Dans son discours inaugural de la journée d’études sur le thème des «Réformes, réalités et perspectives», qui s’est tenue hier au siège de son parti à Alger, le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Aboudjerra Soltani, a précisé que l’évolution des réformes politiques initiées en Algérie a dévié de son processus, puisque, d’après les échos qui nous parviennent du Parlement, le dialogue sur les réformes s’est retranché sur quelques points anodins, alors qu’en Algérie nous voulons une macro réforme et non des petits replâtrages». «Sinon, comment expliquer le dialogue qui se fait actuellement autour de questions qui ne peuvent nous apporter rien de nouveau : le nomadisme politique, la démission des ministres ou le quota des femmes dans les listes des partis aux élections, ne relèvent pas de priorités.
L’âme des projets de loi a été déviée. Au lieu d’un dialogue politique à même d’assurer l’avenir du pays, on se retrouve en train de fulminer sur des questions qui ne relèvent pas de la réalité du problème», poursuit l’orateur. Avant d’avertir : «Au moment où l’on voit le sang couler autour de nous, une occasion qui ne se répétera jamais nous est offerte pour nous réformer et aller de l’avant…
On a assez payé avec 120 000 morts.» Revenant à la genèse de la déviation du processus des réformes, le président du MSP dira que cet anachronisme revient au fait que deux partis politiques (FLN et RND, ndlr), sont en train de se livrer une bataille sans merci dans la foulée des préparations pour la présidentielle de 2014…
On n’est pas encore en 2014 ! «On ne veut pas être des accompagnateurs de ces réformes, c’est pour cela que nous demandons l’approfondissement de ces réformes et leur radicalisation. Nous avertissons la majorité parlementaire contre la destruction du processus de ces réformes.
Nous avertissons contre l’utilisation de la femme comme une carte politique et électorale… Et nous refusons catégoriquement les réformes partielles que nous voulons globales», dira, par ailleurs, le président du MSP, afin d’avertir la classe politique sur une issue déplorable que peut prendre le processus des réformes en Algérie si on n’y remédie pas en urgence.
«Les spectres d’une révolution nous ont obligés à réformer, alors il faut réformer convenablement pour ne pas rater cette occasion», précisera l’orateur, tout en demandant au président de la République d’accompagner ces réformes jusqu’au bout, puisque c’est lui le seul garant à leur réussite.
Khaled Haddag