Six députés quittent le bloc Nidaa Tounès: Tant va la cruche à l’eau…

Six députés quittent le bloc Nidaa Tounès: Tant va la cruche à l’eau…

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Voici une semaine, Youssef Chahed, accusé de tous les maux et auquel on reproche une opération «mains propres» contre la corruption qui mine les efforts de son gouvernement, a jugé nécessaire de clarifier la donne.

Comme le veut Dame nature, l’érosion agit toujours lentement et sûrement. C’est ce qui semble caractériser le parti,politique Nidaa Tounès, fondé en 2014 par le candidat Béji Caïd Essebsi qui, soutenu par Ennahdha de Rached Ghannouchi a récupéré l’élan né de la révolution de 2011 pour, à la fois, tenter la nouvelle expérience de la «démocratie à la tunisienne» et, en même temps, réhabiliter un certain pan du courant du néo destour. Sauf que, depuis la désignation de Youssef Chahed comme chef du gouvernement et l’arrivée impromptue de Hafedh Caïd Essebsi comme directeur exécutif de Nidaa Tounès, les tensions sont vives.

En 2016, il y eut déjà l’épisode Mohsen Marzouk, parti avec armes et bagages, fonder un autre parti, non sans avoir dénoncé l’opération main basse de HCE sur le parti. Nombre de caciques de l’ancienne famille dirigeante, sous Zine el Abidine Ben Ali, ont suivi Marzouk, au grand dam du chef de l’Etat qui n’en a pas tiré les enseignements utiles.

Lorsque les ambitions de Chahed se sont télescopées avec celles de son propre fils, il a pris la mesure des enjeux, se défendant, d’abord, de pencher pour l’un ou pour l’autre, avant de faire contre mauvaise fortune bon coeur et d’apporter un appui manifeste à son héritier légitime.

Voici une semaine, Youssef Chahed, accusé de tous les maux et auquel on reproche une opération «mains propres» contre la corruption qui mine les efforts de son gouvernement, a jugé nécessaire de clarifier la donne.

Il s’est publiquement mis en réserve de la prochaine élection présidentielle, conformément au gage qu’il aurait, dit-on, donné à Ennahdha en échange de son appui au sein de l’Assemblée des Représentants du peuple (ARP). C’était là couper l’herbe sous les pieds de HCE qui n’a eu de cesse de dénoncer une ambition désormais évanouie.

Chahed a été lapidaire, néanmoins, dans l’entretien accordé à la télévision tunisienne, quand il a constaté que «Nidaa Tounes n’existe plus», dans sa version originelle si l’on comprend bien le message. Il se justifie par le fait que le parti n’est plus que l’ombre de lui-même, soumis aux appétits féroces de prébendiers et de «corrompus qui ferraillent contre sa politique de moralisation de l’économie et de la société».

Le fait est que la chute de Nidaa se poursuit inexorablement car, mardi dernier, six députés ont claqué la porte d’un parti où ils se sont retrouvés embarqués par la fusion conclue avec l’Union patriotique libre.

Le bloc parlementaire de Nidaa Tounès qui comptait 86 élus, au lendemain des législatives de 2014, n’a plus désormais que 46 députés et rien ne dit que la saignée soit tarie. En octobre, l’UPL qui fusionnait avec Nidaa s’en prenait violemment à Youssef Chahed et réclamait son départ, assorti d’un changement radical de l’équipe gouvernementale, confortant les voeux de HCE. Mais plusieurs de ses élus avaient déjà manifesté leur réprobation et averti des risques que cela ne manquerait pas d’entraîner.

Et ce qui devait arriver arriva puisque la Coalition nationale, créée par Youssef Chahed, composée d’indépendants, a depuis accueilli des dizaines de démissionnaires de Nidaa Tounès, Machroü Tounès et, aujourd’hui, de l’UPL, au point de se positionner comme le second parti tunisien derrière… Ennahdha.