Islam Slimani est revenu à tête reposée sur le dernier Mali-Algérie. Il évoque ici sa prestation, ses buts et ses ambitions. Entretien !
Savez-vous qu’en dépit de la défaite, les supporters de l’EN sont unanimes à louer votre rendement lors de ce Mali-Algérie ?
J’en ai eu quelques échos effectivement. Je suis très heureux du soutien que me portent les supporters. Ça me va droit au cœur. J’en ai d’autant plus besoin.
Vous avez dû éprouver des difficultés à terminer le match, compte tenu des conditions climatiques, n’est-ce pas ?
Un petit peu, en effet. A un moment donné, on arrivait à peine à respirer. Mais j’ai essayé de tenir le coup. Nous avons beaucoup travaillé durant les jours qui ont précédé le match de manière à supporter l’humidité. On savait que ça n’allait pas être facile. Le sélectionneur avait prévu ça.
Vous avez inscrit deux buts en deux matchs, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
J’en suis fier. Il était très important de débuter avec un but. Moi, j’ai eu la chance d’en marquer deux en deux matches. Ça me met en confiance.
Qu’avez-vous ressenti après votre ouverture du score face au Mali ?
Un bonheur indescriptible ! Il fallait être à ma place pour comprendre ça. Je ne m’attendais pas à marquer si tôt lors de ce match.
Si vous deviez choisir entre les deux buts, lequel préfériez-vous ?
Ils sont tous les deux importants. Face au Rwanda, j’ai inscrit mon premier but en sélection et en match officiel de surcroît. Celui du Mali, je l’ai marqué à l’extérieur face à un adversaire de haut rang. Cela pour vous dire qu’ils ont tous les deux une place importante dans mon cœur.
Le sélectionneur vous a accordé une journée de repos une fois de retour du Burkina Faso, vous en aviez sans doute besoin, n’est-ce pas ?
Absolument. On avait besoin de souffler, de se changer un peu les idées. Personnellement, le fait de replonger dans l’ambiance familiale, de retrouver mes amis m’a fait beaucoup de bien. Je crois que c’est le cas de tout le monde. Ceci va en tous les cas nous permettre de recharger les batteries et s’attaquer à la Gambie.
En parlant de la Gambie, vous sentez-vous prêt pour le match ?
Bien sûr. J’y pense tout le temps. J’essaye de faire en sorte d’être prêt physiquement et mentalement pour cette rencontre. C’est le cas d’ailleurs de tout le monde. C’est un match très important. Nous mesurons l’importance de la tâche qui nous attend. Nous allons, par conséquent, faire de notre mieux pour sortir vainqueurs de cette confrontation.
Le fait d’avoir remporté le match aller à Banjul vous laisse-t-il penser que cette seconde manche est dans vos cordes ?
Pas du tout ! Il ne faut pas raisonner ainsi. La Gambie n’a plus rien à perdre. Elle va sans doute jouer son va-tout dans ce match. C’est qui me laisse penser que l’opposition va être très serrée. Il faut faire très attention.
La défaite face au Mali ne risque-t-elle pas de se faire ressentir ?
Aucun risque. On sait faire la part des choses. Là, il s’agit d’un autre match, d’une autre compétition. Il ne faut pas se laisser submerger par les remords. Le match du Mali fait déjà partie du passé. Il faut se concentrer sur celui face à la Gambie. Ce sont deux joutes différentes.
On évoque avec insistance votre départ du CRB cet été, avez-vous tranché ou pas encore ?
Pas encore. Comme je l’ai déjà déclaré, toute mon attention est focalisée sur la sélection. J’en parlerai au moment voulu. Je pense que j’ai suffisamment de temps pour y réfléchir et éventuellement trancher.
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Menad : «Slimani a toutes les qualités pour postuler en force en pointe de l’attaque de l’EN»
Qui mieux pour nous parler de la nouvelle perle des Verts, Islam Slimani, que son entraîneur au CRB a eue sous sa coupe la saison dernière ? Djamel Menad n’est pas très surpris des performances de son attaquant en sélection. «Je le connais, je sais de quoi il est capable, j’attendais qu’on lui donne cette chance», nous a-t-il dit. L’ex-entraîneur du Chabab nous parle ici du nouveau buteur des Verts, de ses défauts, de ses qualités et de ses performances avec la sélection nationale.
Dites-nous d’abord comment vous avez trouvé Islam Slimani, votre attaquant au CRB, dimanche dernier face au Mali ?
Dans l’ensemble, il a été bon. Je pense que pour un début, il a fait l’essentiel dans la mesure où il a réussi à marquer. C’est ce qu’on attend toujours d’un attaquant, même s’il a raté une autre occasion qui aurait pu être le tournant de ce match. Il s’est battu, il s’est donné à fond et il a énormément gêné les défenseurs maliens. Dommage, il était un peu isolé. En deuxième mi-temps, il a dû payer les efforts fournis en première période, et avec la chaleur et l’humidité, il n’était pas évident pour lui de tenir le coup. Mais globalement, j’ai été personnellement très satisfait de son rendement, et je pense que le sélectionneur national l’a été également.
