Le retour a été grandiose, tout comme son projet « L’Algérie unie par la musique », mais surtout le spectacle fabuleux qu’a donné Hamid Baroudi, vendredi soir, à la salle Ibn Zeydoun, à la faveur de la sixième édition du Festival international « Été en musique à Alger ».
Le retour a été grandiose, tout comme son projet « L’Algérie unie par la musique », mais surtout le spectacle fabuleux qu’a donné Hamid Baroudi, vendredi soir, à la salle Ibn Zeydoun, à la faveur de la sixième édition du Festival international « Été en musique à Alger ».
Hamid Baroudi a prouvé la réussite du talent algérien, lui qui a commencé à rêver musique à Tiaret, sa ville natale, pour enfin lancer sa carrière dans les grandes villes, comme Alger et Oran, avant de partir s’installer en Allemagne.
L’artiste a effectué de nombreux voyages, le premier à caractère temporel.
En effet, Hamid a gratifié le nombreux public d’un florilège de ses chansons qui ont marqué des générations aux années 1980 et 1990, une époque pas si lointaine durant laquelle l’Algérien avait énormément besoin d’un brin d’espoir, retrouvé lorsque les circonstances le permettaient dans la voix cristalline de Hamid Baroudi.
Le deuxième voyage est d’ordre géographique, émotionnel, ainsi que patriotique. Hamid Baroudi a invité des artistes des quatre coins du pays, à l’exemple de Kawakib de Ténès, le groupe El-Widad de la Grande Kabyle, ainsi que des filles de l’ouest du pays pour les initier à chanter ensemble l’amour de l’Algérie, ainsi que pour gratifier le grand public d’un tableau musical du patrimoine algérien.
Des chansons du terroir séculaire musical algérien ont été interprétées par les jeunes talents, à l’instar de Chamaâ de Kamel Messaoudi, Essendou, pour la beauté et la sorcellerie de la chanson kabyle, ou encore Ba rdhak du patrimoine musical égyptien.
Le troisième voyage, plus profond et laborieux, pour retrouver le talent algérien, à travers l’initiative de son projet «L’Algérie unie par la musique», qui est également le slogan de la cinquième édition du Festival «Été en musique à Alger». Hamid Baroudi a partagé son succès, son expérience et son temps avec des jeunes musiciens algériens qui font leurs premiers grands pas dans le chemin de la création.
Des formations musicales de différentes villes du pays sont soutenues par un orchestre «balaise», composé de plusieurs instruments anciens et contemporaines, du qanoun à la batterie, du mandole à la basse, et du luth à la guitare électrique et du violon et du violoncelle à la derbouka.
Face à un public chauffé à blanc par les talentueux musiciens qui ont précédé le show du grand artiste, Hamid a fait une entrée des plus spectaculaires en entrant sur scène au moment où l’animateur parlait de ses succès précédents.
Avec une intro rythmique sous les chants de Yellali, ceux qui ont décidé de se rendre à la sixième soirée du festival «Été en musique à Alger» ont vite su que la soirée s’annonce ambiante et chaleureuses face à ceux qui applaudissaient, fredonnaient et chantaient en chœur cette musique qui fait bouger tout le corps.
Annonçant la chanson qui va suivre, Hamid a lâché des phrases philosophiques très profondes qui ont gagné la même attention que celle de ses chansons, à l’exemple de Hakmet lekdar.
En effet, le sort a bien voulu que Hamid Baroudi revient en Algérie après une longue immigration dans un pays où il fait trop froid, avec un seul objectif : retrouver la chaleur du pays et de ses enfants pour un projet d’union à travers la musique, ce langage universel qui unit les peuples et sème la paix, qui panse les blessures et qui libère les esprits.
Chanson marquante de la musique contemporaine algérienne, Hakmet lekdar a été le prélude de l’annonce émotive de la prochaine chanson, celle du regretté de la chanson chaàbie, l’auteur Mahboub Bati.
Déclarant que le talent algérien demeure unique en son genre, il a magistralement interprété El-Bareh dont le nom reste lié à El-Hachemi Guerrouabi, cette chanson tristement et joliment nostalgique a plongé le public dans un moment de transe.
Hamid Baroudi a enchaîné, par la suite, avec certains de ses tubes, à l’exemple de Djouala, avant de marquer les esprits sincères par la chanson Koulili ou Ya yema en déclarant, face à un tonnerre d’applaudissements et de youyous, que l’Algérie est sa première mère, ex-aequo avec sa mère biologique.
Chanson qui relate les souffrances ancestrales de l’Algérie pour garder sa dignité et sa souveraineté, et crier haut et fort sa liberté.
Le paroxysme de l’émotion et de l’ambiance a été atteint lors de l’interprétation de son succès planétaire Caravane to Baghdad, chanson d’anthologie dont des générations se souviennent de ses paroles, de sa mélodie, de son clip surtout, mais aussi de son succès qui a cartonné dans de nombreux pays.
De formation cinématographique, Hamid Baroudi a donné du plaisir, mais aussi du travail aux photographes présents, en occupant la totalité de l’espace scénique, en réagissant avec le public, en dansant avec les bambins sur scène et en prenant plaisir au milieu de la fumée artistique et des lumières tamisées. L’artiste a poursuivi son show en interprétant d’autres chansons avant de rechanter une dernière fois Caravane To Baghdad, avec tout le public debout et devant une scène qui bougeait aux rythmes des nombreux danseurs.
Approché à l’issue du spectacle, Hamid Baroudi a précisé que l’Algérie a plus que jamais besoin de ses enfants. Il a précisé que son devoir d’artiste fait en sorte qu’il est dans l’obligation de chanter avec ses compatriotes et pour eux.
Et du folk avec Samira Brahmia
La première partie du spectacle a été assurée par la talentueuse Samira Brahmia à la voix suave, et qui a gratifié le public de plusieurs chansons dans le registre folk.
Avec seulement sa guitare entre les mains, la première chanson a plongé l’assistance dans un moment de méditation, en interprétant Haramtou bik nouassi, chanson tirée du patrimoine algérien qui a agréablement enchanté le public. Ayant un sens de l’humour très développé, la chanteuse a communiqué avec son public qui a réagi positivement à chacune des phrases lancées par des commentaires et des applaudissements.
Samira Brahmia a chanté avec émotion plusieurs titres, à l’exemple de Fabuleux destin ou Rockson, elle qui chante en arabe dialectal, en amazigh, en français et en anglais pour traiter des sujets sociaux, inscrite dans le registre folk, musique populaire des États-Unis qui trouve un grand succès auprès des souffrants, des simples citoyens, mais aussi des mélomanes qui apprécient la musique authentique.
Auteur de cinq albums, l’artiste prépare un sixième qui promet des surprises. Elle a tenté sa chance dans l’émission The Voice, émission de télé-crochet musical diffusé sur TF1. Samira Brahmia a chanté, au grand bonheur des présents, vendredi soir à la salle Ibn Zeydoun, a capella à la fin de son spectacle, Ana touiri de Fadéla Dziria. Silence au début sidéral non durable du moment où toutes les femmes présentes ont poussé des youyous. Fabuleux !
Kader Bentounès