Les soldes, qui ne touchent pour l’instant que les vêtements et la bonneterie, sont une nouvelle pratique commerciale chez nous. Les consommateurs, dont la plupart n’y sont pas initiés, ont l’impression de se faire arnaquer. Ce qui est certainement vrai dans beaucoup de cas. On se demande à ce propos pourquoi la majorité des vendeurs n’affichent pas les anciens prix, à côté des nouveaux, comme cela se fait ailleurs.
Pour la plupart des citoyens, la période des soldes n’est qu’une opportunité pour «les commerçants malhonnêtes qui veulent attirer les clients avec des rabais fictifs». «On affiche les soldes de toutes les gammes de produits sur les vitrines des commerces mais une fois à l’intérieur, on est complètement choqués par les prix», nous dit Boualem à la sortie d’un magasin à la place Maurice-Audin. «Il y a quatre mois j’ai payé mon pull de marque à 6 000 DA, aujourd’hui son prix soldé a pratiquement doublé, c’est incroyable !». «Vous devriez éviter si vous ne voulez pas trop alléger votre portefeuille», nous avertit un autre client dans ce même magasin.
Ces avis sont partagés par d’autres personnes. «Tous les articles sont cher ici et ailleurs, de plus, il est très difficile de trouver les tailles des vêtements durant cette période de soldes», affirme Leila d’Alger. Nassima nous dit, pour sa part : «Oui effectivement il est difficile pour les ménages de séparer le bon grain de l’ivraie.
D’autant, qu’il faut toujours comparer nouveau prix et prix initial.» Le processus «solde», reste méconnu par le commun des Algériens, l’idéal est de faire le tour des magasins pour d’abord noter le prix réel hors période des soldes, et comparer ensuite au prix fixé au jour J du début des soldes. Cependant du côté des commerçants, cette pratique est bien étudiée et une démarche commune est adoptée, que ce soit sur Didouche-Mourad, la rue Larbi-Ben-M’hidi, et dans le prolongement de la rue Ferhat-Boussad (ex-Meissonnier) et l’avenue Hassiba-Ben Bouali.
La plupart des devantures de magasins proposent d’alléchants rabais fluctuant entre 20% et 40%, et parfois jusqu’à atteindre le sommet des 60% pour ce qui est des vêtements. Mais ce sont des annonces. Reste à vérifier en comparant avec les prix initiaux. Il n’en demeure pas moins que pour certains ménages particulièrement les amateurs et les amatrices de mode, les soldes constituent un vrai événement.
Les boutiques de la rue Didouche-Mourad étaient noires de monde, hier, comme les jours précédents. Beaucoup de femmes qui ne connaissent rien aux soldes et qui sont attirées par les prix affichés pensent qu’elles vont réaliser de bonnes affaires. Rbiha qui s’apprête à marier sa fille cet été, nous confie : «Je ne connais pas les anciens prix, mais j’ai acheté plusieurs vêtements de qualité ici.» En ce sens, le président de l’Association nationale des commerçants algériens recommande d’«établir avant tout une liste de prix avant les soldes pour éviter l’arnaque».
Selon Hadj Tahar Boulanouar, «le marché informel, l’absence d’une culture des soldes chez les consommateurs et l’inconscience de certains commerçants sont autant de problèmes qui freinent cette activité en Algérie». Il appelle les commerçants algériens à s’impliquer davantage pour promouvoir le produit «made in Algeria», permettant le renforcement de la production nationale.
De même, il dira que «les soldes devraient toucher l’ensemble des secteurs économiques notamment les meubles, les pièces de rechange… et non seulement les vêtements et la bonneterie». D’autant, enchaîne-t-il «qu’aujourd’hui le solde tel qu’il est pratiqué favorise plus l’importation».
Samia Lounes