ALGER – « La nuit du conte africain » a réuni pour sa deuxième édition à Alger, six conteurs, qui ont fait voyager samedi, le public, peu nombreux, à travers des contes ancestraux de différentes régions du Continent africain, judicieusement adaptés à la réalité d’aujourd’hui.
Accueillie à l’Opéra d’Alger « Boualem-Bessaïh », la soirée a commencé par la projection d’une série d’images de travailleurs africains au contact de la terre, puis, d’une vidéo montrant un orchestre symphonique dans un grand auditorium, exécutant la chanson, « Africana », dont la musique a été composée par le jeune maestro Salim Dada, sur un texte chanté en anglais, en français et en arabe, du ministre de la Culture, Azzeddine Mihoubi.
« Nous sommes des travailleurs africains, nous sommes de couleur terre », pouvait entendre chanter le public, sur un air de musique plaisant, aux gammes pentatoniques.
Au tour de la troupe folklorique constantinoise de musique diwane, « Wesfane Dar Bernou », d’apparaître de manière spectaculaire, car comme sortie du sol, sur une scène amovible remontée, six membres, représentant une « tradition familiale ancestrale » qui existerait depuis « le XIII Siècle », selon le doyen, Maâlem Mustapha Soffa, ont fait bonne impression.
Orchestre de percussion et de voix soutenant le chant et le son du goumbri, l’Ensemble constantinois a, dès son entrée, enflammé la salle avec des pièces envoûtantes, aux cadences ternaires, auxquelles le public n’a pu résister, cédant vite au relâchement, à l’image de Dina et Amira, deux jeunes femmes venues en famille, qui se sont livrées, tête pivotante et chevelure en l’air, à quelques tours de danse dans le genre « Jdib ».
La troupe folklorique a brillamment rendu, entre autres pièces, en alternance avec les différents contes, « Bernou djit merzoug », « El aâdjmi », « Roi » et « Boussaâdia », au plaisir d’un public conquis qui a beaucoup interagi avec les six conteurs.
L’Ivoirien, Adama Adepoju, ou le « Taxi conteur », premier à inviter l’assistance à monter dans sa voiture, à condition de bien saisir le message de son conte, « Célébrons l’eau », une histoire ancestral de Côte d’Ivoire, réadaptée, pour dire, selon le conteur, « l’eau, c’est la vie ».
La Tunisienne, Raïda Guermazi, prenant le relai, a déclamé dans un ton comique, « Mneïra wel meziane », ou la révolte de l’âne, un conte traditionnel à plusieurs morales, gardant d’abord chaque spectateur de se considérer « omniscient » et concluant par rappeler qu’un peuple « cultivé », ne peut être à la « botte d’un dictateur ».
Chyc Polhit du Gabon est venu avec, « Baba Yagagogo », ou l’histoire de la tortue qui voulait savoir si elle était un animal « terrestre » ou « marin », et qui, pour s’identifier, lancera un défi à la baleine et un autre à l’éléphant, pour prendre, à l’issue des épreuves, le dessus sur les deux animaux et se voir consacrée, « Reine de la terre et de la mer ».
L’Egyptienne Arfa Abderassoul, est intervenue très brièvement pour raconter une partie, sur les quatre de, « Hikayet bint el bakkal » (histoires de la fille de l’épicier), résumant à l’ »humanisme universel », la morale de sa prestation.
Jorus Mabiala du Congo Brazaville, canne à la main, a rendu au public, « On va manger le lion », une histoire qui invite à avoir « les moyen de sa politique » et qu’il ne faut jamais, a-t-il expliqué selon un vieil adage du pays qu’il représente, » cuire les patates, tant qu’on a pas encore attrapé le lion ».
L’Algérienne Naïma Mehaïlia, qui, au début, est monté sur scène pour déclamer quelques « bouqalet », est revenue à l’issue de la soirée vers son public pour partager avec lui, « Sabra et le lion », un conte ancestral algérien qui met en garde contre les offenses que peuvent causer les mots émanant d’intentions malsaines.
Usant de métaphores dans un ton de dérision et un jeu comique, les six conteurs ont narré des contes où la morale était transmise par des personnages animaliers.
En présence de la ministre de l’Environnement et des Energies renouvelables, Fatma Zohra Zerouati, le public a longtemps applaudi les six conteurs, présents à la deuxième nuit du conte africain qui se poursuit dimanche, avec l’ »Amour » comme thème de la deuxième journée.