Pour les autorités de transition somaliennes, cernées par une coalition de mouvements islamistes dans Mogadiscio, chaque jour passé est une minuscule victoire. Acculé dans quelques quartiers au sud de la capitale, le gouvernement d’union nationale (GUN) de Cheikh Sharif Cheikh Ahmed compte ses armes, ses alliés, et s’efforce de résister à la poussée de la coalition des groupes chabab (la « jeunesse ») et Hizbul Islam qui tentent de prendre d’assaut ses positions.
Mercredi 20 mai, l’IGAD, l’organisme régional des pays de la Corne de l’Afrique, qui soutient le GUN avec l’Union africaine, a appelé l’ONU à organiser un blocus maritime et aérien de la Somalie destiné à éviter que les insurgés anti-GUN ne soient ravitaillés en armes. Les chabab contrôlent plusieurs ports de la côte, jusqu’à Kismayo, au sud, et des pistes d’atterrissage.
Alors qu’un tel blocus n’a aucune chance raisonnable d’être mis en place, la réunion d’urgence tenue à Addis-Abeba, en Ethiopie, s’est conclue également par un appel à des sanctions contre l’Erythrée, mise en cause plusieurs fois par des rapports d’experts des Nations unies pour son appui à des factions islamistes somaliennes. « Le gouvernement de l’Erythrée et ses appuis financiers continuent de comploter, de recruter, d’entraîner et d’apporter un soutien financier et matériel à des éléments criminels en Somalie », accuse l’IGAD.
L’organisme régional adopte ainsi le point de vue de l’Ethiopie, en guerre froide avec l’Erythrée, alors que la Somalie demeure un terrain d’affrontement indirect pour les deux voisins. Depuis deux jours, des troupes éthiopiennes ont lancé une incursion en territoire somalien, anticipant l’éventuelle arrivée de combattants chabab dans la zone frontalière (Ethiopie-Somalie), en se refusant d’admettre qu’il puisse s’agir d’une nouvelle invasion de la Somalie, comme en 2006.

Ralliement de milices
Selon des sources concordantes, l’Ethiopie ne compte pas, cette fois, intervenir en Somalie sans soutien international. « Nous n’avons pas l’intention de retourner en Somalie unilatéralement », a affirmé Seyoum Mesfin, le ministre des affaires étrangères éthiopien, à l’issue de la réunion de l’IGAD.
Après plus de dix jours de combats, 50 000 personnes ont fui Mogadiscio, notamment les parties de la ville où les assaillants placent leurs mortiers pour tirer sur la présidence. Mais l’offensive de la coalition chabab-Hizbul Islam marque le pas. Des divisions entre ses responsables sont apparues. Dans le camp adverse, des ralliements de milices sur une base clanique ont été organisés, rassemblant des chefs de guerre, tandis que des armes ont été distribuées avec largesse à la population.