Il a été un «petit phénomène» médiatique qui s’estompe.
La surprenante sortie du président de TAJ sur la langue d’enseignement est symptomatique d’une approche plutôt «égoïste» de ce que devrait être un gouvernement. Amar Ghoul qui a passé près d’une vingtaine d’années dans l’Exécutif a fait montre d’un manque de solidarité gouvernementale à l’égard de sa collègue de l’Education nationale sur la base d’une fausse accusation proférée par des milieux rétrogrades. En affirmant que la langue arabe était, à ses yeux, une ligne rouge, le ministre veut accorder sa voix à celle d’une opposition revancharde et donner le change à sa base partisane, dans un dangereux exercice qui confine à une schizophrénie politique, tout à fait impensable pour cet homme qui a construit sa carrière politique sur des attitudes qui se voulaient équilibrées à toute épreuve.
Amar Ghoul était, dans l’opinion publique nationale, plus qu’un ministre. Il était presque le symbole d’une nouvelle génération de jeunes cadres, qui alliait action et discours porteur. Il faut dire qu’au niveau des départements dont il avait la charge, le ministre, parvenu à ce poste par le biais du MSP, a développé à outrance le sens de la communication. Plus disponible que ses collègues au gouvernement et plus enclin à tisser des liens privilégiés avec la presse nationale et à travers elle avec toute l’opinion nationale, Amar Ghoul avait pris pour «bonne habitude» de multiplier les apparitions sur le terrain, aux côtés des représentants de la presse nationale, mais aussi et surtout en cultivant des «bains de foule» qui ont fait l’essentiel de son succès auprès des Algériens.
En un mot comme en mille, il a «démystifié» le poste de ministre, dont il a fait carrément un «métier» avec des codes à lui et des «obligations» qu’il s’impose pour maintenir l’estime des Algériens. L’audace de Ghoul est de pousser sa logique «communicative» à son paroxysme, malgré les retombées de l’affaire de l’autoroute Est-Ouest. Il faut dire que ce projet avait fait l’essentiel de sa «réputation» de ministre bosseur qui arrive à bout de ses missions. En réalité, le ministre avait quasiment «saucissonné» le projet de l’autoroute Est-Ouest, jusqu’à crever l’écran à travers des inaugurations partielles de quelques kilomètres de la fameuse «réalisation du siècle». Les petits pas de l’autoroute et la plage artificielle d’El Djamila qu’il a offerts aux Algériens ont permis de populariser le ministre jusqu’à ce que la vox populi l’ait réclamé à la tête du gouvernement, ce qui n’était pas pour lui déplaire.
Mais construire une réputation d’homme d’Etat en agitant les médias a ses limites. L’état déplorable de son grand projet a fini par le rattraper et les Algériens se sont, peu à peu, détournés de ce haut responsable qui, de ministère en ministère, a perdu de sa superbe. S’attendre à ce qu’il cède un peu sur sa disposition à communiquer à outrance, serait mal connaître l’homme. Aussi, au département des transports, Ghoul n’a pas changé de stratégie en annonçant des projets «féériques», dont il ne réalise pas le centième. Le transport maritime interurbain, le métro aérien et autres annonces à grand renfort médiatique n’ont pas eu le même effet sur l’opinion nationale. On ne peut pas duper deux fois le même peuple.
Au ministère du Tourisme, Ghoul tente de retrouver sa place de communicateur. Mais il semble qu’il se trompe de décennie. Il ne retient plus l’attention des Algériens, personne ne l’évoque et si cela arrive, c’est surtout pour pester contre le scandale de l’autoroute Est-Ouest.
En fait, Amar Ghoul a un été un «petit phénomène» médiatique qui s’estompe. Les Algériens sont passés à autre chose et pour les rappeler à son souvenir, il prend le risque de faire une sérieuse brèche dans le corps de l’Exécutif en passant outre la solidarité gouvernementale.