Sommet Trump-Poutine: une étape dans un long processus pour la relance du dialogue

Sommet Trump-Poutine: une étape dans un long processus pour la relance du dialogue

 Le sommet historique entre le président américain, Donald Trump, et son homologue russe, Vladimir Poutine, tenu lundi à Helsinki, a permis, selon des politologues algériens, de relancer le dialogue entre les deux puissances et de franchir une première étape dans le rétablissement des relations politiques entre les deux superpuissances.

Le somment de Helsinki « ne constitue pour l’instant qu’une étape pour le bon rétablissement des relations politiques entre les deux superpuissances », a indiqué à l’APS, Menas Mesbah, enseignant en sciences politiques et relations internationales à la faculté des sciences politiques d’Alger, ajoutant qu' »il ne faudrait pas espérer dans l’immédiat la fin des tensions entre les deux Etats ».

Tout en s’appuyant sur la déclaration de Vladimir Poutine, affirmant que les Russes avaient manifesté de la sympathie pour Donald Trump pendant sa campagne électorale parce qu’il avait parlé de l’amélioration des relations entre les deux pays, l’universitaire algérien a soutenu que « le Président américain actuel ne peut rien faire pour améliorer les relations ». Pour son propos, il a expliqué que « l’orientation géopolitique américaine est basée sur l’escalade et la confrontation, non seulement avec la Russie, mais aussi avec d’autres puissances, comme la Chine ».

« Les Etats-Unis n’admettent pas encore le retour de la Russie sur la scène internationale. Washington ne veut pas aussi faire face à d’autres puissances comme la Chine », a-t-il fait savoir. Toutefois, le spécialiste des questions internationales a précisé dans ce contexte que des experts américains en géostratégie se rendent compte aussi que « l’ère de l’unipolarité est révolue » dans les relations internationales et que « la multipolarité est devenue une réalité inévitable ».

L’universitaire a cité, à ce propos, les déclarations de l’ex-chef de la diplomatie américaine Henry Kissinger qui avait déclaré récemment que l’ère unipolaire est terminée et que le monde vit une étape de transition vers la multipolarité. Partant de ce constat, Menas Mesbah a fait observer que les Etats-Unis, « handicapés » par des problèmes économiques majeurs, sont amenés à changer de politique étrangère et à faire des concessions à la Russie, une puissance, qui est revenue, a-t-il mentionné, « en force sur la scène mondiale, surtout après la réussite de son intervention militaire en Syrie ».

S’agissant des retombées du sommet de Helsinki sur le monde arabe et plus particulièrement sur le conflit syrien, l’enseignant des sciences politiques a évoqué une « entente » entre les deux dirigeants (américain et russe) sur la nécessite de trouver une solution à la crise syrienne. « De point de vue militaire, les données sur le terrain plaident en faveur du gouvernement syrien.

Il reste à résoudre certaines questions, telle que la présence des soldats américaines au Nord du pays, qui doivent faire l’objet de négociations pour le règlement définitif du conflit syrien. Sur ce plan, le président américain, Donald Trump, ne réclame pas le départ du président, Bechar al-Assad, contrairement à son prédécesseur », a relevé notre interlocuteur. Ce qui préoccupe les Etats-Unis dans le dossier syrien réside, selon M. Menas, dans l’exploitation de ses richesses énergétiques, convoitées, signale-t-il, non seulement par les Américains, mais aussi par d’autres pays de la région.

« Mais, globalement, on peut dire que ce sommet a donné l’impression que le conflit syrien se dirige vers une solution définitive et globale dans le cadre des prochaines négociations entre le gouvernement et les autres composantes de l’opposition syrienne », a-t-il estimé.

Un sommet « symbolique »

Pour sa part, Louiza Dris-Ait Hamadouche, maitre de conférence à la faculté des sciences politiques et des relations internationales de l’université d’Alger et enseignante associée à l’Ecole nationale d’administration, a soutenu que le sommet de Helsinki illustre que les relations entre les Etats-Unis et la Russie sont engagées sur une logique d’équilibre et de rivalité en termes de zones d’influences, écartant catégoriquement « une politique de confrontation pour le contrôle de certaines zones d’influence ».

La spécialiste des conflits et crises mondiales a estimé que « le sommet Poutine-Trump n’était pas aussi destiné à insuffler aux relations bilatérales un tournant stratégique nouveau ». Il s’agissait, selon elle, d’une rencontre de « l’ordre du symbolique ». Car, a-t-elle expliqué, « aucun dossier n’a connu une évolution au cours des pourparlers entre les deux dirigeants ». « On risque de retenir de ce sommet les difficultés dans lesquelles le Président américain se retrouvait face aux critiques au niveau interne.

Sa prestation face au président russe, Poutine, en particulier sur le dossier de l’élection américaine de 2016, était jugée décevante pas seulement dans le camp des démocrates, mais aussi, dans son propre camp +Républicains+. Ajoutons à cela, que tous les autres dossiers internationaux évoqués, n’ont pas connu une avancée palpable », a tenu à souligner Louiza Dris-Ait Hamadouche. Interrogée sur les éventuelles retombées de ce sommet sur les relations internationales et l’émergence de nouvelles forces mondiales, l’enseignante des sciences politiques a considéré que l’ordre international vit « la multipolarité depuis au moins une vingtaine d’années ».

« En réalité, l’ordre mondial n’a jamais été réellement dominé par les Américains, hormis sur quelques dossiers, notamment culturels et économiques. Le monde est aujourd’hui multipolaire sur le plan diplomatique, militaire et scientifique. Aucune puissance n’est hégémonique dans tous les domaines. Nous sommes loin d’un système mondial unipolaire parfait, ni moins d’un système multipolaire parfait. Tout est relatif dans les relations internationales », a tenu à clarifier notre interlocutrice. Quant aux retombées de ce sommet sur le dossier syrien, elle a indiqué que la résolution du conflit syrien requiert un compromis entre les différents protagonistes.