Presque deux années jour pour jour, après l’arrachage du drapeau algérien du consulat d’Algérie à Casablanca, le Maroc récidive dans ses accusations gratuites à l’endroit de l’Algérie. Cette fois, c’est le très officiel représentant permanent du royaume aux Nations unies, Omar Rabi, qui s’est permis d’interpeller la communauté internationale pour dit-il, «faire émerger les voix de plus de huit millions de Kabyles trop longtemps maintenus dans le silence et dans l’invisibilité».
Il est clair que cette prise de position, du reste stupide, répond à une volonté du Maroc de détourner l’opinion internationale des graves manquements aux droits de l’homme dont se rend coupable son armée dans les territoires sahraouis occupés. La forte pression que subit Rabat sur ce dossier précisément amène le Makhzen à imaginer des subterfuges, histoire de gagner du temps, voire de tromper l’ONU sur ses véritables visées colonialistes dans le Sahara occidental.
Il faut dire également que le choix de la date n’est certainement pas fortuit. En effet, cette attaque intervient au lendemain de la célébration par l’Algérie du 31e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. En usant de l’expression «peuple kabyle», pour justifier son propos, Rabi semble oublier que la seule prononciation de cette même expression a valu à la Commission européenne, en plein printemps noir, une réponse cinglante de toutes les représentations du peuple algérien d’abord, et du mouvement citoyen de Kabylie de l’époque, ensuite. Cela pour dire que la tentative marocaine de «noyer le poisson» n’aboutira certainement pas, pour la simple raison que la comparaison qu’il cherche à établir entre la Kabylie et le Sahara occidental n’a aucune espèce de fondement. Le problème sahraoui, inscrit sur l’agenda de l’ONU depuis 1975, a tous les attributs d’un dossier de décolonisation, selon ce que prévoit le règlement international en la matière. Quant à la Kabylie, c’est une région, parmi d’autres, de l’Algérie. Une région qui a donné des milliers de martyrs pour l’indépendance de l’Algérie et a compté parmi ses enfants des dirigeants de la révolution et actuellement, la Kabylie contribue avec ses hommes et ses femmes, au pouvoir et dans l’opposition, à la marche du pays dans son entièreté. C’est dire que la comparaison que veut établir le diplomate marocain est totalement inadéquate, voire stupide.
Cela étant dit, il semble que le Maroc a véritablement perdu toutes ses cartes pour en arriver à ce genre de gesticulations qui font rire l’ensemble des dirigeants de la planète. Mais il y a lieu de relever que cette sortie de Rabi n’est pas la première du genre. La semaine dernière, le Maroc a formulé le même discours à l’ONU.
Il y a dans cette récidive, une volonté manifeste de se brouiller avec l’Algérie et créer un climat délétère au Maghreb, aux fins sans doute de faire oublier la question sahraouie. De là, à imaginer un plan de déstabilisation en manipulant des militants autonomistes, il n’y a qu’un pas que le royaume a peut être déjà franchi.
