Soltani : «Nul ne doit dicter à l’Algérie comment combattre le terrorisme»

Soltani : «Nul ne doit dicter à l’Algérie comment combattre le terrorisme»

Insistant sur la nécessité d’unir toutes les forces vives du pays pour la défense de l’économie nationale et de ses frontières, le président du MSP, Bouguerra Soltani, qui s’est longuement exprimé hier sur la guerre au Mali «et ses répercussions sur l’Algérie», a affirmé que «nul ne peut dicter à notre pays la façon avec laquelle il doit combattre le terrorisme».

Visiblement irrité par les multiples critiques émanant de plusieurs responsables étrangers notamment, à propos de l’assaut de l’Armée algérienne contre les terroristes qui ont investi le site gazier de Tiguentourine (In Amenas) et pris en otage des centaines de personnes, Bouguerra Soltani est catégorique. L’Algérie n’a de leçon à recevoir de personne sur la lutte antiterroriste. «Personne ne peut dicter à l’Algérie les méthodes de lutte contre le terrorisme», a-t-il lancé hier, lors d’une conférence de presse animée au siège du parti au lendemain de la session ordinaire du conseil consultatif du MSP.

«L’intervention des forces spéciales a été intelligente», a jugé Soltani. Car à ses yeux, il ne faut pas donner le temps aux terroristes avec lesquels aucune négociation n’est possible, sinon, ils se seraient évaporés dans le grand désert avec des dizaines d’otages. «Si tu ne tues pas la gerboise dans son trou, elle s’échappe», ironise Soltani, qui a rappelé l’épisode de l’airbus français pour justifier ses propos. Réitérant la position «tranchée» de son parti vis-à-vis du terrorisme islamiste, Soltani a estimé que pour combattre ce phénomène désormais planétaire, il faut répondre par tous les moyens.

Il appellera dans la foulée toutes les forces vives du pays à défendre l’économie et les frontières du pays et faire front uni, car il s’agit «de la souveraineté nationale». Une souveraineté qui ne doit faire l’objet «d’aucun marchandage», a-t-il martelé, tout en se disant même «prêt à s’engager et reprendre les armes pour la défendre». Bouguerra Soltani regrette, cependant, le manque de communication de la part des autorités.

LG Algérie

«La conférence de presse, aujourd’hui (hier, ndlr), de M. Sellal est venue en retard», a-t-il relevé, regrettant que tous les pays, contrairement à nos autorités, se sont exprimés instantanément, «même ceux qui ne sont pas concernés par l’attaque terroriste de Tiguentourine». Pour lui, le peuple a le droit de savoir. «Il est regrettable qu’on soit informés à partir de l’étranger», note-t-il encore, avant de s’incliner à la mémoire des victimes de l’attentat.

La France, «qui a commis une erreur tactique» en s’engageant au Mali, doit en assumer, selon lui, l’entière responsabilité, car «elle nous a mis devant le fait accompli». Alors, complot contre l’Algérie comme le soutiennent certains ? Bouguerra Soltani ne croit pas beaucoup à cette thèse mais admet qu’ «il y a des parties que l’embrasement du sud algérien et la destruction de nos infrastructures arrangent».

«Il y a des gens qui investissent dans ce genre de crises», ajoute encore le responsable du MSP, relevant dans la foulée la dangerosité de la circulation d’armes provenant de Libye à nos frontières. «C’est une bombe à retardement», tranche-t-il, avant d’appeler à la prudence.

S’agissant des questions internes au MSP, et tout en réitérant sa décision de ne pas briguer un 3e mandat à la tête du parti, Soltani a appelé ses opposants au sein du parti notamment, à «faire une lecture positive» de sa décision, qui s’inscrit dans le cadre de «l’ouverture du jeu politique en Algérie». Sa décision est aussi, selon lui, une confirmation de l’indépendance du MSP dont le congrès prochain doit être celui «des idées».

Saïd Mekla