Soltani ballotté entre l’Alliance et les islamistes

Soltani ballotté entre l’Alliance et les islamistes
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Il compte bien rassembler les islamistes autour de sa personne mais ses chances de succès sont minimes.

Il est des destins que l’on ne peut qualifier que sous des vocables peu flatteurs, tels que brouillé ou déboussolé. En la matière, Bouguerra Soltani, président du MSP, est un cas d’école. Son parcours déjà prête à équivoque. D’imam d’une mosquée à Constantine aux couloirs feutrés du Palais du gouvernement à Alger, son destin ressemble de loin à un politicien qui s’acclimate et s’adapte à toutes les situations. Sauf que Bouguerra Soltani ne sait plus sur quel pied danser. A-t-il perdu la boussole? D’un côté, il appelle à transformer l’Alliance présidentielle en partenariat politique pour sa survie, de l’autre il appelle les islamistes à l’union en perspective des prochaines élections. Voilà un double discours qui peut compromettre l’avenir politique de Soltani. Car, en fin de compte, il est rejeté par les deux camps. S’agit-il d’un calcul politique et d’une perte de repères?

Les calculs politiques se font d’une manière subtile, intelligente et qu’on ne peut déceler que difficilement. Dans le cas de Soltani, s’agit-il purement et simplement d’une perte de repères? Et le prix pourrait être cher.

Et pour cause. A ses dépens, le premier responsable du MSP essuie des revers à chaque sortie. La dernière en date lui a été infligée par le leader islamiste Abdellah Djaballah. Ce dernier a répondu à l’appel de Soltani par un simple: «Vous ne m’intéressez pas.» C’est dire que la mouvance islamiste ne saurait abriter en son sein un parti qui a participé à tous les pouvoirs successifs.

Même du côté de l’Alliance présidentielle, le MSP n’est pas en odeur de sainteté et sa situation est peu enviable.

Il y a quelques mois seulement, le secrétaire général du Rassemblement national démocratique, Ahmed Ouyahia, a manqué de peu de lui demander de quitter l’Alliance.

En réplique à la menace de Soltani de claquer la porte de la coalition, Ouyahia avait lancé que si le MSP est insatisfait, il a le loisir de se retirer en 2012 après l’expiration de l’actuel mandat parlementaire.

Plus offensif, le premier responsable du RND a rappelé à son allié que l’adhésion du MSP à cette alliance était une reconnaissance au défunt Mahfoud Nahnah et à ses engagements au service de l’Algérie. Ouyahia ne s’arrête pas là. Usant de défi, il a ajouté que dans le cas où le MSP se retirait, l’Alliance conserverait la majorité parlementaire.

Depuis, les relations ne sont plus au beau fixe. Même si le MSP ne s’est pas retiré officiellement de l’Alliance, il ne manque pas de renouveler périodiquement ses menaces.

Ses positions à l’APN, allant jusqu’à s’abstenir dans le vote de certains projets de loi de réformes que le FLN et le RND ont avalisés, sont une preuve tangible de cette prise de distance. Mais ce qui désarçonne les observateurs et brouille les visions, c’est l’attitude peu glorieuse du MSP qui garde un pied dans l’Alliance et tend l’autre aux islamistes.