Si la Gendarmerie nationale se voit contrainte de changer son plan sécuritaire et de s’adapter face au développement de la criminalité organisée, les trafiquants de drogue accroissent leurs activités.
La preuve, en trois jours, 6 tonnes de cannabis, destinés à des pays voisins en passant par l’Algérie, ont été saisies lors de deux importantes opérations. En trois mois, les unités de la gendarmerie de l’Ouest ont récupéré 12 tonnes de kif traité. Décryptage d’une menace qui se profile à l’Ouest. Les narcotrafiquants de drogue, qui arborent leurs déterminations diaboliques de faire de l’Algérie un marché et un itinéraire de transition indispensable pour écouler la drogue, tentent de plus en plus d’acheminer des convois remplis de cannabis. Béchar, Saïda, Naâma, Tlemcen, Mascara, Oran et Tindouf, sont autant de voies empruntées par les transporteurs de drogue. Leurs fournisseurs en ont fait leurs plaques tournantes. Les réseaux de trafic n’ont aucun intérêt à laisser le marché algérien, car il s’agit d’un pays très important pour ces derniers. Le 1er janvier de cette année, cinq trafiquants ont été arrêtés par les garde-frontières du 1er GGF relevant de la Gendarmerie nationale, lorsqu’ils tentaient de faire passer 5 tonnes de cannabis, en prenant les routes de Tlemcen vers les frontières du sud du pays. Toutefois, la vigilance des GGF a permis de déjouer la tentative, en procédant à l’arrestation des 5 trafiquants et la saisie des 50 quintaux de kif traité. Le même coup a été répété, le 17 avril courant, cette fois à Saïda. Ici, 50 quintaux de kif traité ont été récupérés par les gendarmes de Saïda suite à des renseignements parvenus à la brigade territoriale de la Gendarmerie nationale. Des renseignements qui révèlent une tentative d’acheminement d’une grosse quantité de cannabis, enfouie dans un camion et qui transitera via la voie routière de Saïda. Suite à ces informations, les gendarmes avaient mis un dispositif sécuritaire très impressionnant, en bouclant toutes les issues de la ville et surtout, en mettant des points de contrôles inhabituels. Grâce à ce plan, le camion de marque Isuzu a été localisé sur l’axe routier de Boubeker, à bord duquel un trafiquant conduisant l’engin a été arrêté et les 5 tonnes de cannabis, cachées sous des centaines de kilos d’oignons ont été découverts. De mal en pis, les tentatives des réseaux de trafic ne s’arrêtaient pas là, puisque trois jours après l’opération de «Saïda», un autre semi-remorque bourré de 10 quintaux de drogue a été repéré du côté de Naâma. Cette affaire remonte à quatre jours seulement. Les 1000 kg de cannabis ont été soigneusement dissimulés par les trafiquants sous le camion et il était pratiquement difficile de les repérer, toutefois, l’expérience des gendarmes a fini par être payante. La tonne de drogue a été découverte par les gendarmes. En tout, en trois mois, on est déjà à 12 tonnes de drogue saisies à l’Ouest.
Le tsunami de drogue et la période électorale
Croyant que la vigilance des services de sécurité allait baisser, surtout avec la période de la campagne électorale, les réseaux de trafic de drogue ont triplé leurs activités afin de profiter de cette conjoncture. Une certitude qui semble jouée con-tre eux. La preuve, les saisies se sont succédé ces dernières semaines et par des tonnes. Cela confirme surtout que le dispositif sécuritaire mis en place par le Commandement de la Gendarmerie nationale est efficace, malgré quelques petites fuites qui sont enregistrées ici et là. Toutefois, les gros morceaux de kif traité sont récupérés. Selon le Commandant Sebti Mohamed El Hadi du Groupement de la Gendarmerie nationale d’Oran, les réseaux de trafic de drogue ciblent, très particulièrement, l’ouest et le sud-ouest du pays, afin de parvenir à acheminer les grosses quantités vers des pays voisins. D’ailleurs, 50% des tonnes de drogue qui entrent en Algérie partent vers les pays voisins et 50% restant sont destinés au marché algérien. Alors qu’il y a dix ans, les réseaux de trafic avaient considéré l’Algérie comme un pays transitaire de drogue. Cette transformation de données s’explique par le fait que l’Algérie est devenue un pays de consommation de cannabis et voilà le danger. Sur ce plan, il est important de rappeler que plus de
1 million d’Algériens consomment, aujourd’hui, le kif traité venu du Maroc (premier pays producteur au monde avec 100 millions de tonnes par an). L’avis de cet expert et gendarme est partagé avec le Colonel Aouragh Ouenas, Commandant du Groupement de la Gendarmerie nationale d’Oran. Ce dernier avait expliqué à son tour, lors d’une conférence de presse animée au Groupement de la GN que l’Algérie est particulièrement ciblée par les narcotrafiquants. Ces derniers ont triplé leurs activités visant l’Algérie.
Par Sofiane Abi