Plusieurs chaînes radio et télévision canadiennes, notamment Radio Canada et TVA, reprenaient en boucle l’information sur la perquisition des locaux de SNC Lavalin à Alger. On souligne que pendant 8 heures, les employés étaient retenus dans leurs bureaux respectifs pendant l’opération.
Des ordinateurs ont été saisis par les services de sécurité pour enquête. SNC Lavalin a «collaboré avec les autorités algériennes lors de leurs investigations» et promet de les aider à trouver «toute information qui pourrait être pertinente», afin de «résoudre le tout le plus rapidement possible», a écrit la porte-parole de la société dans un message électronique adressé à Radio Canada, refusant toutefois de commenter davantage l’affaire.
Au bureau de SNC Lavalin à Alger, les responsables évitent tout contact avec les médias et tentent plutôt de rassurer leurs partenaires.
Car, la société gère encore certains chantiers en Algérie et ses responsables cherchent constamment à garder des relations moins tendues aussi bien avec les maîtres d’oeuvre qu’avec les fournisseurs de services et d’équipements.
Cette affaire resserre encore l’étau autour de l’ancien ministre de l’Energie Chakib Khelil, soupçonné d’avoir perçu des commissions pour l’attribution de gros marchés dans le secteur.
La police québécoise avait relevé plusieurs versements effectués en 2009 par SNC Lavalin, pour la conclusion de contrats gaziers en Algérie. Ces versements avaient atterri dans des comptes ouverts au nom de Farid Bedjaoui, proche de Chakib Khelil, qui apparaît dans toutes les affaires montées avec la compagnie canadienne et sa rivale italienne, Saipem.
L’enquête ouverte en Algérie dans le cadre de Sonatrach II touche, pour la première fois, une filiale du groupe énergétique public, Sharikat Kahraba Hadjeret Ennous (SKH, Spa),qui est une société mixte détenue par la Sonatrach et la Sonelgaz, du côté algérien et SNC Lavalin et l’émirati Mubadala.
Même si le patron de la Sonelgaz ne cesse de défendre ses positions sur cette affaire, les enquêteurs ne peuvent ignorer les failles exploitées par la compagnie canadienne dans cette association. Mais, dans le volumineux dossier de SNC Lavalin, Hadjret Ennous n’est qu’une simple goutte dans l’océan des marchés octroyés par la Sonatrach du temps de Chakib Khelil.
Le plus impressionnant est, sans doute, le contrat de la construction de la nouvelle ville de Hassi Messaoud qui a été annulé à deux reprises par les hautes autorités du pays.
Il y a aussi le dossier du projet de développement des champs d’hydrocarbures de Rhourde Nouss (Quartzites de Hamra) qui laisse apparaître les traces de Chakib Khelil. En juillet 2008, la Sonatrach avait signé des contrats de FEED compétitifs, exclusivement entre Saipem et SNC Lavalin, pour le développement de ces champs. La société canadienne l’a remporté pour un montant équivalent à un milliard de dollars.
Mokhtar Benzaki