénoncer par ricochet, les menaces de privatisation brandies par le président du FCE.

Avec les dernières tentatives des syndicats autonomes pour conquérir le secteur économique à l’exemple des P et T et de Sonelgaz, que reste-t-il de l’UGTA, sinon son passé historique, ses acquis, ses principes républicains.

M. T