Il y a une année, les Présidents Bouteflika et Hollande ont signé la déclaration d’Alger, considérée comme un engagement pour booster les relations algéro-françaises qui ont toujours été otages du passé colonial.
Aujourd’hui, avec la première visite du Premier ministre français en Algérie, l’heure est à l’évaluation et la réalisation des engagements, sachant que cette visite officielle de trois jours a deux cachets, l’un politique, l’autre économique.
D’ailleurs, selon une source diplomatique à Paris citée par l’APS, cette visite a pour objectif d’asseoir un dialogue politique «régulier» de «très bon niveau» entre les deux pays et se doter d’un mécanisme de suivi de la relation bilatérale. «Il s’agit de vérifier, une fois de plus, que tous les objectifs que les deux pays se sont fixés sont atteints, et de fixer, à intervalle régulier, de nouveaux objectifs pour progresser et avancer ensemble», a-t-on expliqué.
La visite du président français en Algérie en décembre 2012 a été sanctionnée par la mise en place d’un comité de haut niveau intergouvernemental algéro-français pour mettre en œuvre les accords signés par les deux parties. Cette structure, co-présidée par les Premiers ministres des deux pays, en l’occurrence Abdelmalek Sellal et Jean-Marc Ayrault, tiendra sa première réunion aujourd’hui.
Dans le cadre de la réunion du comité de haut niveau intergouvernemental algéro-français, il est attendu que des accords et des contrats soient signés, sans oublier les entretiens d’aspect politique qui auront lieu entre Sellal et Ayrault sur des dossiers d’intérêt commun.
A ce propos, divers dossiers en suspens attendent des réponses de la part de Paris, notamment les questions liées aux victimes des essais nucléaires et la libre circulation des personnes. Sur ce dernier point, l’opposition de droite française, dans un simple rapport sur l’immigration, accuse le gouvernement de gauche de chercher à abandonner le modèle républicain français pour instaurer le communautarisme. Comprendre : un communautarisme musulman.
Dans ce cadre, le Premier ministre français a affirmé samedi dernier que le modèle républicain d’intégration, consigné dans le rapport que Matignon a publié la veille et qui constitue une base de travail pour redéfinir en janvier une nouvelle politique de l’immigration, «est celui de la bataille pour l’égalité des droits».
Vendredi, Matignon (Premier ministère) publiait un rapport en cinq volets proposant une refondation de la politique d’intégration axée sur la lutte contre les discriminations et pour l’égalité des droits.
Les relations économiques seront à l’honneur lors du déplacement de J.M. Ayrault en Algérie, sachant que l’investissement français dans notre pays a toujours été otage des considérations politiques, notamment du temps de l’ex-président français, Nicolas Sarkozy. Cependant, le contexte économique affirme que la France n’est plus le premier partenaire de l’Algérie avec la montée de la Chine et d’autres partenaires qui se sont adaptés aux nouvelles règles économiques algériennes, dont celle du 51/49. A cet effet, la France veut retrouver sa place en Algérie mais Alger exige un investissement productif dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant.
Lors de sa visite à Alger, Ayrault sera accompagné de neuf de ses ministres dont ceux de l’Intérieur, Manuel Valls, du Commerce extérieur, Nicole Bricq, du Redressement productif, Arnaud Montebourg, de l’Education, Vincent Peillon et de l’Enseignement supérieur.
Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, sera représenté, à l’occasion, par son délégué aux Affaires européennes, Thierry Repentin. Le ministre délégué chargé de la Ville, François Lamy, le ministre délégué aux Anciens combattants, Kader Arif, et celle chargée des Français de l’étranger et de la Francophonie, Yamina Benguigui, seront également du voyage, aux côtés de nombreux parlementaires et entrepreneurs, conduits par le président du Medef International, Jean Burelle. Lors de son séjour en Algérie, les deux Premiers ministres animeront une conférence de presse conjointe et prononceront, à la mi-journée, des discours de clôture d’une rencontre économique qui réunira 400 chefs d’entreprises des deux pays. Le deuxième jour, J.M. Ayrault se déplacera à Oran où il visitera le site de l’usine Renault et montera à bord du tramway de la ville, après s’être rendu dans une cimenterie Lafarge.
Par Nacera Chennafi