Vos potes, vos frères, ils vous disent quoi à propos de cette première sélection avec l’Equipe d’Algérie ?
Ils sont très fiers de moi. Vous savez, ma famille et mes amis, pour eux, ce n’est que du bonheur de me voir à la télévision. Que dire alors de ma première avec l’Equipe nationale !
Et vous, vous vous dites quoi quand vous regardez vos matchs à la télévision ?
En fait, je ne le fait pas en tant que spectateur. Je me revois et je cherche plutôt à détecter mes lacunes pour pouvoir m’améliorer par la suite.
Lors de vos derniers matchs, par exemple, qu’avez-vous noté comme lacunes ?
En fait, ici, nous avons la chance de pouvoir parler beaucoup avec l’entraîneur. C’est lui qui, en aparté, nous dit ce qu’on a à corriger, et il nous dit ce qu’on doit améliorer. Il me dit ce qu’il attend de moi et, après sur le terrain, on essaie de changer les choses en mieux.
Sur quels points basez-vous votre entraînement pour progresser personnellement et que faites-vous au juste ?
Pour moi, chaque entraînement est une remise en question. Chaque entraînement me permet de me demander ce que j’ai fait aujourd’hui, ce qui a été bon, ce qui a été moins bon, ce que je dois garder et ce dont je dois me débarrasser pour m’améliorer. Et le lendemain, je répète énormément mes gammes. Je me corrige sans arrêt parce qu’on progresse constamment à chaque entraînement et ce n’est que de cette façon qu’on arrive à atteindre le haut niveau.
Halilhodzic vous a sans doute parlé au téléphone. Sans rentrer dans les détails de la discussion, que vous a-t-il dit en gros ?
Il a été très honnête et très sympa avec moi. On a discuté de la sélection et il m’a demandé comment j’allais. Il n’y a rien eu de particulier en fait. Il m’a juste souhaité bonne chance et on s’est dit à bientôt.
Et avec Raouraoua ?
Sincèrement, j’ai été agréablement surpris par le discours du président. J’ai trouvé en Raouraoua quelqu’un de très respectueux, très paternaliste aussi. J’ai tout de suite eu énormément de respect pour lui. On s’est vus lors d’un dîner à Paris et on a pu échanger. Ça s’est très bien passé tout de suite.
Il vous a bien présenté le projet de l’Equipe nationale pour le futur ?
Oui, Raouraoua est à fond derrière son pays. Je pense que c’est un excellent président. Il m’a mis tout de suite à l’aise et c’est surtout cela que j’ai retenu de notre rencontre.
Aujourd’hui que vous êtes convoqué en Equipe d’Algérie, quelles sont vos ambitions ? Aller au Mondial ou alors gagner la CAN qui nous fuit depuis 1990 ?
Moi, je suis un compétiteur, donc à chaque fois que je joue, c’est pour gagner. Bien sûr, j’aime aussi le beau jeu quand les victoires suivent, car j’estime que c’est en jouant bien et mieux que l’adversaire qu’on a le plus de chance de gagner les matchs. Mon but avec l’Algérie est donc de gagner nos matchs pour pouvoir nous qualifier rapidement à la CAN-2013 dans un premier temps, mais aussi d’aller en Coupe du monde-2014. Voilà, ce sont mes objectifs.
Mais gagner la CAN avec votre génération va être quelque chose de grandiose, non ?
(Il sourit). D’abord, il va nous falloir travailler beaucoup et être constamment solidaires entre nous pour arriver à le faire. Il nous faudra aussi beaucoup d’humilité après chaque victoire afin d’avancer. Et petit à petit, on arrivera inch’Allah à quelque chose de grand.
Comment avez-vous suivi les éliminatoires des Verts en Coupe du monde 2010 ?
J’aurais vraiment aimé partager ces moments avec l’équipe. C’est toujours dur à suivre des matchs de cette envergure quand on n’est pas sur le terrain. Devant la télé, on a toujours beaucoup de pression, c’est comme si j’étais avec eux. C’est quelque chose de magique. J’aurais aimé que l’Algérie fasse un meilleur parcours au Mondial, même si la prestation a été honorable dans l’ensemble. Je pense juste qu’il y avait moyen de faire mieux dans cette Coupe du monde.
