Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Aboudjerra Soltani, estime qu’«il est désolant de voir le peuple algérien attendre le ministre des Affaires étrangères français s’exprimer pour apprendre ce qui se passe chez-lui».
Mehdi Mehenni – Alger (Le Soir) – S’exprimant, hier, lors d’une conférence de presse tenue au siège du MSP, à Alger, Aboudjerra Soltani a qualifié d’«inacceptable», voire d’«inadmissible », le choix du gouvernement algérien de ne pas communiquer à temps par rapport à l’attaque terroriste sur le complexe gazier de Tiguentourine.
«Il y a un dysfonctionnement qu’il faut résoudre au niveau du gouvernement », a-t-il d’emblée lancé. C’est ainsi que le président du MSP pense que la conférence de presse tenue hier par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, pour communiquer sur l’attaque terroriste perpétrée au complexe gazier de Tiguentourine, n’a pas lieu d’être. «La conférence de presse de Sellal vient en retard, car les gouvernements français, anglais, américain et japonais se sont exprimés à notre place et ont déjà tout dit. Même les pays qui n’ont aucun rapport avec cet incident se sont exprimés sur l’attaque terroriste qui s’est passée sur notre territoire au moment où le gouvernement algérien restait muet…», a-t-il clamé. Par rapport aux arguments avancés par le ministre de la Communication, Mohand Oubelaïd Saïd, sur le choix du gouvernement de maintenir le silence pour ne pas permettre aux ravisseurs de cerner les intentions de l’Armée nationale populaire, Aboudjerra Soltani ne voit pas de rapport : «J’estime qu’il y a une différence entre communiquer sur ce qui s’est passé et sur ce qui va se passer.
Nous n’avons pas demandé au gouvernement de révéler ses intentions ou la stratégie de l’armée de déjouer la tentative terroriste… Mais seulement, nous avons souhaité les entendre s’exprimer sur ce qui s’est déjà passé, c’està- dire le nombre de terroristes et celui des victimes… Mais malheureusement, nous avons dû brancher nos télévisions sur les chaînes étrangères pour avoir des informations. Il est désolant de voir le peuple algérien attendre le ministre des Affaires étrangères français s’exprimer, pour apprendre ce qui se passe chez-lui.» Toujours dans le même chapitre, le président du MSP a signifié que «lorsqu’il s’agit de la souveraineté nationale, l’heure n’est plus au débat politique ou à la divergence des avis ou des positions des partis politiques ou autres, car nous devons tous converger vers une seule démarche même s’il y a des questions qui s’imposent». A savoir, poursuit-t-il, «comment 32 terroristes ont pu franchir la frontière algérienne avec un tel armement de guerre ? C’est un relâchement et cela nécessite l’ouverture d’une enquête mais puisque c’est fait, il faut agir et c’est pour cela que nous soutenons l’intervention militaire de l’Algérie et sa fermeté à ne pas négocier avec les terroristes…».
«Je suis un exemple en alternance politique»
Par ailleurs, et abordant le choix de ne pas se présenter comme candidat à la présidence du MSP lors du cinquième congrès du parti qui se tiendra dans deux ou trois mois, Aboudjerra Soltani a souhaité que sa décision ne soit pas interprétée de manière négative. «Mon choix est uniquement motivé par la volonté de donner une leçon en matière d’alternance politique. En abordant la question avec certains chefs d’autres formations politiques, je leur ai dit qu’après huit ou dix ans à la tête d’un parti, il faut céder le passage et laisser le tour aux autres», a-t-il souligné. C’est ainsi que Aboudjerra Soltani pense que sa démarche permettra de «relancer la scène politique nationale sur de nouvelles bases», de même qu’elle permettra, ajoutera-t-il, «aux dissidents du parti qui voient en ma personne le mal du MSP de revenir et d’unifier les rangs».
M. M.