“Deux scénarios se présentent au pays : le bout du tunnel ou le chaos, une éventualité à ne pas exclure”, met en garde le président du MSP.
Abderrezak Makri de l’Alliance du Mouvement de la société pour la paix (MSP), née de la fusion avec le Front du changement (FC) de l’ex-ministre Abdelmadjid Menasra, ne cache pas ses ambitions : il veut être un parti de gouvernement. En décodé : il considère qu’il dispose de suffisamment de compétences et de troupes pour aspirer à diriger le pays, à proposer des alternatives et à peser sur la décision.
Hier, au siège du parti à Alger, Abderrazak Makri a dévoilé les grandes lignes du programme du parti en perspective des prochaines élections législatives. S’articulant autour de quatre axes, les “libertés et les droits”, “le développement économique”, “le développement culturel et social” et la “planification”, le programme, fruit d’un laborieux travail de trois ans, selon ses promoteurs, constituera “la principale base” de l’action du parti, qu’il soit au gouvernement ou dans l’opposition.
“Il sera exposé aux citoyens. Le mouvement l’appliquera quelle que soit sa position : il le défendra face à la majorité si on est au gouvernement et on l’utilisera pour contrôler l’Exécutif si on est dans l’opposition”, soutient Makri en présence de quelques cadres du parti, mais également de quelques figures de la CLTD, à l’image d’Ahmed Benbitour, d’Abdelaziz Rahabi ou encore de Nacer Djabi. Au volet politique, Abderrazak Makri soutient que la vision de son parti englobe “une évaluation de la crise”, “les perspectives”, “les scénarios du futur” et “la solution”. “Deux scénarios se présentent au pays : le bout du tunnel ou le chaos, une éventualité à ne pas exclure”, met en garde M. Makri en plaidant “pour le consensus et la légitimité politique”.
“Notre vision de la solution, c’est la légitimité et le consensus pour passer d’un système rentier à un système économique productif, d’un système totalitaire à un système démocratique.” Au chapitre économique, le parti préconise, entre autres, au-delà des projets sectoriels détaillés dans le programme, d’élargir l’assiette fiscale, d’encourager l’investissement et d’aller vers une transition énergétique.
Chose inédite qui traduit une certaine évolution dans la conception de la régionalisation et le constat d’échec du système jacobin, le MSP plaide pour la révision du découpage administratif sur la base de la “proximité des similitudes du potentiel économique” entre les régions. “Notre programme ambitionne de faire de l’Algérie, dans 5 ans, le lieu de prédilection pour les services dans le monde arabe ; qu’elle réalise sa sécurité alimentaire en dix ans et devenir à l’horizon 2035 parmi les pays les plus industrialisés dans le monde.” Autres promesses : renforcer la citoyenneté, la justice, l’État de droit, la formation et la bonne gouvernance, la revalorisation du travail et le développement des valeurs.
Au MSP, on veut également faire de l’armée la première puissance d’Afrique. “Il faut une autre perception de la force. Il faut renforcer le renseignement, l’améliorer et avoir la maîtrise technologique. On va donner de l’importance à l’armement stratégique”, soutient Makri qui relève, toutefois, comme pour s’expliquer sur les sources de financements de leurs projets dans un contexte de crise, “qu’à la base, il faut le développement économique”. Malgré la complexité de la situation, Makri affirme que son parti ne va pas céder à la paresse et va affronter la réalité. “Le plus grand crime commis depuis 2002 est le crime économique avec l’explosion de la facture d’importation passée de 12 à 68 milliards de dollars”, déplore-t-il.