Sofiane Feghouli n’a qu’un seul objectif pour l’instant, redevenir le Feghouli que tout le monde connaît. Freiné par des blessures à répétition, le Franco-Algérien n’a pu s’imposer à Valence, ce qui a obligé ce club à le prêter à Almeria.
C’est avec ce club qu’il compte reprendre ses forces, et ce n’est qu’après ça qu’il réserve sa réponse pour l’Algérie qui le sollicite depuis une année. C’est que le jeune Franco-Algérien ne veut pas «venir en sélection alors qu’il n’a pas pu s’imposer en club», comme il l’a déclaré à l’envoyé spécial d’Elkhabar Erriadi qui l’a rencontré en Espagne. Nous vous reproduisons les meilleurs extraits de l’entretien qu’il a accordé à nos confrères.
-Sofiane, on est venus d’Algérie pour vous parler…
– (Rire.) Et je suis sûr que vous êtes venus pour me poser la fameuse question de savoir si j’ai opté pour les Bleus ou pour la sélection algérienne. Mais dommage pour vous parce que, pour être sincère, je ne vais pas vous répondre.
– Même pas pour dire si vous êtes d’accord de jouer pour l’Algérie ?
– Ecoutez, le seul et unique problème d’un joueur professionnel, c’est de rester compétitif, et pour le moment, je passe par des moments très difficiles pour être honnête avec vous. C’est pour vous dire que pour le moment, c’est inopportun de réfléchir à la question. Le moment, n’est pas bien choisi. Je préfère être patient, me remettre dans la compétition, retrouver mon réel niveau et décider après si oui ou non je porterai les couleurs du pays de mes parents.
– Mais pourquoi faites-vous la liaison, entre votre manque de fraîcheur physique et votre venue à la sélection algérienne ?
– Et bien, pour moi c’est simple, le joueur qui doit porter les couleurs de son pays doit être au top de son niveau. Il sera dans l’obligation d’apporter le plus attendu de lui. C’est pour cette raison que je constate que Sofiane Feghouli n’est pas ce joueur qui apportera le plus à la sélection, pour la simple raison que je ne suis pas au top de ma forme, j’arrive à peine à m’imposer dans mon équipe qui joue la relégation, alors comment voulez-vous que je m’impose dans une sélection, où les meilleurs joueurs algériens dans le monde sont réunis. Ça serait vraiment difficile là aussi pour arracher ma place.
– Votre réponse ne tardera pas à venir…
– Croyez-moi que ce n’est pas facile, j’ai été blessé, au genou, les derniers temps, et aujourd’hui, je suis en train de revenir doucement mais sûrement. Mon seul souci est bien sûr de revenir au même niveau que quand j’étais à Grenoble. Et ce n’est vraiment pas chose aisée, j’ai beaucoup de travail qui m’attend, et je dois faire face, à plein d’embûches tout au long du périple qu’il me reste à faire
– Mais on vous a vu dans une excellente forme physique ce soir, et vous avez même failli marquer un but ?
– Oui, quand on est en simple spectateur ça paraît aussi simple que ça. Contre le Barça en demi-finales de la coupe du Roi, j’ai senti une forte douleur au pied qui m’a presque empêché de marcher. Cela veut dire que je suis encore très loin de mon niveau. L’important est que je dois rester compétitif les six prochains mois et retrouver ce que j’ai perdu.
– Dans cet entretien que vous nous accordez, vous avez évité, jusqu’ici, de parler de l’Algérie….
– D’abord, il faut que vous sachiez que je ne suis pas prêt à refuser une invitation, si elle se présente et ce que vous ne voulez pas comprendre, c’est que moi je veux jouer le maximum de matchs en championnat avec mon club. Ceux qui me connaissent savent que j’ai énormément régressé et c’est pour cela que je veux redevenir le Feghouli que tout le monde connaît. Donc c’est pour cette raison que je ne peux pas jouer pour la sélection algérienne, avec cette forme physique, et j’aimerais ajouter un truc…
– Allez-y.
– Je veux que tous mes fans en Algérie comprennent que je ne veux pas leur mentir. Pour moi, l’Algérie c’est sacré et c’est une question d’honneur, et on ne peut jouer avec ça ni même avec les sentiments des autres. Si je décide un jour de venir, c’est que vraiment je me sentirai prêt, pour représenter dignement les couleurs de ma chère patrie. Et non pas de venir pour juste être présent, et n’apporter aucun changement à l’équipe.
– Mais, en Algérie, votre nom revient souvent dans les discussions et même Benchikha songe sérieusement à vous convoquer…
– Non, je ne pense pas que Benchikha soit en train de penser à moi. Car l’EN n’ouvre pas ses portes pour les joueurs qui sont des pré-chômeurs comme moi. Le coach n’est pas fou pour me faire appel. Je sais qu’il suit de près tous les joueurs. Il sait ce qu’il fait. C’est pour cela que je ne pense pas trop aux Verts actuellement. Je ne veux pas être un fardeau pour eux.
– En toute franchise, avez-vous fait votre choix, celui de porter les couleurs de la France ou de l’Algérie ?
