Sodas algériens ou tunisiens : les boissons identitaires en plein boom en France

Sodas algériens ou tunisiens : les boissons identitaires en plein boom en France

Ces sodas sont aujourd’hui essentiellement vendus dans les circuits traditionnels comme les boucheries halal.

Boissons aux dattes, sodas algériens, tunisiens, canettes aux couleurs des pays du Maghreb, le marché des sodas identitaires est en pleine expansion ces dernières années en France.

Comme ils ne boivent pas d’alcool, les musulmans sont de grands consommateurs de boissons sucrées : 95 % des foyers d’origine maghrébine achètent des sodas et 67 % des sodas identitaires, rapporte Abbas Bendali, directeur du cabinet Solis, spécialiste du marketing ethnique.

Il y a d’un côté les Algériens, Tunisiens ou Marocains qui veulent retrouver les goûts de leur pays d’origine en France ; et de l’autre les jeunes, nés en France, qui ont découvert ces boissons lors de vacances et qui les boivent pour garder un lien, analyse Abbas Bendali.

Hamoud Boualem, fondée en 1878, est un des poids lourds du marché avec son « coca » algérien, le Selecto, à l’essence de pommes. On trouve aussi le Boga tunisien ou l’eau d’Ifri, qui provient des montagnes de Kabylie.

Les géants des boissons sucrées sont également positionnés sur le marché, à l’image de Coca-Cola qui a introduit le soda tropical marocain Hawaï en 2011 sur le marché français. Pepsico est aussi présent avec le Mirinda.

Toutes ces boissons sont aujourd’hui essentiellement vendues dans les circuits traditionnels comme les boucheries halal, raison pour laquelle il est assez difficile de récolter des chiffres de ventes, explique M. Bendali.

Mais la demande est exponentielle et la grande distribution ou les snacks de type kebab se mettent à les distribuer, assure-t-il.

De plus modestes entreprises se positionnent donc sur ce créneau porteur. Au Halal Expo, qui se tenait cette semaine à Paris, certains venaient présenter leurs produits.

Comme ces entrepreneurs lyonnais qui se lancent avec des « Sweety drink », eau gazéifiée aromatisée melon, ananas ou citron, etc. et vendue dans des canettes transparentes.

Le Liban

La marque libanaise Freez, présente en France depuis 2009, propose, elle, des jus de fruits gazéifiés aux couleurs fluo, avec des bouteilles proches des boissons alcoolisées prisées de la jeunesse.

Ces sodas sont beaucoup consommés hors foyer, dans des bars à chicha par exemple. Car « on est face à une population très jeune », commente-t-on au cabinet Solis.

Enfin, les observateurs voient l’émergence de « vin » ou « champagne » sans alcool certifiés halal. Les Belges de Night Orient ont par exemple vu leurs ventes progresser de 25 % en 2012.

Le grand fabricant de vins catalan Freixenet propose aussi depuis cette année des « vins » halal. « Il a fallu construire des chaînes de production spécifiques qui n’ont jamais servi à la production de vin » avec alcool, raconte le commercial espagnol venu au Halal Expo.

Leur cible ? L’Espagne, les pays du Golfe, le Maroc, l’Algérie, l’Indonésie et la France.

« La communauté musulmane veut de plus en plus avoir accès à tous les produits festifs qui compensent le fait qu’il n’y ait pas d’alcool », expliquent William et Hanani Diome, un couple mixte qui a ouvert en décembre « Jasmin », un supermarché et un restaurant halal à Rouen.