Sommet de Copenhague : Un accord dans un climat de doute

Sommet de Copenhague : Un accord dans un climat de doute

Après deux semaines de tractations, un sommet à 130 chefs d’Etat et une nuit de discussions serrées, les participants à la conférence de Copenhague ont fini hier par «signer» un accord autour d’ambitions limitées pour lutter contre le réchauffement de la planète.

La conférence a «pris note» hier matin de l’Accord de Copenhague, adopté vendredi soir par les chefs d’Etat de 28 pays industrialisés et émergents. Intervenant devant la presse, Alden Meyer, directeur de l’Union of concerned scientists, a expliqué que le fait que la conférence de l’Onu «prenne note» de ce document lui donne déjà «un statut légal suffisant pour rendre l’accord opérationnel sans avoir besoin de l’approbation des parties». «Ils ont trouvé un moyen de donner une reconnaissance officielle à cet accord d’une manière telle que ceux qui étaient contre ont été persuadés de ne pas s’y opposer», a résumé un expert au Centre climat du Natural Resources Defense Council (Etats-Unis), cité par l’AFP.

Bien que jugé «insuffisant» par le président américain Barack Obama et le chef d’Etat français Nicolas Sarkozy, le document de trois pages à peine fixe comme objectif de limiter le réchauffement planétaire à 2 degrés par rapport aux niveaux pré-industriels.

Pour avoir une chance d’y parvenir, les scientifiques estiment qu’il faut réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’au moins 50% d’ici 2050. Cet objectif a figuré sur l’un des textes de travail qui a été élaboré au cours de la journée mais n’a finalement pas été retenu dans la dernière version. La position de l’Algérie, qui a représenté les pays africains, a été en outre réaffirmée par le chef de la diplomatie, Mourad Medelci, qui a plaidé pour des «engagements clairs» sur la réduction des gaz à effet de serre, estimant que le contenu de la déclaration finale avant son adoption, était en partie considéré «acceptable» à ce niveau.

M. Medelci a estimé que l’objectif de bloquer à plus de 2 degrés l’élévation de la température est «relativement consensuel», même si certains pays ont souhaité que ce soit un peu en deçà de cet objectif.

Certains délégués ayant pris part aux débats ne sont pas allés d’une main morte pour dénoncer cet accord conclu, jugeaient-ils, dans leur dos. Si cet «accord de Copenhague» a suscité des débats houleux, c’est qu’il a été négocié en secret, derrière des portes closes, en contradiction avec les règles multilatérales des Nations unies, par une sorte de G-20 élargi, essentiellement les Etats-Unis, l’Europe, et les grands pays émergents comme la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Brésil, qui sont à eux tous les principaux émetteurs de gaz à effet de serre.

Cet accord a minima appelle les pays industrialisés et les pays en développement à affirmer leurs engagements de réduction de gaz à effet de serre par écrit d’ici à la fin janvier et prévoit des mécanismes garantissant la transparence de leur mise en œuvre. Mais il ne fixe pas de date pour un «pic» au-delà duquel les émissions commenceraient à décroître.

Il prévoit également 30 milliards de dollars à court terme (années 2010, 2011 et 2012), puis une montée en puissance pour arriver à 100 milliards de dollars d’ici à 2020, destinés en priorité aux pays les plus vulnérables afin de les aider à s’adapter aux impacts du dérèglement climatique.

Les ONG environnementales dénoncent un «fiasco»

Les ONG environnementales ont immédiatement dénoncé à l’unisson un véritable fiasco : «Pas de contrainte, aucun objectif à 2020 ni à 2050 : difficile d’imaginer pire conclusion pour la conférence de Copenhague», déplore Greenpeace. Le président de l’ONG Les Amis de la Terre, a dénoncé un «échec abject». «En retardant le passage à l’action, les pays riches ont condamné des millions de pauvres à la faim, la souffrance et la mort avec l’accélération du changement climatique». «C’est une panne du système onusien», a lâché un expert français, qui conseille depuis plusieurs années les pays africains dans les négociations sur le climat.

Pour rappel, le paragraphe stipulant la nécessité d’aboutir à un traité «légalement contraignant» d’ici la conférence climat de Mexico fin 2010, un temps envisagé, ne figure plus dans le document final.

La chancelière allemande Angela Merkel a proposé d’accueillir une conférence de mi-parcours, en juin à Bonn. «C’est d’une tristesse incroyable à l’intérieur de cette salle», déplorait hier un climatologue au sortir de la réunion plénière.

Et de souligner le contraste saisissant avec l’atmosphère prometteuse dans laquelle s’était conclue, il y a deux ans, la conférence de Bali qui avait lancé «la feuille de route» jusqu’à Copenhague. «Ce n’est peut-être pas tout ce que nous espérions, mais cette décision de la conférence des parties est une étape essentielle», a déclaré le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon au cours d’un point de presse.

Synthèse de B. Ch