Six groupes se disent décidés, Pour la reconquête de Gao

Six groupes se disent décidés, Pour la reconquête de Gao

Six mouvements d’autodéfense maliens ont créé les Forces Patriotiques de Résistance et veulent engager la reconquête du nord sans attendre l’armée malienne. Signe d’impatience alors qu’au nord, à Gao précisément, on fait état de l’arrivée de nouvelles recrues pour le «djihad» qui sont enrôlées par le Mujao.

Les observateurs restent prudents pour savoir si la création des «Forces patriotiques de résistance» (FPR) regroupant six mouvements politico-militaires d’autodéfense maliens annonce l’émergence d’un nouvel acteur malien décidé à aller contester la suprématie des islamistes djihadistes sur le nord du pays.

Les représentants de ces mouvements, issus pour la plupart de la région de Gao (nordest) tombée entre les mains du Mujao qui en a expulsé les rebelles du MNLA, se disent décidés à aller à la «reconquête» du nord par les armes.

Ces mouvements paraissent avoir perdu confiance dans une riposte rapide de l’armée malienne, en état de déconfiture, pour mener une reconquête rapide du nord du Mali tombé entre les mains d’Ançar Eddine et des mouvements djihadistes, Aqmi et Mujao.

L’un des membres de cette nouvelle alliance, Harouna Touré, a laissé entendre, dans une déclaration à Radio France International, que le FPR n’attendait pas l’armée pour engager la «reconquête» du nord du pays. «L’armée malienne prend trop de retard» a-t-il déclaré. «Notre objectif, c’est de libérer le nord du Mali, et nous le pouvons. Nous avons des hommes, nous avons la volonté, nous avons du coeur. Nous avons les armes (…)

C’est maintenant : nous sommes prêts à le faire, et nous sommes en train de le faire». Le FPR prétend disposer de «milliers d’hommes» et certains «sont actuellement en formation dans nos bases à Sévaré», dans le centre du Mali, a affirmé Touré. Il est difficile de vérifier ces informations mais il existe bien des lieux où des jeunes Maliens reçoivent une instruction militaire.

NOUS IRONS AVEC OU SANS L’ARMÉE

Le FPR ambitionne de mettre en place, dès aujourd’hui, un état-major à 600 km au nord du Bamako, soit au plus près possible des régions du nord qu’il escompte reconquérir. Le FPR est composé de groupes d’autodéfense qui ont déjà guerroyé contre la rébellion targuie.

On y retrouve des représentants des Forces de libération des régions nord du Mali (FLN), des milices Ganda-Koy et Ganda-Izo, l’Alliance des communautés de la région de Tombouctou (ACRT), la Force armée contre l’occupation (FACO) et le Cercle de réflexion et d’action (CRA). «Nous irons avec ou sans l’armée malienne. Nous allons défendre notre territoire, nos parents assiégés», a indiqué Amadou Abdoulaye Cissé, leader du FLN.

Il est difficile de prévoir l’impact de l’émergence de ce nouveau front, mais il traduit bien l’état d’impatience de la population au sud du pays alors que la transition se met laborieusement en place à Bamako sous l’impulsion d’un ultimatum de la Cédéao qui a exigé la formation d’un gouvernement d’Union nationale avant le 31 juillet.

Le Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, qui détient formellement les rênes en l’absence prolongée du président malien par intérim Dioncounda Traoré, en convalescence à Paris depuis le 23 mai après une violente agression dans son bureau de Bamako, a promis d’accélérer le mouvement.

Il a promis un «cadre consultatif comprenant toutes les forces vives» dans les jours à venir, en vue d’un gouvernement d’union nationale. La Cédéao veut unir toutes les forces du pays et rétablir la situation à Bamako comme prélude à une éventuelle reconquête du nord.

Tout en se disant ouvert «à la négociation» avec certains groupes, M. Diarra a affirmé que le Mali préparait «minutieusement l’option militaire» par «une réorganisation de la chaîne de commandement » de l’armée, «l’équipement, la formation» et «la motivation » des soldats. A Bamako, un recensement a été entrepris pour radier les «déserteurs», c’est-à-dire les anciens rebelles touareg intégrés dans les corps de sécurité en application d’accords de paix.

DES CENTAINES DE JEUNES AFRICAINS POUR LE MUJAO

Le communiqué du ministère de la Défense ne donne pas d’indication sur le nombre de militaires radiés et leur corps d’origine. Il semble écarter toute idée d’alliance avec les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) pour combattre les islamistes qui contrôlent actuellement le nord du pays.

Sur l’aspect militaire, il faut noter qu’une mission technique composée de militaires hauts gradés et d’experts de l’Afrique de l’Ouest, de l’Union africaine et des Nations unies s’est rendue à Bamako pour évaluer la situation sécuritaire et les conditions de l’envoi d’une éventuelle force militaire dans le pays. Cette mission d’audit doit faire une évaluation sur l’envoi d’une force de la Cédéao.

Elle doit rendre ses conclusions à la Commission de la Cédéao et au Conseil de sécurité de l’ONU qui détermineront alors la meilleure option. Signalons pour compléter le tableau, des informations faisant état de l’arrivée de centaines de jeunes Africains en renfort aux djihadistes à Gao.

200 jeunes auraient été enrôlés en moins de deux jours par le Mujao et sont regroupés dans deux camps pour recevoir une formation militaire et religieuse. «Il y a ici des Maliens, des Somaliens, des Ivoiriens, des Sénégalais, des Ghanéens, des Gambiens, des Mauritaniens, des Algériens, des Guinéens, des Nigériens, il y a tous les musulmans ici» a déclaré un membre du Mujao.

Salem Ferdi