Si le géant montréalais venait à être mis en accusations criminelles, l’entreprise pourrait soit fermer ses portes et mettre les quelque 5.000 employés à la porte, soit être reprise. C’est l’avertissement du Président directeur général de SNC-Lavalin qui craint grandement pour la société qu’il dirige après avoir été éclaboussé par des scandales de corruption et de versement de pots-de-vin.
« Toute action gouvernementale punitive en lien avec le scandale de malversations et de corruption, menacerait l’avenir de SNC-Lavalin et pourrait même la forcer à cesser ses activités », a affirmé Roberd Card en allusion à l’affaire Sonatrach dans laquelle plusieurs cadres de la firme montréalaise et des Algériens sont impliqués, mais aussi à des affaires similaires en Libye et au Bangladesh.
Selon ce PDG qui a été interviewé par le journal Global & Mail, « si l’entreprise ne peut faire des affaires, deux choix se présentent à elle. Il faudra la démembrer et cesser d’exister complètement ou il faudra qu’elle soit détenue par quelqu’un d’autre. »
M. Card estime qu’un transfert de propriété à une firme étrangère « mettrait en péril les quelque 5.000 emplois du siège social montréalais. » La firme de génie-conseil a beaucoup perdu depuis l’éclatement du pot-pourri. D’ailleurs son vice-président a été arrêté par les autorités genevoises et incarcéré depuis 2012. Il a été reconnu coupable de corruption et de blanchiment d’argent.
D’autres cadres de la firme ont été mis en accusation par la justice canadienne et ont comparu devant la commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, appelée communément commission Charbonneau du nom de la magistrate qui l’a préside.
Depuis, SNC-Lavalin a mis en place un code de déontologie. Son premier responsable avait même écrit aux cadres restés à l’intérieur de l’entreprise leur indiquant qu’il allait prendre des mesures d’amnistie pour peu qu’on lui communique des informations et ou des témoignages sur ces affaires. Des informations et des témoignages, qui selon les employés qui les ont communiqués, ont plus servi la direction de l’entreprise à entamer la chasse aux sorcières en les mettant en cause que pour instaurer une certaine éthique à l’intérieur de l’entreprise. Ils n’ont d’ailleurs pas hésité à l’ester en justice et réclamer des millions de dollars canadiens de dommages.
Faouzia Ababsa