Son centre de maintenance attribué de gré à gré,Tassili Airlines au centre d’un autre scandale ?

Son centre de maintenance attribué de gré à gré,Tassili Airlines au centre d’un autre scandale ?

L’attribution du marché de la réalisation du centre de maintenance de la compagnie Tassili Airlines soulève encore des interrogations. La filiale du groupe Sonatrach avait attribué ce marché à un groupement d’entreprises canadiennes selon la formule du gré à gré.

Après les irrégularités constatées dans les contrats de vente des avions de ligne Bombardier, la compagnie Tassili Airlines pourrait être au centre d’une nouvelle affaire. Celle-ci concerne l’attribution de la réalisation d’un centre de maintenance et d’exploitation.

La construction de cette infrastructure a été confiée à un groupement canadien comprenant les entreprises Axor, Teknika- Hba et Scatt (ATS). Il semblerait que la procédure d’attribution soit loin d’être conforme aux mesures imposées par le Code des marchés publics. Ce projet a, en effet, été accordé à ATS dans le cadre d’un gré à gré alors qu’aucun impératif d’urgence ne s’imposait pour le choix de cette formule. D’un montant initial d’un milliard de dinars, dont 14 millions de dollars canadiens transférables, le centre a coûté beaucoup plus cher. Une surévaluation accordée au titre de trois avenants conclus entre Tassili Airlines et ATS en janvier, juillet et novembre 2009. Un surcoût «provoqué» par un rallongement des délais de réalisation. Le centre a été réalisé en 30 mois au lieu des 8 mois prévus lors de la signature du contrat. L’Inspection générale des finances a enquêté sur ce dossier en juin 2010, soit un mois seulement après le limogeage de Chakib Khelil du ministère de l’Energie et des Mines. En décembre 2010, Noureddine Cherouati, alors P-dg de la Sonatrach, saisit la direction générale de Tassili Airlines à travers une instruction pour exiger des éclaircissements sur les «irrégularités» constatées par l’IGF. La question du mode de passation de marché figure parmi les points relevés.

«Recours injustifié à la procédure de gré à gré dans le cadre d’un marché de réalisation d’un centre de maintenance confié à un groupement canadien dénommé Axor, Teknika-Hba et Scatt», note l’ancien P-dg de la compagnie pétrolière. Dans sa correspondance, il fait également référence à la problématique du dépassement du délai contractuel et à la conclusion des trois avenants.

«Compte tenu du caractère urgent que revêtent certaines opérations, je vous instruis d’ores et déjà de prendre toutes les mesures utiles et nécessaires pour apporter des correctifs dans les délais raisonnables et me tenir informé du déroulement de chacune des opérations, y compris les mesures et sanctions à l’encontre des personnes ayant été la cause de ces dépassements. Je ne saurais insister davantage sur l’urgence de cette instruction », écrivait alors Noureddine Cherouati dans cette instruction. Il semblerait qu’il n’ait obtenu aucune réponse. Des sources proches de la Sonatrach indiquent que la direction de Tassili Airlines a été une nouvelle fois saisie à propos de cette affaire vers la fin de l’année 2012. Reste le choix des entreprises canadiennes. Comment expliquer la sélection d’Axor, Teknika-Hba et Scatt et les facilités qui leur ont été accordées ? Pourquoi Tassili Airlines a-t-elle réalisé une infrastructure qui ne peut accueillir que des appareils du constructeur Bombardier alors que le plan de développement prévoyait l’acquisition d’avions de plus grande envergure ? Aujourd’hui, la compagnie aérienne de Sonatrach est obligée de confier la maintenance de ses Boeing 737 à Air Algérie.

T. H.