Cela sonne comme une mise au point sèche à l’adresse de l’ancien chef de gouvernement Mouloud Hamrouche qui, depuis février dernier, multiplie les sorties publiques et les appels à l’armée pour investir le terrain politique.
Objet depuis quelques mois d’insistantes sollicitations à jouer un rôle dans le règlement de la crise politique que traverse le pays, l’Armée nationale populaire (ANP) vient de signifier un niet catégorique à s’écarter de ses missions constitutionnelles. “Au lendemain de l’Indépendance, l’ANP, digne héritière de l’ALN, a participé à l’édification et à la gestion des institutions de l’État.
Aujourd’hui, un quart de siècle après l’avènement du pluralisme et son retrait définitif de la scène politique, l’ANP s’est pleinement consacrée à l’édification d’une armée moderne et professionnelle, remplissant ses missions constitutionnelles, en veillant instamment à se prémunir de toute sensibilité et calculs politiques”, est-il écrit dans l’édito de la revue El Djeich du mois de juillet.
“L’accomplissement de ses missions, en toute loyauté, requiert de se conformer rigoureusement à ce que dicte le devoir légal, comme il exige d’avoir conscience que la préservation de l’image et de la place de l’ANP ainsi que sa non-implication dans des questions qui ne le concernent pas et qui n’ont aucun lien avec ses missions et engagements constituent un devoir national qui lui est dicté par l’intérêt suprême de l’État et qui lui imposent les impératifs de garantir son avenir, de défendre ses frontières, de préserver la souveraineté nationale (…) et de renforcer sa défense nationale”, a insisté l’éditorialiste de cette revue.
À bien des égards, cela sonne comme une mise au point sèche à l’adresse de l’ancien chef de gouvernement Mouloud Hamrouche qui, depuis février dernier, multiplie les sorties publiques et les appels à l’armée pour investir le terrain politique. À Béjaïa, le 11 juillet, Mouloud Hamrouche a resservi sa théorie selon laquelle aucun consensus politique ne pourrait se réaliser en Algérie sans l’implication presque tutélaire de l’armée. “Il n’y a aucune chance d’instaurer un système démocratique sans l’aval et le soutien actif de l’armée”, a-t-il affirmé répétant ce qu’il avait déclaré auparavant à Oran et à Laghouat.
Une semaine plus tard, à Constantine cette fois-ci, il revient à la charge pour défendre bec et ongles son idée de la nécessaire association de l’ANP au processus de transition. “L’Armée nationale ne peut-être la base politicosociale de l’Exécutif ou du pouvoir d’autant que nos constituants sociaux s’accommodent mal d’un pouvoir souverain sans contre-pouvoir et sans contrôle”, a-t-il clamé. “Elle doit, ditil, représenter tous les constituants sociaux et toutes les régions et est guidée par sa finalité, à savoir la sécurité de son territoire et de ses intérêts.
De ce fait, elle bénéficie d’un lien indéfectible avec la société, toute la société, et transcende clivages et conjoncture. Ces conditions permettront à l’Armée nationale et populaire d’assurer sereinement et efficacement sa mission et aux autres institutions d’assumer clairement leurs rôles et fonctions”, a-t-il ajouté. Au vrai, l’ancien chef de gouvernement qui, dit-on, compte beaucoup d’amis au sein de l’institution dirigée par Gaïd Salah, ne croit pas du tout au retrait de l’armée du champ politique. “L’armée dans les casernes, c’est pour la consommation seulement. La réalité est toute autre.
Sans l’armée, le gouvernement tomberait en une semaine ou deux. Elle doit se mettre au service de l’État et non du pouvoir”, a-t-il asséné lors de sa virée béjaouie. C’est peut-être cette digression qui a piqué au vif les responsables de l’institution militaire qui se seraient sentis en devoir de faire cette “mise au point” à celui qui s’est toujours targué d’être “un enfant du système”.
Arab Chih