Le conflit Tripoli-Benghazi, qui est déjà vieux de six mois, finira-t-il par devenir régional ? L’Otan, qui est divisée sur la conduite à suivre, y serait tentée pour faire oublier que Mouammar Kadhafi est toujours là.
Les rebelles, dont le souffle serait retombé depuis que la crédibilité du CNT – un patchwork d’anciens apparatchiks du régime, d’islamistes, de technocrates – est en question aussi.
«Nous disposons d’informations selon lesquelles l’Otan planifie des bombardements intensifs sur Ras Jedir, un point de passage pour des milliers de Libyens, dont des femmes et des enfants, afin de donner l’occasion aux bandes armées rebelles, dont certaines sont positionnées en Tunisie, d’entrer en territoire libyen», déclare Moussa Ibrahim, le porte-parole du gouvernement libyen qualifiant de «très dangereuses» ces intentions.
«En le bombardant, l’Otan commettra un nouveau massacre», dit-il souhaitant que la Tunisie ne se transforme pas en point de départ de l’agression sur la Libye. Moussa Ibrahim, qui a lancé, hier, pour la énième fois, un «appel aux organisation internationales et aux médias» pour «mettre à nu les complots qui se trament contre la Libye», accuse Tunis de fermer les yeux sur un trafic d’armes «qataries» depuis le point frontalier de Dhehiba (200 km au sud de Ras Jedir) destinées aux rebelles du Jebel Nafoussa, au sud-ouest de Tripoli. Les rebelles, qui seraient à Zaouïah, une ville située à 50 km à l’ouest de Tripoli, sur la route côtière qui mène à la Tunisie, tiennent un autre langage.

Ils menacent de lancer une offensive pour couper cette route, l’un des derniers liens entre Tripoli et le monde extérieur, et prendre possession de la raffinerie de cette ville, la seule encore en activité dans l’ouest libyen. Durs combats en perspective pour le contrôle de cette raffinerie dont dépendent les forces de Kadhafi pour leur ravitaillement.
L’Otan dit surveiller de près ce «contact» entre les pro et les anti-Kadhafi qui bénéficient pour la circonstance d’une couverture aérienne et d’un appui militaire pour «avancer». Jusqu’où ? Nul ne le sait. Nicolas Sarkozy, l’architecte de l’intervention militaire en Libye qui a fait, depuis le 19 mars dernier, des milliers de morts civils, n’a-t-il pas assuré vendredi que la France irait «jusqu’au bout de sa mission» ? Une mission qui pourrait vite ressembler à un enlisement à l’irakienne, voire à une multiplication d’îlots djihadistes qui pourraient menacer la stabilité de l’Afrique du Nord et du Sahel.