– Ce n’est pas un souci pour moi. Actuellement, je ne peux jouer ni pour la France ni pour l’Algérie, car je n’ai pas encore retrouvé mon niveau. Croyez-moi, je n’ai pas envie de parler de France ou d’Algérie. Car c’est un dossier très sensible. Je ne veux pas dire plus surtout avec ce quotidien que je vis. Le fait de penser même au choix est reporté. Je dirais même que si j’opte pour l’Algérie, c’est sûr, je ne pourrais pas actuellement porter les couleurs de l’Algérie tant que ça ne va pas bien pour moi.
– Et si vous redeveniez ce Feghouli que tout le monde connaît et que Benchikha vous envoie une convocation, quelle serait votre réponse ?
– J’aurais un autre discours à ce moment-là. Si je retrouve mon niveau et que Benchikha me fasse appel, je viendrai sans problème pour défendre les couleurs de l’Algérie. Ce n’est pas possible que je refuse l’appel de mon pays natal qui est ma grande fierté. Actuellement, je n’ai rien à offrir aux Verts et je ne veux pas mentir aux gens, c’est ma nature. Je ne jouerai jamais dans une équipe où je ne pourrai pas apporter un plus.
– On voulait seulement savoir si vous aimez porter et honorer les couleurs algériennes…
– L’Algérie est mon pays que j’adore. Quand j’entends son nom, j’ai la chair de poule. Je ne trouve pas les mots pour décrire l’amour que je porte à ce pays qui est l’Algérie. Je fais partie des joueurs qui adorent leur pays jusqu’à la moelle. Je ne peux pas refuser le pays dont je fais partie. L’Algérie reste toujours dans le cœur jusqu’à la fin du monde et c’est ce que je ressens pour mon pays.
– Certains ici ne savent pas que vous êtes Algérien…
– Ah bon ! Je ne le sais pas. Sachez que toute personne qui connaît Feghouli Sofiane sait que je suis Algérien et que je suis prêt à mourir pour mon pays. Que ce soit en France et même dans mon club à Valence. Tout le monde connaît mes racines à Tiaret.
– Avez-vous des informations concernant l’EN et les éliminatoires ?
– Je sais que les Verts ont eu un début difficile, mais je n’ai pas de détails. En fait, ma blessure et ce que je vis ont fait que je me replie et me renferme sur le monde extérieur. Les problèmes vécus avec mon ancien club et la blessure que j’ai contractée et le niveau que j’ai actuellement m’ont poussé à rester à l’écart. C’est la raison qui a fait que je ne pouvais pas suivre l’EN.
– Avez-vous vu les rencontres des Verts lors du Mondial sud-africain ?
– Et comment ! J’ai suivi bien sûr le Mondial et je suis un supporter des Verts. Je ne me souviens pas de ces bons moments, car je suivais les matches sous haute tension et à chaque fois je me levais et j’ai même failli casser mon téléviseur. Vous ne pouvez pas imaginer le stress que j’avais à chaque fois que l’Algérie jouait.
– Si on comprend bien, un sentiment très fort vous a envahi lors du Mondial quand l’Algérie disputait ses rendez-vous du premier tour, n’est-ce pas ?
– Croyez-moi, j’étais dans tous mes états, peut-être plus que vous et j’étais au bord de l’explosion quand je suivais le match contre l’Angleterre à la télé ou les autres adversaires des Verts. L’Algérie est gravée dans les cœurs et on l’aime et jamais on refusera de la présenter. C’est ce que je peux dire en ce qui concerne l’EN.
– Vous avez tout dit sur les Verts ou presque. Il reste une question à laquelle vous n’avez pas répondu….
– Quelle question ?
– Vous avez parlé de votre amour de l’Algérie. Vous avez parlé aussi de l’honneur que vous aurez quand vous représentez les Verts à condition de retrouver votre niveau, mais la France dans tout ça ?
– Je ne peux pas nier tout le bien-être que m’a apporté la France. Le pays qui m’a accueilli et qui m’a permis d’être un joueur dans la ligue espagnole. Je ne nie pas tout cela. Mais l’Algérie est mon pays que j’aime, sans oublier bien sûr ce que m’a apporté la France, le pays où je suis né et où habitent mes amis. Mais l’Algérie est dans le cœur pour toujours et c’est le sentiment qui m’envahit quand je parle de mon pays natal.
– Un dernier mot pour clore cet entretien ?
– Comme je l’ai déjà dit, parler de l’EN n’est pas d’actualité maintenant et cela à cause de ma condition physique. Je dis à tous les Algériens et même à Benchikha que je ne refuse pas d’être parmi les Verts. Ça serait même un honneur pour moi, mais j’ai un long chemin à faire pour retrouver mes capacités. Car porter les couleurs nationales est une grande responsabilité et il faut la mériter. Je dois donc être à la hauteur pour satisfaire les attentes. Pour ceux qui m’aiment, je dis que moi aussi je les aime beaucoup. Ce sont les enfants de mon pays et je souhaite du fond du cœur que tout ira dans le bon sens pour l’équipe nationale dans les éliminatoires de la CAN.
– On vous souhaite bonne chance en attendant de vous revoir…
– Incha Allah et merci beaucoup mon frère et je vous souhaite aussi bonne chance.