Dans quel match avez-vous le plus apprécié le jeu des Verts, que ce soit au Mondial ou lors des éliminatoires ?
En Coupe du monde, comme beaucoup d’Algériens, je pense que c’est ce match contre l’Angleterre qui nous a fait le plus plaisir. On aurait pu l’emporter avec un plus de réussite. Le match nul reste tout de même un très bon résultat. Voilà, aujourd’hui, c’est une nouvelle aventure qui commence avec une nouvelle génération et donc même si ça fait toujours plaisir de reparler du Mondial, il nous faudra penser à reconstruire pour l’avenir.
Vous arrivez en Equipe nationale à un moment très peu favorable. Les supporteurs ne portent plus l’équipe comme ils l’avaient fait lors des éliminatoires. Ne craignez-vous pas trop la pression ?
Je comprends parfaitement la frustration des supporteurs après l’élimination de la CAN-2012. Maintenant, nous avons besoin d’eux pour les échéances à venir et on attend leur soutien dès les premiers matchs amicaux contre la Tunisie et le Cameroun. J’espère donc qu’ils viendront nombreux.
Quel est le style de jeu que vous aimeriez trouver au sein de l’Equipe d’Algérie ?
Ecoutez, avec Vahid Halilhodzic, j’ai vu qu’on a développé un jeu très offensif. C’est ce style de jeu vers l’avant, toujours conquérant, qui me plaît, avec assez de technique. Mais voilà, il ne faut pas oublier de se donner à fond et mouiller le maillot.
Un mot aux supporteurs algériens qui vous aiment ?
Je voudrais dire d’abord à tous les musulmans du monde «Saha aïdkoum» à l’occasion de l’Aïd Al Adha et aux Algériens et aux Algériennes supporteurs des Verts, de rester derrière l’Equipe nationale. J’espère qu’on partagera de très bons moments de bonheur dans le futur, inch’Allah.
———————————————-
Le rêve de sa maman : «Emmener mes quatre fils à Ghazaouet»
La maman de Feghouli est originaire de la sympathique ville de Ghazaouet, non loin de Tlemcen. Bien qu’elle soit née en France, elle a eu à visiter la ville de ses parents à plusieurs reprises. Sofiane, lui, n’a pas eu la chance d’y aller aussi souvent qu’elle. «C’est un voyage que j’aimerais bien refaire bientôt, mais cette fois avec mes quatre gosses ! Emmener mes fils et aller rendre visite à toute la famille. Ce sera pour moi l’occasion de me recueillir sur la tombe de ma mère. Les cousins et les voisins seront certainement ravis de voir Sofiane aller à leur rencontre», nous confia la maman de Sofiane Feghouli.
«En Coupe du monde, nous étions tendus, comme tous les Algériens»
En discutant avec la maman de Sofiane Feghouli, on a pu relever la température qui régnait au domicile familial situé à la rue du Landy, à Saint-Ouen. C’est d’ailleurs la maman en personne qui lèvera un bout du voile, en nous racontant l’ambiance qu’elle a vécue avec ses enfants : «On était tous là, dans ce salon, et bien sûr, Sofiane était aussi scotché à l’écran à chaque match de l’Equipe d’Algérie. On était tendus, comme tous les Algériens et on vibrait avec les Verts. Sofiane ne pouvait pas se maîtriser, bien évidemment. On sentait qu’il aurait aimé être avec eux, sur le terrain. Mais ses principes l’ont empêché de répondre positivement à cet instant.»
