Le père de Mohamed Merah, séparé de sa femme depuis 1994, est originaire du village de Bezzaz, dans la commune de Souagui, à Médéa. Mohamed est le plus jeune de leurs enfants, et avait six ans au moment de la séparation.
Il vit actuellement entre la région de Tiaret -où il gère une société de matériaux de construction- et possède une résidence à Mouzaïa, dans la proche périphérie d’Alger.
Faisant de la mort d’un jeune garçon à peine sorti de l’enfance une affaire nationale, et des dizaines de policiers du Raid qui s’étaient battu avec Mohamed Merah pendant 39 heures pour le tuer, le président Nicolas Sarkozy avait reçu à l’Élysée, pour leur rendre hommage, les membres des forces de l’ordre et les magistrats qui ont été impliqués dans la recherche et la «mise hors d’état de nuire» de Mohamed Merah.
Face à la polémique qui enfle après le «carton» fait sur le corps de Mohamed Merah, alors qu’on pouvait le prendre vivant, le président a répondu qu’il ne voyait «pas au nom de quoi on culpabiliserait la République du fait des crimes monstrueux de Mohamed Merah». «Mohamed Merah est un monstre qui s’est auto-radicalisé et qui est passé sans transition de la délinquance de droit commun au terrorisme», a-t-il affirmé.
Mais, derrière, pointent déjà des interrogations à longueur de lignes, dont la plus importante est celle de savoir à quel point Mohamed Merah a été manipulé, et par qui… Selon le quotidien italien «Il Foglio», Mohamed Merah, auteur de sept assassinats dans le Sud-ouest de la France, se serait rendu en Israël puis en Afghanistan en septembre 2010 avec la caution de la «Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE)», en échange de la fourniture d’informations aux «services secrets français».
L’agence française en charge de l’espionnage et du contre-terrorisme à l’extérieur du pays l’aurait utilisé comme «informateur». Un accord aurait même été passé: la liberté de mouvements en échange d’informations précieuses. Mohamed Merah est arrivé en septembre 2010 par le pont Allenby, qui relie la Jordanie à la Cisjordanie, occupée par Israël, selon les sources sécuritaires israéliennes. Il a pu venir en compagnie d’autres ressortissants français.
Entré avec un visa de tourisme israélien, le jeune homme est reparti trois jours plus tard par le même pont Allenby. Après ce séjour en Israël, le tueur au scooter serait retourné en Jordanie d’où il s’est envolé pour l’Afghanistan. Son entrée en Israël, couverte par les services secrets français, aurait eu pour but de démontrer qu’un réseau djihadiste avait la capacité de passer à travers la frontière avec un passeport européen.
Aucune confirmation officielle n’est apportée par le quotidien italien. Il évoque cependant une confirmation indirecte dans le journal israélien «Haaretz», qui cite des sources du « Shin Bet», les «services secrets israéliens». «Il Foglio» raconte que le passage de Merah dans les Territoires occupés palestiniens, suggéré par le patron du renseignement français Bernard Squarcini, n’est pas prouvé.
De même, une éventuelle arrestation du tueur au scooter à Jérusalem pour port d’un couteau n’a laissé aucune trace. Par ailleurs, les «services secrets palestiniens» ont affirmé que les Français, par l’intermédiaire de leurs «services secrets», avaient tout intérêt à faire infiltrer des jeunes ayant le profil de Merah dans des camps de formation de «djihadistes» au Pakistan et en Afghanistan.
Mardi dernier dans le quotidien toulousain «La Dépêche», Yves Bonnet l’ancien patron des «services de renseignements français» s’interrogeait sur un éventuel rôle de «correspondant» du meurtrier auprès des renseignements intérieurs. «Le garçon avait manifestement des relations avec la DCRI, comme on l’a appris à travers les déclarations de Bernard Squarcini lui-même. C’està- dire qu’il avait un correspondant au Renseignement intérieur.
Alors appelez ça «correspondant», appelez ça «officier traitant»… je ne sais pas jusqu’où allaient ces relations, voire cette «collaboration» avec le service, mais on peut effectivement s’interroger sur ce point». Des actions spectaculaires, un mort hyper-médiatisée, des zones d’ombre, des interrogations à longueur de lignes, et au bout, une ultime étape en Algérie, à Médéa, où son corps reposera dans quelques jours. La vérité pure et crue, ne fera certainement pas partie du monde des humains…
Fayçal Oukaci