Aboudjerra Soltani inaugure le débat sur la révision constitutionnelle. Hier, vendredi, il a plaidé carrément pour la suppression de l’article 31 bis de la Constitution qui consacre, depuis le 28 novembre 2008, le système des quotas au bénéfice de la femme dans la vie publique.
A quelques jours de la Journée mondiale de la femme et deux mois, jour pour jour, de son cinquième congrès, le parti de Soltani, le Mouvement de la société pour la paix, ex- Hamas, a organisé une rencontre sur la question : «La femme et la famille algérienne dans la prochaine Constitution».
Cette manifestation, abritée par le siège du mouvement à El Mouradia à Alger, n’était en réalité qu’une tribune pour Soltani : «L’article 31 bis de la Constitution n’aura en fait qu’imposé le nombre au détriment de la qualité. Il a fait la part belle à la médiocrité comme cela se constate à l’Assemblée.» Le patron du MSP, dont le parti aura été complètement laminé lors des législatives de mai 2012 et des locales de la même année, ne manquera pas de revenir sur ces deux scrutins.
«Rappelez-vous, après les élections, l’on ne cessait de nous répéter à satiété deux choses : que les élections ont eu lieu dans le calme et que, par ailleurs, elles ont permis aux femmes d’accéder à l’Assemblée en nombre considérable. Mais personne ne s’était interrogé si les élections ont eu lieu de manière régulière.» Pour Soltani, le législateur algérien se doit de savoir qu’il n’est pas «en train de légiférer pour des Suisses ou des Allemands.
Il est censé le faire pour les Algériens, la sociéte algérienne qui a ses propres spécificités. En l’occurrence, imposer des quotas, c’est, dans certaines régions du pays où la femme n’est même pas autorisée par son environnement à afficher sa photo sur les listes électorales, encourager la médiocrité. Bien des partis se sont retrouvés dans l’obligation de remplir leurs listes, peu leur importait pour ce faire, la qualité ». L’ex-Hamas qui, pour rappel, avait soutenu, en sa qualité de membre de l’Alliance présidentielle, la révision constitutionnelle de 2008, l’article 31 bis et toutes les lois qui en ont découlé, fait aujourd’hui semblant de «découvrir» la chose.
A la veille d’une autre révision, Soltani, qui a été reçu en consultation par le Premier ministre dans ce cadre justement, enclenche, comme à son habitude, sa surenchère : «J’appelle personnellement à revenir à l’article 29 de la Constitution. Au lieu des quotas, il faut revenir au principe qui consacre l’égalité des chances entre les citoyens. C’est l’environnement global qui pose problème en Algérie et non pas les lois. Car en l’état actuel des choses, rien n’empêche une femme de se retrouver ministre de l’Intérieur ou même que l’on ait une Bent Salah au Sénat ou une Bent Khelifa à l’APN !» Pour Soltani, la ségrégation sur la base de sexe est de fait, en Algérie à partir du moment où «nous avons institué même un ministère de la Famille et de la Condition féminine. C’est valable également pour tous les partis politiques qui, sans exception, ont une commission ou un département chargé de la femme». Dans sa lancée, le chef du MSP s’en prend au code de la nationalité qui, s’il n’était pas amendé, risque de produire une situation où «un Chinois pourrait finir un jour par devenir président de la République algérienne» !
K. A.