Les prix du poulet ont grimpé
le Nouvel an berbère où la consommation du poulet bat tous les records.
Du jamais-vu! Le prix du poulet atteint la barre des 450 DA! Une hausse qui laisse pantois notamment les nombreux ménages à faible revenu qui se rabattent très souvent sur les viandes blanches. Le pire c’est que cette flambée intervient à quelques jours de Yennayer, le Nouvel an berbère où la consommation du poulet bat tous les records. Entre début janvier et fin novembre 2011, les prix du poulet ont grimpé de près de 14%, par rapport à la même période en 2010, selon des chiffres de l’ONS (Office national des statistiques) alors que ceux de la viande bovine n’ont augmenté que de 4,81% et ceux de la viande ovine de 4%. Les responsables de l’agriculture ont de la peine à expliquer cette flambée. Lors de son passage dernièrement sur les ondes de la Radio nationale – Chaîne III Kamel Chadi, président du Directoire de la Société de gestion des participations de la production animale (SGP Proda), a brossé un tableau explicatif plutôt satisfaisant du marché des viandes rouges et blanches.
En effet, Chadi s’est félicité que l’Algérie ait produit 300.000 tonnes de viandes blanches et presque 5 milliards d’oeufs en 2011. «Nous avons actuellement 30.000 éleveurs avec presque 100.000 emplois directs. Le chiffre d’affaires tourne autour de 115 milliards de dinars (soit 1,4 milliard de dollars environ.) L’Algérie n’importe pas de poulets ou d’oeufs de consommation.» rappelle fièrement l’invité de la rédaction de la Chaîne III.
Ce sont-là, il faut le dire, des chiffres réconfortants mais qui n’ont apparemment aucune incidence positive sur les prix. Interrogé justement sur la hausse des prix des viandes blanches qui sévit ces dernières semaines, notamment à l’approche de Yennayer, il a rassuré en affirmant que ces prix «vont se stabiliser dès le début février» avant d’évoquer plusieurs raisons qui sont à l’origine de cette volatilité des prix. Il a expliqué que «les intrants avicoles dans la production du poulet de chair sont composés des céréales maïs et soja. Ils représentent 80% de la structure des coûts. Depuis 2009, le prix du maïs a augmenté de 52%, celui du soja de 72%» sur le marché national, qui ne fait que répercuter, faut-il le rappeler, la hausse des cours internationaux. L’autre raison avancée réside en l’«après-Ramadhan, la demande en poulet (qui) a diminué. Par peur de subir des pertes, les petits éleveurs familiaux se retirent du marché. Cela crée un déséquilibre entre l’offre et la demande ce qui explique cette évolution des prix». Il ne surprendra guère les auditeurs en indiquant que «sur les marchés, un kilogramme de viande blanche est cédé actuellement entre 400 et 450 dinars». S’exclamant avec justesse, «du jamais-vu!» il ajoutera: «Souvent, le prix des viandes blanches est indexé à celui des viandes rouges», précisant que c’est là «un autre élément. Lorsque le prix des viandes rouges augmente, une partie de la demande se rabat sur le poulet. Cela crée aussi un déséquilibre». Il a plaidé aussi pour la sécurisation des éleveurs en leur garantissant un minimum de revenus et évoqué la reprise de la production au niveau des abattoirs publics tout en soutenant qu’«il y a des efforts qui se font pour le soutien des prix pour les intrants. Pour essayer de réduire les coûts de la production, l’Office national d’aliment de bétail (Onab) a introduit une nouvelle formule d’aliment à hauteur de 20% à base d’orge. L’exonération de la TVA pour le maïs et le soja a été appliquée pour une année.»
Il a par ailleurs estimé que la fiscalité ne contribue pas en tant que «levier économique» pour stabiliser les prix. «Nous sommes en train de donner le poussin et l’aliment aux éleveurs. En 2010, nous avons placé 5 millions de poussins, 8 millions en 2011. Cela veut dire qu’une demande existe et que les gens reviennent vers l’aviculture.» Il faut «pérenniser cette activité» dit-il en invitant expressément «les abattoirs privés à jouer aussi ce rôle.»
Il a ainsi rappelé que «l’Onab avait racheté la production avicole après la chute des prix en septembre 2011». Développant ses arguments, il a estimé qu’«il y a une forte demande sur le poussin et en principe les prix (du poulet) seront fixés dès le début février».