Quand vous dites qu’il était un peu isolé, cela veut dire quoi ?
Vous avez bien constaté qu’en première mi-temps, il avait constitué un danger permanent pour la défense malienne. Tout simplement parce qu’il recevait assez de ballons. Ce n’était pas le cas en deuxième mi-temps où moins de ballons lui parvenaient. Cela s’explique par la fatigue et la baisse de régime de quelques milieux de terrain, à l’image de Boudebouz qui n’était pas du tout dans le coup. Le seul qui avait réussi plus ou moins à tenir le rythme, c’est Kadir, mais c’était insuffisant. Quand je dis qu’il était un peu isolé, ce n’est par rapport à la stratégie de jeu que j’ai trouvée intéressante. C’est parce que quelques joueurs, sans doute gagnés par la fatigue, n’étaient plus en mesure d’alimenter Slimani en bons ballons.
Vous qui vous le connaissez assez bien, vous attendiez-vous à une telle performance de sa part ?
Cela ne m’a pas surpris, et j’ai été très content pour lui. Je le connais et je sais qu’il a de grandes qualités d’un attaquant, d’un vrai chasseur de buts. Cette saison, je l’ai bien suivi, il a beaucoup progressé. Ce n’est pas le Slimani de la saison précédente, je crois que tout le monde l’aura remarqué, et c’est ce qui explique d’ailleurs sa convocation en Equipe nationale. J’attendais qu’on lui donne cette chance et il l’a eue. Je pense qu’il n’a pas déçu, il a même gagné beaucoup de points. Cela dit, ce n’est qu’un début, il doit travailler encore, car il a encore une bonne marge de progression.
Vous avez reconnu votre joueur face au Mali ?
Bien sûr que oui. Avec les mêmes qualités et les mêmes défauts.
Justement, quels sont ses défauts ?
Bien évidemment, comme tous les attaquants, il a quelques petits défauts qu’il doit corriger. Le défaut majeur que j’ai décelé en lui, c’est son manque de lucidité. Vous avez bien vu lors de l’occasion qu’il avait ratée face au Mali, celle qui a suivi son premier but, qu’il a manqué un peu de maîtrise. Avec un peu plus de lucidité, il aurait pu cadrer sa balle et elle aurait fini dedans. Mais je ne peux lui en vouloir dans un match de cette envergure, lui qui manque encore d’expérience à ce niveau. Ce qu’il a fait est déjà pas mal.
Il a tendance à rater beaucoup d’occasions à cause de son manque de lucidité ?
Oui, il aurait pu marquer plus de buts en championnat. C’est que je lui reprochais au CRB et je n’ai pas arrêté d’attirer son attention là-dessus. Il a aussi un autre défaut, c’est qu’il a tendance à déserter sa zone en pointe de l’attaque. Tantôt il va à droite, tantôt il va à gauche. De cette manière, il se disperse un peu. Je sais qu’il le fait pour faire des appels et aller chercher le ballon, mais pour moi, il doit rester toujours dans l’axe. Au CRB, je lui disais de rester dans l’axe et d’être patient, c’est là où il est le plus efficace.
Et quels sont ses points forts ?
Il a un très bon jeu de tête, il a l’instinct du but, il est efficace, il a une bonne technique et se débrouille très bien balle au pied. Son gabarit lui permet aussi de gagner des duels. C’est aussi un bon remiseur.
Selon vous, est-ce qu’il est assez costaud mentalement pour assumer une aussi grande responsabilité en pointe de l’attaque de la sélection nationale ?
Il l’est, surtout après ses deux dernières sorties avec l’Equipe nationale. Vous savez très bien qu’il est important, pour un nouveau joueur en sélection, de réussir ses débuts. Slimani a réussi à marquer lors de son premier math contre le Rwanda et il a récidivé face au Mali. Vous ne pouvez pas savoir à quel point il a gagné en confiance. Sur le plan mental, c’est très important. Le connaissant, je dirais que oui, il est capable d’assumer une telle responsabilité.
Vous savez très bien que l’Equipe nationale a souffert pendant des années de l’absence d’attaquants efficaces, c’est même un des plus grands soucis de la sélection. Pensez-vous que Slimani pourrait-être la solution ?
Encore une fois, oui, et je pèse bien mes mots. J’ai eu l’occasion de travailler avec lui et de le connaître. C’est un garçon qui a beaucoup de qualités techniques et morales qui lui permettent de postuler à ce poste. Encore une fois, il doit travailler encore.