Sollicitée pour le renforcement de ses capacités,L’Algérie va-t-elle prêter au FMI ?

Sollicitée pour le renforcement de ses capacités,L’Algérie va-t-elle prêter au FMI ?

Après avoir sollicité les pays du G20, à conforter son «pare-feu» financier, qui est actuellement de 380 milliards de dollars, le Fonds Monétaire International s’est tourné vers l’Algérie pour le renforcement de ses capacités de prêt.

C’est ce qu’a déclaré, à l’APS, le ministre des Finances, Karim Djoudi, en marge de la réunion de printemps du FMI et de la Banque mondiale.



Si le G20 s’est engagé, vendredi dernier à Washington, à la demande de Lagarde, d’accorder au FMI plus de 430 milliards de dollars de ressources supplémentaires, l’Algérie est sollicitée en tant que «pays doté d’excédents financiers», a expliqué M. Djoudi, alors que d’autres sources d’approvisionnement du FMI, pour arriver à l’objectif initial de 600 milliards de dollars, évoqué en janvier par sa directrice générale, Christine Lagarde, sont à chercher du côté des pays émergents.

Si, actuellement, la liste des contributeurs officiels contient 13 noms, avec en tête la zone euro (200 milliards de dollars) et en queue de peloton la République tchèque (2 milliards), d’autres pays ont tenu à faire preuve de discrétion.

Selon les analystes, il s’agirait des pays émergents – Inde, Brésil, Russie, Chine – dont le soutien, dit-on, n’a pas été sans contrepartie. «Nous avons conditionné les fonds à l’achèvement de la réforme du FMI afin que les pays émergents aient une représentation plus large, cela a été accepté», a révélé le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega.

Ce n’est pas, apparemment, le cas de l’Algérie, loin de ces «réformes», mais qui assujettit son accord aux conditions dans lesquelles cette demande sera proposée. C’est ce qu’a affirmé le ministre algérien des Finances qui explique qu’en absence «d’éléments relatifs aux conditions de cette initiative», l’Algérie n’a pas encore rendu de réponse.

Une réponse qui sera donnée, a fait savoir le premier argentier du pays, avant la tenue de la prochaine assemblée annuelle du FMI et de la BM qui aura lieu en octobre prochain à Tokyo. «Nous avons besoin de savoir si le FMI envisage de réaliser cette opération de renforcement de ses capacités financières à partir de demandes de prêts ou de dépôts rémunérés, ainsi que le rendement qu’il compte proposer ».

Cette demande du FMI, même si ce dernier s’en défend, est régie par l’impact de la crise de la dette en zone euro sur l’économie mondiale qui préoccupe les membres du FMI. Dans son dernier rapport, publié ce samedi, le FMI estime que l’Algérie possèderait 205,2 milliards de dollars de réserves officielles de change, en augmentation de 22,1 milliards de dollars par rapport à 2011, ce qui la place au deuxième rang, après l’Arabie Saoudite, devançant par contre l’Iran.

Ces évaluations du FMI sont en réalité des prévisions de clôture de l’année 2012, et pronostique un matelas de 224,1 milliards de dollars en 2013. Sur ce plan, M. Djoudi a tenu à rappeler que la gestion prudente de ces réserves de change se fonde sur trois critères que sont la préservation de la valeur du capital, la couverture contre les risques de change par le maintien, notamment d’un portefeuille diversifié, et leur liquidité, c’est-à-dire qu’elles peuvent être retirées à tout moment.

La Banque d’Algérie avait indiqué, en août dernier, que les placements des réserves à l’étranger, répartis à environ 98% entre les Etats-Unis et l’Europe, avaient rapporté 4,60 milliards de dollars en 2010 (contre 4,74 milliards de dollars en 2009).

Selon l’institution de Bretton Woods, cette place de l’Algérie, elle la doit, au même titre que les autres pays de la région, au niveau élevé des cours de pétrole, après les événements de Libye et, de manière générale, parce qu’ils ont échappé à l’impact du ralentissement de l’économie mondiale, induit par la crise de la zone euro.

Le FMI a également classé l’Algérie au titre du pays le moins endetté de cette de cette région, indiquant que sa dette extérieure brute ne représentera que 2,4% du PIB en 2012 et 2013 (contre 2,8% en 2011) alors que la moyenne de la dette extérieure dans les pays exportateurs de pétrole de la région MENA est de 22,2% du PIB, avec le Bahreïn et le Soudan, comme mauvais élèves avec respectivement 135,2% et 77,8% du PIB. Concernant la dette publique de l’Algérie, elle devra baisser à 8,9% du PIB en 2012 et à 8,6% en 2013 (contre 9,9% en 2011).

Quant au volet du Commerce extérieur, le FMI table sur des exportations algériennes, essentiellement liées aux hydrocarbures, de 81 milliards de dollars en 2012 et de 78 milliards de dollars en 2013 (contre 76,8 milliards de dollars en 2011), tandis que les importations, toujours en hausse, devraient se chiffrer à 57,4 milliards de dollars en 2012 et à 58,1 milliards de dollars en 2013 (contre 56,6 milliards de dollars en 2011).

Moncef Wafi