SOLLICITÉES DANS LE CADRE D’UNE ÉVENTUELLE INTERVENTION MILITAIRE ÉTRANGÈRE AU NORD DU MALI
Le business se conjugue souvent, depuis quelques décennies, aux conflits armés. Ce qui a été vérifié en Irak et ailleurs, avec l’installation de sociétés privées de sécurité, et la prolifération de sociétés privées d’armement.
La situation au nord du Mali ne semble pas faire exception. «Le développement de mouvements djihadistes dans la région sahélienne offre de belles opportunités aux sociétés de surveillance aérienne», écrit le site Intelligence, spécialisé dans le monde du renseignement, dans un article intitulé «Sahel : le business de l’insécurité».
Le même site annonce que «des drones Harfang seront positionnés au Niger avant la fin de l’année pour appuyer la probable intervention d’une force africaine au Nord-Mali».
Le recours à des sociétés de surveillance aérienne constitue une sorte de business pour celles-ci et permet aux Etats auteurs de cette sollicitation de ne pas s’engager directement dans un conflit armé et, à la fois, apporter une aide logistique à des parties prenantes de conflits armés.
Dans le cas du nord du Mali, la sollicitation de sociétés de surveillance aérienne, citée par Intelligence, a pour but de localiser les groupes armés en perspective d’une éventuelle intervention militaire dans cette partie du territoire malien. La surveillance des frontières par des sociétés privées est devenue ces dernières années un business hautement profitable. C’est au milieu des années 1990 qu’elles ont trouvé dans ce nouveau créneau des opportunités à gains financiers importants.
«La plus grosse entreprise de sécurité, G4S (dont une partie de l’activité est consacrée à la «gestion» de l’immigration), emploie aujourd’hui près de 650 000 salariés, ce qui en fait le deuxième plus grand employeur privé du monde. Jamais, en effet, les politiques sécuritaires n’ont aussi fructueusement dopé le marché. Frontex, l’agence européenne des frontières, mise en place par l’UE, est emblématique de ce boom – politiquement rentable et financièrement profitable, bien au-delà des pays du Nord», écrit Claire Rodier, dans son livre intitulé Xénophobie Business, paru aux éditons
La Découverte. Si l’information donnée par Intelligence est avérée, des sociétés privées de surveillance aérienne pour le nord du Mali, cela impliquerait un champ d’action aux frontières algériennes et les installations militaires qui y existent. Une source d’inquiétude pour l’Algérie qui ne donne pas la priorité à l’intervention militaire étrangère dans la région.
Par ailleurs, le ministre malien de la Défense et des Anciens combattants, le colonel-major Yamoussa Camara et le représentant spécial de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) au Mali, Cheaka Aboudou Touré, ont, selon un média malien, annoncé, à l’ouverture de la conférence d’harmonisation du concept d’opération de la force internationale pour le
Mali, mardi dernier, que «la guerre est inévitable» au nord du Mali, contre les mouvements islamiques armés.
Interrogé sur la position de l’Algérie quant à une éventuelle intervention militaire étrangère au nord du Mali, le ministre malien, évoquant l’attitude des autorités algériennes, a indiqué que «les dispositions constitutionnelles des uns et des autres limitent souvent l’intervention des armés en dehors de leurs territoires. C’est peut-être dans ce cadre-là que l’Algérie manifeste un peu de réticence».
M. A.