Sommet de l’UMA et réouverture des frontières avec le Maroc,L’Algérie face aux intrigues de palais

Sommet de l’UMA et réouverture des frontières avec le Maroc,L’Algérie face aux intrigues de palais

La réouverture de la frontière avec le Maroc ne doit en aucune façon être un préalable à la tenue du Sommet de l’UMA

Dans le fond, ni la Tunisie ni le Maroc ne sont intéressés par une véritable relance de l’UMA.

Existe-t-il une réelle volonté de redynamiser l’Union du Maghreb arabe? N’y a-t-il pas des intentions cachées chez certains dirigeants des pays membres pour défendre leurs propres intérêts? Se référant aux dernières déclarations des uns et des autres, il y a de quoi comprendre que l’engouement suscité par la relance de l’UMA cache bel et bien des intentions «malsaines». La Tunisie par le biais de son chef d’Etat, Moncef Marzouki, a annoncé que le sommet des chefs d’Etat de l’UMA se tiendra le 10 octobre prochain à Tabarka, en Tunisie. Une information qui a été tout de suite démentie par Alger qui a affirmé que, seules des discussions ont été engagées et qu’aucune date officielle n’est arrêtée. La sortie médiatique de Marzouki intervient au moment de la visite officielle qu’a effectuée en Tunisie le Premier ministre marocain, Abdelilah Benkirane! La date avancée par Marzouki a fait l’objet de discussions entre les deux hommes. Benkirane et Marzouki avaient «arrêté» la date du sommet, sans concertation avec Alger. Quelle mouche a, donc, piqué M. Marzouki pour s’avancer sur un sujet qui fait encore l’objet de discussions? Le président tunisien aussi bien que le roi Mohammed VI tentent de défendre leurs intérêts, en souhaitant tenir ce sommet dans les plus brefs délais. Marzouki d’abord, est motivé au moins par deux raisons essentielles. La première est d’ordre politique tandis que la seconde est d’ordre économique. L’actuel chef d’Etat tunisien a affiché ses intentions de se présenter aux élections présidentielles prévues en 2013. Il veut réussir un grand coup diplomatique qui aura des répercussions en sa faveur sur la scène politique tunisienne. Il s’agit d’une initiative diplomatique au parfum électoral. Si jamais il réussira à tenir ce sommet «dans les plus brefs délais», Marzouki pourra imposer son poids comme le chantre du Maghreb et s’imposer de ce fait comme un candidat incontournable aux prochaines élections. La deuxième raison est d’ordre économique. La Tunisie vit depuis la révolution du jasmin, une situation économique désastreuse. La relance de l’UMA pourra profiter à ce pays pour bâtir une économie plus ou moins forte. Autrement dit, Marzouki pense que la relance de l’UMA sera une bouffée d’oxygène pour une économie tunisienne asphyxiée. C’est ainsi qu’il propose l’instauration de ses fameuses cinq libertés, à savoir déplacement, résidence, travail, investissement, élections municipales dans les Etats de l’UMA. Côté Rabat, le roi du Maroc joue les trouble-fêtes. La relance de l’UMA signifie pour le Maroc la réouverture de la frontière. Mohammed VI tente ainsi de mettre la pression sur Alger, par le biais notamment des appuis et soutiens de ses partenaires occidentaux. Une fois le sommet tenu, c’est la réouverture de la frontière terrestre qui devrait suivre inévitablement. En d’autres termes, ce qui intéresse le roi du Maroc n’est pas tant la relance de l’UMA que son défunt père, Hassan II, a gelé, mais plutôt la réouverture des frontières avec l’Algérie pour renflouer les caisses du makhzen en ces moments de crise aiguë qui se profile. Résultat des courses: il s’agit tout simplement d’une intrigue de palais tuniso-marocaine contre l’Algérie.

Or, la position de l’Algérie sur ce dossier est claire. La diplomatie algérienne a confirmé, à maintes reprises, que la réouverture de la frontière terrestre est une question «exclusivement» bilatérale, non liée à un sommet maghrébin. Pour les diplomates algériens, le sommet de l’UMA et la fermeture de la frontière sont deux questions tout à fait distinctes. Alger a rappelé que la réouverture de la frontière s’inscrit exclusivement dans le cadre de l’évolution des relations bilatérales. Pour revenir au sommet de l’UMA, Alger préfère attendre les conclusions de la réunion des experts ainsi que celle des ministres des Affaires étrangères. Un sommet des chefs d’Etat ne se tient pas avec une telle facilité, soutient Alger. Cela pour dire, qu’il n’est pas exclu que le roi du Maroc Mohammed VI et Marzouki veulent marchander sur le dos de l’Algérie au nom de l’UMA.