«Sofiane aurait bien aimé aller en Coupe du monde, mais… »
Pourquoi ? La réponse vient simultanément de la maman et de son frère Nabil : «Tout simplement parce que Sofiane ne se sentait pas assez prêt pour apporter le plus qu’on attendait de lui, à cause de sa jeunesse et de sa blessure au genou, mais en plus, il savait surtout qu’il allait prendre la place d’un joueur qui avait bataillé des mois et des mois pour qualifier l’équipe. Ce n’est pas comme ça que mon frère voit les choses. Pour lui, l’honneur de mériter une place en Coupe du monde doit s’arracher sur le terrain, non pas en attendant que la bataille soit terminée et en profiter. C’est pour cette raison qu’il a attendu le moment d’être titulaire avec le FC Valence pour être sûr de mériter l’honneur de porter le maillot de l’Equipe d’Algérie.»
——————————-
Sa maman connaît très bien le foot !
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la maman de Sofiane Feghouli est une vraie mordue du foot. Et comment ne pas l’être avec quatre garçons tous aussi fous de foot qu’elle ! En effet, la famille de Sofiane Feghouli respire le football et vit la romance du dernier né avec l’Equipe nationale et le FC Valence, avec beaucoup d’attention. Lors d’une discussion à bâtons rompus avec Habib Bait (le conseiller de son fils), ce dernier lui a fait rappeler comment il avait tenu la charge physiquement avec les joueurs de Liverpool, lorsqu’il les avait affrontés. «Moi, répliqua la maman de Sofiane, il m’avait impressionné un jour quand il était à Grenoble et que son équipe avait affronté le PSG. Sofiane s’était retrouvé devant Armand et il l’a poussé de l’épaule comme s’il le dépassait d’un mètre ! Et dire qu’il n’avait que 20 ans…», a-t-elle répliqué si fière de son enfant.
Il lui a acheté un luxueux appartement
Très attaché à sa famille comme tous les Algériens, Sofiane Feghouli a vite pensé à déplacer sa maman de la cité Emile où elle a fait grandir ses quatre garçons avec beaucoup de réussite, en lui achetant un luxueux appartement, quelques ruelles plus loin, là où il fait bon vivre. En effet, la cité ghetto dans laquelle sa famille habitait ne convenait plus au standing du joueur, surtout avec tous ces jeunes dealers qui quadrillent les quatre coins de la cité. Sans renier ses amis et les habitudes de la cité Emile, qui lui a permis de se forger un caractère en béton, Sofiane a permis à sa maman de vivre désormais dans le calme, tout en gardant les repères habituels. Un geste qui honore le fiston, mais surtout la maman qui a eu beaucoup de mérite en maîtrisant totalement l’éducation de ses enfants. Car dans un décor aussi hostile, il était vraiment peu probable de ne pas virer. Chapeau donc pour la maman et son fiston !
——————————-
Un entourage à 100 % maghrébin
L’entourage le plus proche de Sofiane Feghouli brille par sa diversité maghrébine. Et pour cause ! Il a beaucoup d’amis tunisiens à Saint-Ouen où il a passé son enfance. Son meilleur ami Abou est marocain et son conseiller, Habib Bait, est algérien. Dans la cité Emile où on s’est rendu, on a pu rencontrer également des amis de Sofiane d’origine haïtienne ou sénégalaise. Parmi ses meilleurs potes, il y a aussi un certain Dimitri, un Français dont les parents viennent d’un des pays de l’Est. C’est cela la richesse de la diversité des cités dites «ghettoïsées» en France.
Il fêtera ses 22 ans le 26 décembre
Né en 1989 à Levallois-Perret, Sofiane Feghouli fêtera ses 22 ans le 26 décembre prochain. Pour un joueur de cet âge, il faut reconnaître que c’est très précoce de s’imposer dans un des plus grands clubs de la Liga espagnole. Bosseur acharné, le néo-international algérien n’est qu’au début de sa carrière dans le haut niveau et ambitionne d’aller encore plus haut à l’avenir. Une ambition légitime, propre aux génies de son espèce.
