La firme québécoise SNC-Lavalin, l’un des plus importants groupes d’ingénierie et de construction au monde, aurait fait un mystérieux paiement à deux cadres algériens en passant par le Panama.
Dans une enquête réalisée par le quotidien tabloïd québécois « le Journal de Montréal », en plus d’avoir payé des pots-de-vin pour obtenir des contrats en Libye, SNC-Lavalin aurait également fait un paiement douteux de 7,5 M$ à destination de l’Algérie, révèlent des documents consultés par le Bureau d’enquête du même journal.
« Le Journal de Montréal » qui a publié l’enquête aujourd’hui a affirmé que « Sami Bebawi (l’ex-vice-président de SNC) a été reconnu coupable, dimanche, de cinq chefs de fraude et de corruption relativement au versement de pots-de-vin en Libye. L’argent qui lui avait été fourni par SNC-Lavalin pour le versement des pots-de-vin en Libye a transité par une société-écran, de la même façon que les sommes à destination de l’Algérie ».
Selon l’enquête menée par ce journal québécois les documents présentés lors du procès de Sami Bebawi, confirment que l’entreprise a déposé cette somme dans le compte d’une compagnie coquille au Panama. Cette somme de 7,5 M$ servait à rémunérer secrètement deux cadres, soit Bebawi et Raymond Fortin, présenté comme le directeur de SNC-Lavalin en Algérie, selon la même source.
Lors d’un interrogatoire mené par les autorités suisses en 2012, le banquier Hervé Siegris a expliqué que « C’était une rémunération exceptionnelle versée par SNC-Lavalin à un de ses directeurs », avant de poursuivre que « SNC-Lavalin est présente en Algérie depuis l’indépendance en 1962 et est très active dans ce marché ».
Par ailleurs, la même source affirme que la date du versement à la société panaméenne Salomé Associates Corp, n’est pas précisée dans les documents de la cour.
Dans ses investigations, « Le Journal de Montréal » est arrivé jusqu’à l’affaire de Farid Bedjaoui. En effet, le témoignage du banquier suisse soulève plusieurs questions sur les activités de SNC-Lavalin en Algérie. « Siegrist révèle que Sami Bebawi lui aurait présenté Farid Bedjaoui, un homme d’affaires algérien, diplômé de HEC Montréal, très proche des hautes sphères du pouvoir algérien » selon le journal.
« Bedjaoui a été condamné à plus de cinq ans de prison en Italie, l’an dernier, pour avoir facilité l’obtention de contrats par l’italienne Saipem auprès de la pétrolière algérienne Sonatrach. Il aurait reçu des pots-de-vin en échange de ces contrats » continu le journal.
L’ancien cadre de SNC, Riadh Ben Aïssa, a appuyé la thèse de la corruption de la firme en Algérie, lors de son témoignage dans le procès de Bebawi. En effet, selon le journal Ben Aïssa a affirmé que « Sami Bebawi l’aurait convoqué au Caire, en Égypte, à la fin des années 1990. Il lui aurait alors dit vouloir instaurer en Libye un système similaire à celui déjà existant en Algérie pour SNC-Lavalin ». Et que « Ce système était basé sur le versement de bonus secrets pour les cadres » selon Ben Aïssa.
Les pots-de-vin ont commencé à être versés en Libye peu de temps après cette rencontre, conclu l’article.