Les médias tunisiens, relayant leurs confrères américains, britanniques et italiens, insistent sur l’existence du projet d’installation d’une station de télécommunication américaine en Tunisie, malgré le démenti du gouvernement d’Essebsi.
Les États-Unis sont-ils en train de profiter de la détresse de la Tunisie et de la fragilité du pouvoir tunisien confronté à l’instabilité sécuritaire, pour en faire leur nouvelle base avancée en Afrique du Nord ? Après les révélations dans les médias américains sur le projet d’implantation d’une base militaire pour les drones, de nouvelles informations ont fait état d’un autre projet d’installation d’une station militaire de télécommunications, ou plutôt d’écoute, en Tunisie.
Washington aurait même signé un accord secret avec le président tunisien Béji Caïd Essebsi, lors de sa récente visite aux États-Unis, le 21 mai dernier. La station en question devrait être installée dans une base militaire à El-Houaria, dans le gouvernorat de Nabeul, alors qu’elle a été prévue initialement dans le sud de la Tunisie, aux frontières algérienne et libyenne, a révélé la presse italienne.
Les Américains ont jeté leur dévolu sur la Tunisie après avoir été empêchés de monter ce projet, qui est en réalité un système d’écoute ultrasophistiqué, à Niscemi, en Sicile. Les habitants de l’île, qui ont eu recours même à la justice, ont obligé donc le Pentagone à chercher un autre lieu dans le bassin méditerranéen, selon les mêmes sources, précisant que cette station devrait être opérationnelle en 2016. L’armée américaine a même entamé le transfert du matériel de l’île italienne vers El-Houaria, distante d’une soixantaine de kilomètres au nord-est de la capitale Tunis. Malgré le démenti du porte-parole de la présidence tunisienne, Moez Sinaoui, sur les ondes de la radio locale Mosaïque FM, les médias persistent à dire que ce projet existe.
L’information de l’installation d’une base militaire américaine de télécommunications coïncide en fait avec l’annonce du projet d’accueil d’une base pour drones qui servira, officiellement, à surveiller les mouvements de l’organisation terroriste État islamique en Libye voisine. Ce qui explique, selon le quotidien al-Arab, publié à Londres, la multiplication des déplacements des diplomates algériens et marocains à Tunis, ces derniers craignant une opération américaine d’espionnage à grande échelle. L’obtention de la Tunisie du statut d’“allié majeur non-membre de l’Otan”, accordé par les États-Unis, rend de telles informations plus crédibles et inquiète davantage les voisins de la Tunisie, qui a pourtant pour doctrine le rejet catégorique de l’établissement d’une base militaire étrangère sur le sol tunisien, comme l’a rappelé Moez Sinaoui lors de son passage à la radio. Toujours selon les médias italiens, les États-Unis devaient payer 780 millions dollars à l’Italie pour installer leur station en Sicile. En Tunisie, Washington ne payera, selon les médias italiens, que 182 millions de dollars.
L. M.