Bennasser Ghorbal avoue qu’il n’est pas seul dans son cas, mais lui, il a eu l’audace de briser le tabou et médiatiser son affaire au risque de remettre même en cause une instruction ministérielle.
“Je veux que l’État algérien me rende mon enfant puisqu’il l’a laissé partir.” C’est par ces termes que Bennasser Ghorbal relate son combat qu’il mène depuis la fin août pour récupérer Adam, son gosse de trois ans, qui se trouve actuellement en Belgique.
L’homme, impuissant, ne sait plus vers qui se tourner pour qu’on le rétablisse dans son droit de père. Divorcé depuis maintenant plus d’une année, la justice lui a donné un droit de visite les vendredis et samedis pour voir son enfant. Et c’est justement le vendredi 28 août, quand il s’est présenté chez son ex-épouse pour récupérer Adam que sa mésaventure commence. “Comme chaque week-end je me suis présenté au domicile de mon ex pour prendre le petit, mais je n’ai trouvé personne. Toutes mes tentatives d’entrer en contact avec elle sont restées vaines jusqu’à ce que je découvre qu’elle avait quitté le territoire algérien le 27 août en direction de Paris.” Bennasser Ghorbal apprend, dix jours plus tard, grâce à un avis de recherche posté sur les réseaux sociaux, que son ex a emménagé, en compagnie de son enfant, chez un certain B. Lucien, à Visé, dans la province de Liège.
Comprenant ce qui s’est passé, il s’adresse à la justice. Il contacte alors une avocate qui a déposé le 15 septembre dernier un dossier en pénal pour non-présentation de l’enfant. Pourtant, l’action de Bennasser est limitée, ne pouvant pas déposer plainte pour enlèvement, puisque la loi autorise une femme à voyager à l’étranger sans autorisation préalable du père.
En effet, et depuis juillet 2010, une instruction du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales stipule que pour la sortie à l’étranger d’un enfant mineur (âgé de moins de 19 ans) accompagné de l’un de ses deux parents (père ou mère), les pièces justificatives devant être présentées sont un passeport individuel de l’enfant, en cours de validité ; le cas échéant, porté sur le passeport de l’un des parents (père ou mère) ainsi qu’un document justifiant le lien de parenté (livret de famille ou une copie conforme). Donc, plus besoin d’une autorisation parentale de voyage.
L’instruction ministérielle précise toutefois que la sortie d’un enfant mineur du territoire national n’est pas autorisée, si l’un des deux parents a obtenu une décision de justice de l’une des instances judiciaires algériennes compétentes, interdisant sa sortie à l’étranger.
Malheureusement pour notre homme, il n’avait pas anticipé sur les intentions de la mère d’Adam. L’étape suivante dans son combat juridique c’est un dépôt de plainte pour lui retirer la garde de l’enfant du fait qu’elle vit avec un non-musulman.
“On passera au tribunal le 25 octobre, et au bout de trois audiences, il y aura un jugement par contumace, puisqu’elle ne va pas se présenter”, expliquera-t-il, ajoutant qu’avec ce jugement en poche, il doit entreprendre personnellement les démarches auprès de la police belge pour récupérer son fils.
“Je suis conscient que ça ne va pas être facile, que ça va prendre énormément du temps, alors que mon enfant se trouve en danger moral avec un inconnu.” Bennasser Ghorbal avoue qu’il n’est pas seul dans son cas, mais que lui, il a eu l’audace de briser le tabou et médiatiser son affaire au risque de remettre même en cause cette instruction ministérielle qui, selon lui, n’a pas mis les garde-fous nécessaires à cette démarche.
“Comment se fait-il que l’État se substitue au père tout en ne lui garantissant pas le retour de ses enfants ?” Son interrogation restera certainement sans réponse.