Éducation : le Cnapest opte pour la grève illimitée
Le clash entre le ministère de l’Éducation nationale et le Cnapest-élargi risque de plonger les lycées dans une longue instabilité qui remettrait sur le tapis l’épineuse question du seuil des programmes pour les candidats au bac, que Baba Ahmed veut supprimer. Le Cnapest en parle déjà.
Le bras de fer engagé entre le ministère de l’Éducation nationale et le Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique promet d’être dur, long et non sans répercussions négatives sur les élèves. Et pour cause ! Le Cnapest-élargi a décidé de durcir son mouvement de protestation nationale lancé le 7 octobre dernier. Seule structure habilitée à décider de la poursuite ou de la suspension de la contestation, le conseil national extraordinaire du syndicat qui s’est tenu jeudi après-midi à Blida a finalement tranché pour l’accélération de la cadence. Autrement dit, la grève ouverte entamée le 7 octobre “se poursuivra jusqu’à ce que le département de Baba Ahmed réponde à toutes les revendications”. Autre action de protestation : un sit-in national à Alger le 23 octobre prochain. Le conseil national extraordinaire justifie ce durcissement par “la médiocrité des résultats de la rencontre du 12 octobre dernier où la mauvaise foi du ministre a été dévoilée par ses déclarations accusant les enseignants d’avoir eu plus qu’ils ne méritaient et le recours aux menaces”. Pour le syndicat, les points sur lesquels le ministère s’est engagé n’ont pas été suivis par un calendrier pour leur concrétisation, tout comme les précédents engagements restés lettre morte à ce jour. Autre motif évoqué par le conseil national extraordinaire, le refus du ministre de l’Éducation nationale de réhabiliter et réintégrer le syndicaliste licencié à son poste de travail sous prétexte que la grâce relève des prérogatives du président de la République, “comme si l’enseignant avait été condamné pour un crime alors qu’il s’agit de réparer une série d’erreurs administratives commises par un directeur”. Les ponctions sur les salaires des enseignants grévistes est l’autre grief retenu contre Baba Ahmed, ajoute le communiqué du conseil national extraordinaire. Et de préciser que, conformément à la loi 02-90, les deux parties en conflit doivent se concerter sur “le sort des journées de grève”. Dénonçant la position du ministre, le Cnapest lui impute la responsabilité des conséquences néfastes de ce bras de fer, à savoir : retard dans le programme et l’exigence du seuil des programmes. Baba Ahmed a déjà révélé sa ferme intention d’en finir avec la formule du seuil des programmes dès cette année. Cependant, une longue perturbation inciterait les élèves en classe de terminale de faire comme leurs aînés et d’investir la rue pour réclamer la limitation du seuil des programmes sous prétexte qu’ils ont été pris en otage et privés de cours.
Une décision prévisible
Il faut dire que la décision du conseil national du syndicat de Nouar Larbi était prévisible. Tous les ingrédients étaient réunis pour un clash entre les deux parties en conflit, et ce, depuis l’échec de la rencontre de samedi dernier qui, pour une fois, a été ouverte à la presse.
En voulant solder leurs comptes en présence des médias, tutelle et syndicat n’ont fait qu’élargir le fossé qui les séparait déjà. En insistant auprès de Baba Ahmed afin de rouvrir le dossier du membre du Cnapest et enseignant à Bouira licencié il y a quelques mois, le Cnapest n’a fait qu’affaiblir sa position et surtout servir un bel alibi à la tutelle pour le discréditer. “Les élèves ont été privés de cours en raison d’un cas particulier et non pour des revendications sociales”, n’a cessé d’expliquer Baba Ahmed lors du forum d’El Moudjahid qui s’est tenu 24 heures après la rencontre avec la délégation du Cnapest-élargi. De son côté, le syndicat a justifié sa position et son insistance par le fait que “l’atteinte au syndicat ou à ses membres est une ligne rouge qu’il ne faudrait point dépasser”.
Le Cnapest soutient que le syndicaliste est un enseignant intègre et compétent ciblé par le DE pour ses activités syndicales.
Pour ce qui est du reste des revendications soulevées, le département de Baba Ahmed et la direction des ressources humaines du MEN soutiennent que celles qui dépendent de la tutelle ont été satisfaites ou en cours de satisfaction. Il ne reste que le dossier des professeurs techniques des lycées techniques (PTLT) qui sera régularisé avec l’organisation d’un concours de promotion prévu au mois de novembre prochain. Et là un autre front s’annonce puisque la coordination nationale des PTLT réfute la position de la tutelle. Les PTLT (ils sont près de 700) dont l’expérience dépasse la vingtaine d’années refusent le préalable du concours et exigent leur intégration pure et simple au grade de professeur d’enseignement secondaire.
Pour ce corps classé désormais à la catégorie “en voie de disparition”, la réussite à l’examen en vue de l’obtention de l’attestation de capacité professionnelle pour exercer l’enseignement secondaire et technique, les rapports positifs des différents inspecteurs et leur longue expérience sont suffisants pour qu’ils accèdent sans un autre concours au grade de PES et bénéficier à leur tour des avantages de ce corps.
M. B