Son économie affectée par la crise du Golfe: Le Qatar dans le creux de la vague

Son économie affectée par la crise du Golfe:  Le Qatar dans le creux de la vague

Dans sa tentative de dépolitiser le pèlerinage,  l’Arabie saoudite a ouvert sa frontière avec le Qatar pour permettre aux pèlerins de se rendre sans entrave au pèlerinage à La Mecque. La  mesure saluée par Doha ne signifie cependant pas une sortie de crise dans le Golfe. Le 5 juin dernier, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte ont rompu tout lien avec le Qatar, accusé de soutenir des groupes extrémistes et de se rapprocher de l’Iran chiite, grand rival du royaume saoudien sunnite.

Des experts d’Oxford Economics ont quantifié les effets de cette crise sur l’économie qatarie. Dans le secteur aérien, la suspension des vols avec le Qatar a été annoncée par les grandes compagnies aériennes Emirates (Dubaï) et Etihad (Abou Dhabi).

L’Égypte, qui a également rompu ses relations, a décidé de fermer ses frontières “aériennes et maritimes” avec le Qatar qui, selon son ministère des Affaires étrangères, “insiste à adopter un comportement hostile vis-à-vis” du Caire. Qatar Airways, qui assure des dessertes journalières avec de nombreux pays, dont l’Algérie, a fortement pâti de cette crise.  Ainsi, le Qatar, pays gazier, se retrouve, tout d’un coup, dans le creux de la vague.

Doha, qui vivait dans l’opulence, s’est vu contraint d’importer des denrées pour subvenir aux besoins de la population. Par solidarité, l’allié turc et le voisin iranien lui en ont livré. Les officiels qataris qui s’expriment en public tentent toutefois d’en minimiser l’impact. “On n’a pas senti une grande différence”, assure ainsi Mohamed Ammar, chef d’entreprise et conseiller à l’Association des entrepreneurs du Qatar (QBA), sans exclure des effets “à moyen ou long terme”.

Rachid ben Ali al-Mansouri, P-DG de la Bourse du Qatar, estime, lui, que le pire est passé. La deuxième place financière du Moyen-Orient a perdu plus de 7% le 5 juin et presque 10% en trois jours avant de se reprendre et fluctuer désormais à environ 6% sous son niveau précrise.

Le marché a été “surpris” et a réagi “comme n’importe quel marché”, explique-t-il, assurant que “la confiance des investisseurs” est “toujours là”. Ce n’est pas tout à fait l’avis des grandes agences de notation. Les indications qu’elles ont établies ne sont pas encourageantes. Elles montrent l’inquiétude des investisseurs, signe que la crise au Qatar pourrait s’étirer dans le temps.

Les agences de notation Fitch, Moody’s et Standard and Poor’s (SP) ont placé ce pays sous surveillance négative, SP baissant même la note de Doha. “L’économie montre des faiblesses”, estimait fin juillet l’agence Bloomberg, notant que les dépôts étrangers dans les banques qataries avaient chuté en juin comme jamais en deux ans.

Conséquence : un plongeon en juin de 30% par rapport à juin 2016 des réserves de change, désormais à leur plus bas niveau depuis mai 2012. “L’incertitude a conduit banques et fonds d’investissement à retirer leur argent du Qatar, entraînant une baisse des réserves, la Banque centrale tentant de soulager la pression sur les liquidités”, explique à l’AFP Amy McAlistair d’Oxford Economics. “La Banque centrale a également pioché dans ses réserves pour soutenir l’ancrage par rapport au dollar du riyal” qatari, malmené depuis le début de la crise, poursuit-elle.

Anticipant que la crise pèsera sur l’activité, Oxford Economics a ramené de 3,4% à 1,4% sa prévision de croissance pour 2017 et a relevé de 1,5% à 1,8% celle de l’inflation, tirée par la hausse attendue des prix des produits importés, dont l’alimentaire.