——————————-
Raouraoua lui a offert un maillot floqué de «Feghouli 89»
Raouraoua sait bien comment accueillir les joueurs au sein de l’Equipe d’Algérie. Et pour cause ! Il a eu une idée ingénieuse en offrant un maillot de l’Equipe d’Algérie à Sofiane Feghouli, floqué de son nom et du numéro 89… date de naissance du nouvel attaquant des Verts. Un geste que Sofiane a fortement apprécié. Mais Raouraoua n’a pas fait qu’un heureux dans cette histoire, car ce maillot, Sofiane l’a aussitôt offert à sa chère maman en reconnaissance à tout ce qu’elle a fait pour moi. «Je lui dois tout», nous a-t-il confié. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Aïcha fut très comblée de recevoir le «maillot du pays», comme elle l’appelle si fièrement. «Vous remercierez vivement M. Raouraoua pour ce cadeau. C’est une pure fierté d’avoir le premier maillot de Sofiane avec l’Equipe nationale d’Algérie», nous a-t-elle dit en embrassant le présent, visiblement émue jusqu’aux larmes.
——————————-
Patrick Vieira en pince pour Feghouli
Lors du match Valence FC-Leverkusen en Ligue des champions (3-1), il y avait dans les tribunes officielles du stade Mestalla plusieurs superviseurs et recruteurs des grands clubs européens. Parmi eux, Patrick Vieira, l’ancien international français, qui apprend le métier de manager auprès du chargé de cette délicate mission à Manchester City. Un proche de Vieira nous a appris à la fin du match que le champion du monde 98 a vivement apprécie la prestation du jeune Sofiane Feghouli. Cette déclaration n’a rien d’une fleur jetée par sympathie en direction de l’international algérien, quand on sait que Manchester City avait approché le joueur, bien avant qu’il signe à Valence. Affaire à suivre…
——————————-
Feghouli très proche de Medhi Lacen
Sofiane Feghouli a beaucoup encensé Medhi Lacen lors de notre entrevue. Il en parlait avec énormément de sympathie, à tel point qu’il ne laissait aucun doute quant à leur amitié naissante. Nouvellement arrivé en Equipe nationale, Sofiane Feghouli a sans doute trouvé son partenaire de chambre. Ils parlent tous les deux l’espagnol et vivent dans la même culture. A moins que l’âge ne vienne se mêler entre les deux «Espagnols» des Verts pour envoyer Feghouli dans la chambre de Boudebouz qui se sent un peu seul, depuis la mise à l’écart de son ami Djamel Abdoun.
——————————-
Abdessamad, la première victime de Feghouli
Abdessamad est un des amis d’enfance du quartier Emile où a grandi Sofiane Feghouli. Il est plus âgé que l’actuel attaquant du FC Valence de près de 10 ans. Pourquoi on en parle ? Tout simplement parce que c’est lui qui a découvert, en exclusivité mondiale, le talent de Sofiane Feghouli. Comment ? C’est Nabil, un des frères Feghouli, qui nous en parle le mieux : «On était sur le terrain de la cité et on jouait chacun pour sa tête. Sofiane était encore tout petit et on ne savait pas encore qu’il avait des prédispositions pour jouer au foot. Il y avait en face de lui un ami qui s’appelle Abdessamad. Sofiane s’est approché de lui avec le ballon et lui a fait un passement de jambes si bien travaillé qu’il l’a envoyé balader d’une feinte extraordinaire, avant de tirer au but puissamment. Moi, derrière, j’étais stupéfait.» Depuis ce geste, le pauvre Abdessamad passe pour la première victime du talent de Sofiane Feghouli !
——————————-
Match plein de Feghouli dans le derby
Le néo-international algérien Sofiane Feghouli continue son ascension fulgurante avec sa formation espagnole de Valence. En effet, le joueur a été une nouvelle fois titularisé samedi dernier, lors du grand derby face à Levante et qui a vu le FC Valence l’emporter logiquement sur le score de 2-0. Une fois de plus, Feghouli a sorti un excellent match, apportant à plusieurs reprises son apport offensif à l’équipe. Très entreprenant et efficace dans ses dribbles, l’Algérien a raté toutefois deux occasions nettes de scorer. Bien que satisfait de sa prestation, l’entraîneur du club, Unai Emery, l’a néanmoins remplacé à la 82’ par son camarade Pablo Hernandez. Avec cette nouvelle victoire, Valence conforte sa troisième place au classement derrière les intouchables, le Real Madrid et le FC Barcelone.