Près d’une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement ont pris part, hier matin à Syrte (Libye), à l’ouverture officielle du 13e Sommet de l’Union africaine.
Un taux de participation exceptionnel pour une session qui intervient en pleine crise économique mondiale.
Placée sous le thème central de «l’investissement agricole et la sécurité alimentaire», cette rencontre requiert évidemment une importance capitale pour le continent noir qui se rend aujourd’hui compte que le secteur agricole constitue incontestablement une source de croissance économique et de progrès social.
L’Algérie, en sa qualité d’acteur de premier rang sur la scène continentale, n’a de cesse, depuis des années, d’œuvrer à la relance de ce secteur stratégique en entreprenant des actions multiformes afin de lever les contraintes rencontrées un peu partout.
Le président Bouteflika, qui compte parmi les cinq initiateurs du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) a toujours suggéré à ses homologues de l’UA que la croissance économique en Afrique passe par la promotion du développement agricole pour éradiquer la faim, réduire la pauvreté, se prémunir contre l’insécurité alimentaire et augmenter les opportunités sur les marchés d’exportation.
Un point de vue qui fait aujourd’hui l’unanimité parmi les dirigeants africains. Selon le président de la commission africaine, Jean Ping, qui intervenait en séance inaugurale, «au vu de ses potentialités et de ses performances de croissance au cours des cinq années qui ont précédé la crise financière mondiale, l’Afrique a les moyens de conquérir et d’asseoir sa place au monde pour s’affirmer comme un partenaire qui compte».
Après un examen succinct des embuches rencontrées çà et là, le diplomate gabonais s’est particulièrement attardé sur les conséquences désastreuses du dérèglement climatique sur la filière agricole en Afrique.
Il rappellera, à ce titre, la pertinence de la plate-forme d’Alger consacrée justement à ce sujet. Un point qui sera dûment développé, encore une fois, au prochain sommet du G8, prévu la semaine prochaine en Italie, et à la conférence de Copenhague sur les changements climatiques au mois de décembre prochain.
Les Africains comptent revendiquer, à ces deux occasions, «des compensations conséquentes pour dommages indirects causés aux économies africaines, l’accès accru et qualitatif au marché financier du Carbone et l’aide à l’acquisition de technologies propres», ajoute Ping.
Intervenant au cours de cette même cérémonie d’ouverture, la représentante du secrétaire général de l’ONU, a dressé un bilan peu reluisant sur la situation de l’agriculture en terre africaine.
«Plus de 265 millions d’Africains souffrent aujourd’hui même de famine», avait-elle souligné en rappelant le recul de la croissance économique du continent de 4,8% en 2008 à 0,9% attend cette année.
Tout en déplorant le peu d’intérêt accordé au secteur agricole, la représentante de Ban Ki-moon a précisé que l’Afrique a négligé ses énormes potentialités en la matière.
«Seulement 5% des terres sont irriguées en Afrique contre 40% en Asie», tient-elle à souligner en appelant les Etats africains à consacrer 10% de leurs budgets annuels à ce secteur névralgique.
Une vision également reprise par le secrétaire général de la Ligue arabe en plaidant pour le raffermissement de la coopération entre les pays arabes et leurs homologues africains.
A ce propos, Amr Moussa a annoncé la création prochaine d’un forum commun pour penser ensemble les modalités pratiques de ce partenariat arabo-africain.
Invité aussi au Sommet de l’UA, le président brésilien, Luis Iniacio Da Silva, au cours d’une courte allocution a pareillement exhorté les leaders africains à prendre exemple sur son pays qui a réussi à se hisser parmi les grands producteurs agricoles.
Il s’est même dit prêt à partager l’expérience et l’expertise de son pays dans ce domaine vital.
Le roi du Qatar, Cheikh Hamed Ben Khalifa Al Thani, n’a pas manqué, non plus, de relever les énormes potentialités agricoles du continent, en mettant l’accent sur la nécessité de les exploiter pour tirer l’Afrique vers le développement et la prospérité.
En somme, tout le monde semble aujourd’hui convaincu que l’essor économique du continent africain passe immanquablement par l’agriculture.