Corruption transnationale”, “corruption en devises”, “tentative de normalisation de la corruption”, “sport national”, “Elle marche dans la rue” : le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), M. Abou-Djerra Soltani, dont le parti a dénoncé le phénomène de la corruption en 2006 avant “d’être rappelé à l’ordre”, n’a pas lésiné hier sur les qualificatifs pour désigner la cascade de scandales qui viennent d’éclabousser la puissante compagnie nationale Sonatrach.
“Quand on a dénoncé la corruption en 2006, nous n’étions pas soutenus, pourtant c’est l’affaire de tous”, a-t-il dit lors d’une conférence de presse animée au siège du parti à Alger. Il reste que la lutte contre ce phénomène est loin d’être une mince affaire, admet-il. “Il ne suffit pas d’avoir des dossiers. Encore faut-il protéger les témoins, les dénonciateurs, les magistrats. En un mot, une justice libre. C’est au premier magistrat d’offrir ces garanties”, a-t-il affirmé. Mais plus fondamentalement, le MSP considère que la corruption est d’essence politique. “En 2010, rappelle Soltani, nous avions pris une initiative politique pour des réformes globales et profondes dont l’Algérie a besoin. Lors de la conférence de 2011, tous étaient convaincus que l’origine de la corruption est d’ordre politique. Il faut donc un traitement politique en profondeur à travers une révision globale de la Constitution (…)”, préconise-t-il.
À la question de savoir si les scandales de corruption qui ont éclaté ces derniers jours procèdent, comme de coutume, de la guerre des clans au sommet du pouvoir, Abou-Djerra Soltani a préféré botter en touche : “Je ne suis pas du renseignement, je ne suis pas Paris (sic)… On l’a cherché en 2006, on s’est fait piquer”, s’est-il contenté de répondre. Abou-Djerra Soltani, qui a décidé de ne pas briguer un autre mandat à la tête du parti, briguera-t-il la magistrature suprême ? “Tant que la Constitution n’est pas prête, il est prématuré de parler de la présidentielle. Et puis, il y a le congrès qui devrait apporter des changements au niveau du parti. Donc, la décision de participer à l’élection présidentielle, de soutenir un candidat ou de présenter notre propre candidat sera tranchée au moment opportun.”
Le MSP a fixé son congrès pour les 1er, 2 et 3 mai prochain. Parmi les objectifs attendus : présentation des alternatives politiques et une vision économique d’avenir, revalorisation de l’exercice politique, amélioration de l’image des partis auprès de l’opinion, moralisation du militantisme et, enfin, la fondation à l’alternance volontaire de l’intérieur des institutions. “Notre grand souhait est que la classe politique prenne conscience que la dualité en cours durant les années de la tragédie est inacceptable désormais. La gestion du pouvoir de ‘ses’ partis et sa tentative de domination des partis de l’opposition en même temps, à travers l’exclusion et la pression, doivent cesser. Il faut que cesse cette vision négative de l’opposition (…)”, a-t-il déclaré par ailleurs.
K K