La filmothèque Mohamed-Zinet a accueilli mercredi soir la manifestation «Coup 2 coeur tout court», une initiative qui vise à donner un aperçu sur les multiples facettes du jeune cinéma allemand actuel.
Ceci entre dans le cadre d’une coopération culturelle algéro-allemande fructueuse déjà installée depuis quelques années en Algérie.
Le public a pu ainsi apprécier environ dix-huit courts métrages des plus intéressants, frais, et saisissants dont certains se voulaient poétiques, drôles, tragiques, surprenants, touchants ou pathétiques.
A travers cette action le Goethe-Institut a proposé en cette soirée du 9 septembre 2009, une série de courts et moyens métrages qui vont de la fiction, à l’expérimental en passant par l’animation.
Toutes ces oeuvres ont été sélectionnées lors des dernières éditions du célèbre Festival de Clermont-Ferrand.
Parmi les 300 films allemands reçus par le festival, le Goethe-Institut en a choisi les meilleurs pour en faire une projection spéciale et faire découvrir ces travaux à Alger lors de cette longue 4e «Soirée allemande».
Parmi ces courts métrages, on citera notamment Quand tout déraille de Kathrin Albers et Jim Lacy.
Un film d’animation de 11 minutes, mettant en scène un accident ferroviaire provoqué par des agents des chemins de fer en gare de Hambourg, lequel n’est qu’un prétexte à une déclaration d’amour au temps des banquettes en skaï et des contrôleurs d’antan.
Samsa de René Lange rend en quatre minutes d’animation, hommage à travers des images sombres, à Franz Kafka.
Un film qui brouille les pistes dans une séquence cauchemardesque qui relate le processus d’écriture de Kafka, où les limites entre la réalité et la fiction tendant à disparaître.
Dimanche d’été de Red Breinersdorfer et Sigi Kamml, nous immerge dans une histoire dramatique de Bruno Hansen, le gardien du gigantesque pont levant de Rethe, situé dans le port de Hambourg.
En l’espace de quelques secondes, il doit faire le choix entre le sacrifice de son fils âgé de sept ans, atteint de surdité et le sauvetage d’un train avec 300 passagers à bord, condamné à dérailler, qui fonce à toute allure sur le pont.
La fin est des plus horribles. Fidélité de matelot de Anna Kalus est une plongée dans la passion dévastatrice d’un marin romantique pour la belle Alwine. Va-t-il finalement pouvoir lâcher sa fiancée morte ?
Des images tendres mais tristes et un visuel des plus romantiques achève à traduire le sublime tragique de cette histoire, une adaptation libre d’un poème de Joachim Ringelnatz (1883-1934), pas très humoristique, le propre même pourtant de cet écrivain, artiste du music-hall et peintre allemand. De l’humour noir peut être ?
Dans un autre registre, de fiction cette fois, Polaire de Michael Koch raconte en 29 minutes les péripéties entre un père et son fils.
Luis fait le voyage dans les montagnes pour rendre visite à son père qu’il n’a pas vu depuis des années. Dans une maison de vacances isolée, il fait la rencontre imprévue de sa nouvelle famille, sa jeune belle-mère et son gosse que le père lui avait caché jusque-là.
Tiraillé entre la colère, l’incompréhension et le désir d’intimité, Luis tente de faire sortir son père de sa réserve pour finalement provoquer le conflit.
Voyage dans la forêt de Jörn Staeger dévoile, image par image, un poème cinématographique numérique sur les forêts allemandes.
Le spectateur suit la trace des arbres pour un voyage à travers les paysages formés par l’homme pour arriver dans la forêt.
Une ode à la beauté de la nature et à ces paysages fantastiques. De la forêt luxuriante jusqu’à son déboisement.
Mite de Karl Tebbe raconte dans un film d’animation très drôle, l’envahissement de la maison de sa grand-mère par d’énormes acariens qui menacent la Terre.
Une sorte de réplique de la Guerre des mondes sous forme humoristique. Merveilleuse nature de Tomer Eshed, montre, pour sa part, deux musaraignes aquatiques qui se battent, manière Matrix pour une femelle.
Hilarant ! Un autre film de fiction qui a séduit quelques-uns, leur rappelant sans doute leur jeunesse est Pâté pour chiens de Till Kleinrt.
L’histoire touchante de deux jeunes qui commettent des larcins par désoeuvrement jusqu’à cette épisode de la grand-mère où un des garçons est sommé d’en rapporter quelque chose en allant fouiller dans sa maison.
Et le déclic s’opère chez ce garçon qui redevient bon en se rendant compte qu’il a outrepassé les limites…
Les temps qui changent de Thomas Oswald est une fiction expérimentale basée beaucoup plus sur la parole car mettant en scène deux hommes discutant de leur vie et leurs anciens idéaux sur le balcon d’un grand immeuble virtuel.
Morbus Bechterew de Lola Rand est l’histoire bizarre d’un homme oisif qui refuse de sortir de chez lui et fait plein de petites choses insignifiantes. Serait-il ce malade imaginaire des temps modernes ?
Autre film déclinant en images d’animation la société autrement, est celui relatif à la vie de ce jeune homme de 29 ans qui décide de changer de vie.
Journal d’un parfait amour de Sebastian Peterson dévoile la vie rocambolesque de cet homme qui croit rencontrer l’amour en cette femme après avoir changé de carrière et de boulot.
Tout semble marcher comme sur des roulettes jusqu’à ce fatal accident qui lui révéla la véritable identité de cette femme… Un robot…
Dans l’ensemble, force est de constater la force créatrice et novatrice des ces films dont les sujets témoigent d’une profonde manne existentialiste.
L’amour, la famille, la solitude, le libre arbitre, la vie, la mort, le travail, l’écologie… autant de thèmes traités avec intelligence et émotion.
Des films, pour beaucoup réalistes, qui racontent notre époque sans désillusion. Un très bon choix de courts métrages.
O. HIND