Le chef de la diplomatie égyptienne, Mohamed Kamal Amr avec le secrétaire général de l’OCI, le Turc, Ekmeleddin Ihsanoglu
Le douzième sommet de l’OCI s’est ouvert hier avec en plat de résistance, deux graves crises qui secouent présentement la Syrie et le Mali.
Les dirigeants du monde musulman se réunissaient hier au Caire pour un sommet qui devrait être dominé par la Syrie, en proie depuis bientôt deux ans à un conflit meurtrier, et l’intervention militaire française au Mali. Le sommet, qui s’est ouvert dans l’après-midi d’hier, doit appeler à «un dialogue sérieux entre l’opposition syrienne et des représentants du gouvernement syrien prêts à un changement politique et non impliqués (…) dans la répression» de la révolte en Syrie, selon un projet de résolution dont l’AFP a obtenu copie. Le projet, élaboré par les ministres des Affaires étrangères de 56 membres de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), réunis lundi et mardi au Caire, ajoute que ce dialogue devrait déboucher sur «une transition réalisant les aspirations du peuple syrien à des réformes démocratiques et à un changement» de régime. Tout en soulignant l’importance de respecter «l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Syrie», le projet de résolution fait valoir que «le gouvernement syrien est le principal responsable de la poursuite des violences», qui ont fait plus 60.000 morts en moins de deux ans dans le pays. Dans leur résolution, les ministres n’ont pas mentionné le sort du président syrien Bachar al-Assad, dont le départ est réclamé avec insistance par l’opposition et les monarchies du Golfe, comme l’Arabie saoudite et le Qatar. Mais la présence du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, un allié de la Syrie résolument opposé à l’idée de faire du départ d’Assad une condition préalable à un règlement, est de nature à compliquer les débats durant le sommet, présidé par le chef de l’Etat égyptien Mohamed Morsi. D’autant que le Conseil national syrien (CNS), principale composante de l’opposition, a réaffirmé mardi son rejet de tout dialogue avec le régime de Damas, après une proposition en ce sens du chef de la Coalition de l’opposition, Ahmed Moaz al-Khatib, soutenue par la Ligue arabe et Washington.
Des consultations sont prévues entre l’Egypte, l’Iran, la Turquie et l’Arabie saoudite, membres d’un comité quadripartite chargé de la crise syrienne et formé lors d’un sommet extraordinaire en août 2012 à La Mecque, qui a décidé la suspension de la Syrie de l’OCI. Autre dossier épineux, le Mali est au menu du sommet de l’OCI, dont les membres avaient réagi en rangs dispersés à l’intervention militaire française dans ce pays africain, des pays comme l’Egypte et le Qatar se disant partisans d’une solution politique et non d’un règlement militaire. Au programme du sommet figure une séance consacrée à la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens, un sujet récurrent des réunions de l’OCI depuis sa création en 1969.
La question de l’islamophobie, le sort des minorités musulmanes dans le monde, dont celle des Rohingyas au Myanmar, et la coopération économique dans le monde islamique, un marché de quelque 1,5 milliard d’habitants, seront également abordés. Mais au delà de l’islamophobie, les divisions confessionnelles au sein même du monde islamique se sont manifestées à l’occasion d’une visite sans précédent de M.Ahmadinejad, président du plus grand pays chiite, mardi à Al Azhar, la plus haute autorité théologique de l’islam sunnite. Des responsables d’Al Azhar ont dénoncé des chiites qui «portent atteinte d’une manière inacceptable aux compagnons du Prophète et ses épouses», embarrassant M. Ahmadinejad, qui a plaidé pour «l’unité et la fraternité» entre musulmans. Un Saoudien, Iyad Madani, est en passe de succéder à partir de janvier 2014 à l’actuel secrétaire général de l’OCI, le Turc Ekmeleddin Ihsanoglu.