Alors que la campagne présidentielle battait son plein, la ville de Manosque, dans les Alpes-de-Haute-Provence, fut le théâtre en mars dernier d’une violente agression raciste commise par un homme de 68 ans, sans doute galvanisé par la tragi-comédie politicienne qui se donnait alors en spectacle, mettant en scène la lepénisation en marche de la France, et la droitisation de Sarkozy arrivée à un point de non retour.
Bras armé de sa propre islamophobie dans un contexte national inflammable, propice à toutes les dérives et exactions, le Manosquin, chauffé à blanc, s’est déchaîné verbalement et physiquement contre un jeune garçon de 14 ans dont le seul crime était de porter un T-shirt à l’effigie du drapeau algérien. Grièvement blessé, l’adolescent, soumis à un traitement médical lourd, a subi une opération chirurgicale très délicate, qui n’est pas sans séquelles.
La justice a enfin rendu son verdict, mais la clémence l’a emporté sur la peine d’un an d’emprisonnement ferme requise, le 20 septembre dernier, par le Parquet, pour un acte qualifié de « raciste ». Echappant à l’incarcération, l’homme n’a finalement écopé que de six mois de prison avec sursis, et n’est condamné qu’à verser des dommages et intérêts à sa jeune victime, dont une provision de 1 000 €, dans l’attente de l’expertise psychologique et physique de l’adolescent qui déterminera le montant final du dédommagement.
Par ailleurs, il devra s’acquitter de la somme de 800 € envers chacune des associations, SOS racisme et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), qui s’étaient constituées partie civile.
Dans la France de 2012, un homme qui a largement dépassé l’âge de la retraite, mais sans atteindre celui de la sagesse, s’autorise à jouer les justiciers d’un nouvel ordre européen, au point de piétiner les libertés individuelles fondamentales d’autrui et de s’en faire le plus sinistre tortionnaire. Si ça ce n’est pas un récit d’épouvante qui devrait glacer le sang de la République, ou à tout le moins provoquer un électrochoc national, on se demande, hormis les épouvantails fabriqués de toutes pièces dignes d’Halloween, ce qui peut encore l’émouvoir !