Le roi multiplie les manoeuvres
La dernière sortie médiatique du souverain marocain a eu pour objectif de faire capoter cette rencontre que son gouvernement avait déjà considérée, dès son annonce, comme une simple formalité.
Dans une interview accordée au magazine Jeune Afrique, Mourad Medelci, le chef de la diplomatie algérienne, a évoqué l’absence de consensus et un manque de minutie dans la préparation de ce rendez-vous maghrébin raté. «L’échéance d’octobre 2012 a, certes, été évoquée, mais n’a jamais été consensuelle. Lors de la dernière rencontre des ministres des Affaires étrangères de l’UMA, nous avons convenu que l’organisation d’un tel Sommet – lequel, qui plus est, ne s’est pas tenu depuis une quinzaine d’années (le dernier a eu lieu à Tunis, en 1994, Ndlr), -méritait une préparation minutieuse.
À l’issue de cette étape préparatoire – sur laquelle travaillent les experts et hauts fonctionnaires des cinq pays membres [Algérie, Maroc, Tunisie, Libye et Mauritanie]-, sa date sera arrêtée lors d’une réunion ministérielle» a déclaré M.Medelci. Le Maroc avait, quant à lui, annoncé la couleur.
Le prochain Sommet de l’UMA «sera seulement de pure forme… Les conditions de la tenue d’un Sommet ne sont pas encore mûres et tant que les frontières entre le Maroc et l’Algérie ne seront pas rouvertes», avait souligné le chef de l’Exécutif marocain, Abdelilah Benkirane dans une interview parue le 26 juillet dans le quotidien Attajdid, organe du PJD (Parti pour la justice et le développement) dont il est aussi le secrétaire général.
Finalement il ne se tiendra même pas en 2012. L’axe Alger-Rabat qui doit servir de colonne vertébrale à un tel projet n’est pas encore débarrassé de ses embûches. Le ministre algérien des Affaires étrangères donne d’autres indices qui montrent que la relance du projet d’édification du Maghreb était vouée à l’échec: la question du Sahara occidental, entre autres. «Je comprends que l’on puisse évoquer cette question, mais je ne partage pas ce point de vue.
La question du Sahara occidental est antérieure à la création de l’UMA. Elle figure sur l’agenda du Comité de la décolonisation de l’ONU depuis 1964, alors que la naissance de l’UMA date de 1989», a-t-il fait remarquer, tout en restituant ce dossier dans son contexte. «On ne peut pas lier la préparation d’un Ssommet de l’UMA à l’évolution de ce dossier, qui n’a jamais été inscrit au planning de l’organisation, laquelle est chargée de questions exclusivement plurilatérales. De même, il n’apparaîtra pas dans les discussions bilatérales avec nos frères marocains, pour la simple raison que le sujet se traite dans un cadre onusien», a tenu à préciser Mourad Medelci.
Le trône marocain, qui ne semble pas l’entendre de la même oreille, a jeté de l’huile sur le feu au risque de compromettre la petite lueur d’espoir qui laissait présager de relations plus apaisées entre les deux pays. «Le Maroc appelle à une forte implication de la communauté internationale pour mettre fin au drame enduré par nos enfants à Tindouf, à l’intérieur du territoire algérien, où sévissent, dans toute leur cruauté, la répression, la coercition, le désespoir et les privations…» a déclaré Mohammed VI dans un discours adressé à son peuple le 6 novembre 2012 à l’occasion de la célébration du 37e anniversaire de l’invasion du Sahara occidental.
Une énième sortie médiatique du souverain marocain qui a eu pour objectif de faire capoter le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du Maghreb qui devait se tenir en principe au mois d’octobre à Tunis, que son gouvernement avait déjà considéré, dès son annonce, comme une simple formalité. Une oraison funèbre qui présage d’un enterrement royal de l’UMA.